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réponse au questionnaire:

Je t'avoue que j'étais quand même encore assez perplexe. Je veux dire, sur le coup j'avais trouvé ça marrant cette histoire d'invitation anonyme, surtout quand j'avais réalisé que Jax en avait reçu une aussi, et rien que pour le pousser à y aller j'avais du me résoudre à en faire de même ... Même si j'avais moyennement confiance. Je veux dire, je n'avais jamais eu besoin de l'aide de qui que ce soit pour faire des rencontres, qu'on se le dise, et en ce moment particulièrement j'étais dans ce genre de situation délicate, car compliquée, à laquelle je n'avais pas spécialement besoin de rajouter un mystère supplémentaire. Mais soit, il était peut-être temps que j'applique mes propres conseils et dans le cas présent il s'agissait d'avoir dit à Jax que se changer un peu les idées ne pourrait pas lui faire de mal, et qu'après tout une invitation anonyme n'engageait à rien du tout. Au pire si ce n'était qu'une vaste arnaque je pourrais toujours le trainer dans un bar boire un verre, pour lui faire oublier qu'il passait son quatorze février tout seul ... Parce que Jax était ce type de mec qui devait désespérer de ce genre de chose. Moi, je crois que sans cette invitation j'aurais même oublié avec quoi rimait le quatorze février ... Je veux dire, tu connaissais mon avis sur le romantisme à trois dollars cinquante. Je crois que c'était même la première fois depuis que j'étais pompier que je n'étais pas de permanence ce soir-là, d'ailleurs ... Généralement les célibataires endurcis s'arrangeaient toujours pour laisser leur soirée de libre à ceux qui étaient casés ou faisaient semblant de l'être, enfin bref. J'avais hésité un moment entre prendre ma voiture ou me rendre au lieu de rendez-vous à pieds, mais puisque je ne quittais pas le quartier je me disais que la voiture était superflue. Il faisait bon, en plus de ça, et si j'avais tout de même enfilé mon blouson en sortant c'était plus machinalement que par besoin. Vingt minutes de marches avaient été suffisantes pour parcourir la distance entre le loft et Community Park, aussi c'est sans me presser et les mains dans les poches que j'avais pénétré dans le parc, marchant jusqu'à la fontaine au centre des étendues de verdure. C'était là que nous avions rendez-vous, moi et ... Quelqu'un. Je crois que c'était ce qui me perturbait le plus, de me dire que j'attendais tout bonnement quelqu'un que je n'avais jamais vu, dont je ne connaissais rien, pas même le prénom. Comment étions-nous censés nous trouver ? J'observais à la dérobée toutes les personnes qui passaient dans le coin, des mamans avec leurs enfants, des couples qui trainassaient en se tenant la main, un groupe de garnements à vélo ... Lâchant finalement un soupir, je m'étais assis sur le bord de la fontaine, laissant le bout de mes doigts glisser à la surface de l'eau. C'était vraiment ridicule, je ne savais pas ce que je foutais là, ce qui m'avait pris de venir ... J'avais même amené une fleur. Tu le crois ça, une fleur. Un hibiscus si tu tenais à le savoir ... Je n'avais pas grand mérite, il y en avait plusieurs plants à l'entrée de l'immeuble. Mais c'était l'intention, tu vois ... Et puis, j'aimais bien ces fleurs, nous en avions deux buissons devant la maison à Costa Mesa, leur odeur avait un parfum d'enfance, du coup. Bon allez, j'arrêtais là avant que tu ne t'imagines que je virais sentimental. D'ailleurs, une nana avançait à ma rencontre, et me fixait depuis plusieurs secondes ; Me levant à mon tour, j'avais attendu qu'elle arrive à ma portée pour demander « L'inconnue de l'invitation ? » et comme pour prouver mes dires j'avais sortit mon propre carton d'invitation, jusque là coincé dans la poche arrière de mon jean. Je t'avoue que de commencer par une question avait un double but, déjà je voulais savoir la réponse ... Et puis, tu me connais, j'étais joueur, et la mention du ni oui ni non sur l'invitation attirait forcément mon attention. Je pourrais te dire que je n'avais pas joué à ça depuis, oh ... au moins quinze ans ? Mais la vérité c'était qu'en m'occupant de gosses sur mon temps libre j'avais usé mon lot de jeux enfantins pour les tenir un peu tranquilles. « Pendant un moment j'ai bien cru que personne ne viendrait et que ce n'était qu'une mauvaise blague. » avais-je avoué en esquissant un sourire, avant de tendre une main vers la jeune femme dans l'optique d'accrocher ma fleur à un bouton de son blouson. Je ne vais pas te détailler son physique dans les moindres détails, tu t'en fichais je pense ... Mais elle était jolie. De ce genre qui prêtait automatiquement à sourire en posant les yeux sur elle ... A moins que ce soit son sourire à elle qui était communicatif.

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Tu me trouveras cynique si ça te chante, mais je vais tout de même t'avouer que la notion même de Saint-Valentin me faisait doucement rigoler. Et je ne disais même pas ça parce que le romantisme n'était disons pas vraiment ma tasse de thé, simplement je trouvais que du point de vue du couple le quatorze février était d'une hypocrisie sans nom. C'était ce jour de l'année durant lequel les couples mêmes les plus en difficultés tentaient par tous les moyens de faire comme si de rien n'était, et même se cassaient la tête en preuves futiles et outrancières destinées à faire croire à l'autre, mais avant tout aux autres, que l'entente était parfaite. Dans les couples qui allaient c'était plutôt le contraire, tout pouvait se passer à merveille trois-cent soixante quatre jours par an, si le quatorze février monsieur oubliait le cadeau, ou madame était en retard, certains se sentaient prêts à remettre en cause tout ce qui fonctionnait si bien le reste de l'année ... Et tu te demandais encore pourquoi la notion même de couple me faisait tiquer. Je veux dire, y'avait des gens faits pour ça, Jax en était l'exemple parfait, mais y'avait des gens comme quoi qui se persuadaient sans mal qu'être en couple apportait plus de contraintes que d'avantages. Tu vas me dire, je n'avais peut-être pas encore rencontré la bonne personne ... Ou peut-être que si. Mais peut-être que je l'avais laissée partir, ou peut-être encore que je préférais ne pas voir ce qui se trouvait sous mon nez. Paradoxalement en tout cas, c'était dans l'idée de penser à autre chose que j'avais rejoint le lieu où je ne sais qui m'avait supposément donné rendez-vous ; J'aspirais à une soirée sans prise de tête à vrai dire, mais tu me connais, c'était ce à quoi j'aspirais chaque jour que dieu faisait. Je n'avais en tout cas pas eu à attendre longtemps avant de découvrir l'identité de la mystérieuse personne avec qui j'étais supposé passer le reste de la journée ... Ou disons plutôt la soirée, puisque la fin d'après-midi était déjà bien entamée. J'avais demandé confirmation de l'identité de la jeune femme tout de même, au cas où, mais son « Sans aucun doute. » m'avait satisfait autant qu'il m'avait amusé. Un simple oui ou non aurait bien entendu été trop beau, si elle était aussi joueuse que je pouvais l'être, même avec les jeux les plus ridicules. « C’est gentil. » avait-elle en tout cas ajouté tandis que je décorais sa boutonnière de la simple fleur que je tenais à la main. « Elle est magnifique. C’est un hibi … désolée je prononce mal, je suis française … » m'avoue-t-elle enfin, m'arrachant un léger rire tandis que je lui accorde « Un hibiscus, c'est ça. » Française ? Je devais bien t'avouer que ce n'était pas la nationalité que j'aurais imaginé en la voyant arriver, mais enfin ... Maintenant qu'elle le disait, il est vrai qu'elle avait ce je ne sais quoi dans l'accent qui rappelais les jolies françaises que l'on voyait parfois à la télévision. Je lui avais en tout cas confié non sans humour que j'avais un temps cru à une mauvaise blague ... Mauvaise dans le sens où cela m'aurait fait perdre mon temps, bien que je n'ai pas prévu grand chose d'autre de ma soirée. J'aurais probablement pu me contenter le cas échéant d'une soirée pizza - jeux vidéos en attendant que Jax rentre ... ou ne rentre pas, d'ailleurs. « Vous n’êtes pas le seul alors. Je suis Lilas enchantée. Navrée de ne pas être une mauvaise blague. » A mon tour de laisser échapper un éclat de rire, parce qu'en lieu et place d'une mauvaise blague je me retrouvais finalement face à une jeune femme qui semblait ma foi sympathique ... Je me demandais si elle avait une idée de qui nous avait fait parvenir cette invitation, d'ailleurs. « Lilas, un nom de fleur à nouveau, décidément. » avais-je répondu en lui adressant un sourire, avant d'ajouter « Sandro. Et rassure-toi tu me fais bien meilleur effet qu'une mauvaise blague. » C'était épatant cette manière dont à force d'utiliser ce diminutif comme s'il s'agissait de mon prénom, j'en venais parfois à oublier qu'il ne s'agissait en fait que de ça, un diminutif. Mais d'aussi loin que je me souvienne il n'y avait jamais eu que mon père et sa mère à lui pour m'appeler par mon prénom ... Et c'était bien suffisant, je vais t'avouer. Sandro c'était plus passe-partout, c'était plus court ... C'était plus simple, voilà tout. « Tu n'as aucune idée de qui a bien pu nous envoyer ces invitations, à tout hasard ? » avais-je en tout cas fini par lui demander, parce qu'au fond qui ne tente rien n'a rien comme on dit, et cela ne coûtait rien de poser la question. D'autant plus que ne t'étonnerais pas en t'avouant que je doutais très fortement de l'existence d'un Cupidon en culotte courte décidé à répandre amour et bonne humeur dans les rues de San Diego ou d'ailleurs.

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