IT'S A BAD RELIGION TO BE IN LOVE WITH SOMEONE WHO COULD NEVER LOVE YOU
LIEN AVEC TRAVIS SEVERIDE
He loves her, and she loves him. Travis… Le mec super populaire dont tout le monde parle, mais dont je ne vois pas vraiment l’intérêt. Enfin, il est canon, oui, mais après... Sans plus. Il est beau parleur et il fait craquer la moitié des filles de cette école. Chaque fois qu’une cheerleader niaise s’approche de lui et lui fait un clin d’œil, il lui renvoie la pareille comme si c’était une promesse de quelque chose. Qui aurait envie d’être avec quelqu’un comme ça, honnêtement ? Eh bien… Moi. Ça doit faire six mois que je suis ici maintenant et il a été la première personne à m’adresser la parole sans nécessairement me poser des milliers de questions sur le fait que j’aie deux ans de moins que tout le monde de notre année et je dois admettre que plus on passe du temps ensemble, plus je craque. Je fonds, je deviens énergie quand il vient me voir à mon casier le matin et qu’il met son bras autour de mon épaule quand on marche dans les couloirs pour aller en classe. Évidemment, je me tape tous les regards meurtriers des pétasses de ces sieurs, mais tant que je suis dans les bras de Travis, ça m’importe peu. « Hadleeeeyyy ! » Je sursaute, mes livres s’effondrent sur le sol et je me penche pour les ramasser. Travis est près de moi en quelques secondes et m’aide. « Ce soir y’a une fête chez Maddie et Olivia, tu m’y accompagnes ? » Maddison et Olivia Schneider, les jumelles les plus garces de l’histoire de l’humanité. « Euh… » Si je dis non, il va penser que je le plante. Si je dis oui, je vais devoir me taper des gens louches et complètement bourrés toute la soirée. Quelle merde… « Ouais… J’dois demander à mes parents. » Parce que ouais, une fille de 16 ans peut pas faire grand-chose sans la permission de ses parents, la poisse ! « J’suis sûr qu’ils diront oui… J’viendrais te chercher et j’leur demanderais moi-même, j’dirais qu’on va chez un pote étudier. » Bon plan, excellent même, beaucoup de chances que ça fonctionne. « Okay… » Et comme ça, je serre mes livres contre ma poitrine et respire son parfum alors qu’il s’éclipse parmi la foule pour aller à son cours de chimie.

Let the games begin. « Je t’aime Ley. » Je regarde Travis dans les yeux et lui fous une droite avant de réagir convenablement. « T’es complètement bourré ! » J’apporte une main à ma bouche et le regarde avec des yeux écarquillés. « J’suis désolée ! » Il passe une main sur l’endroit où je l’ai frappé, puis plante son regard dans le mien avant de me plaquer contre et de tenir mes bras de manière à ce que je ne puisse pas les bouger. « T’as trop bu, ça doit être ça… C’est définitivement ça ! Tray, je… » Ses lèvres se posent violemment sur les miennes avant que j’aie le temps de terminer ma phrase. Travis m’embrasse et plus les secondes passent, moins je deviens résistante. Ses mains lâchent mes bras et entourent ma taille pour me resserrer contre lui et je perds toute notion sensée. Je l’enlace contre moi à mon tour et le retiens du mieux que je peux pour faire durer le baiser. Après plusieurs instants, je romps tout contact, complètement à bout de souffle. Je sais pas quoi dire, alors je me contente de lui tourner le dos et d’appuyer mes mains contre le mur. Je soupire longuement, tentant de comprendre ce qui vient de se passer. Putain, Travis m’a embrassé et tout le monde nous a vus. Lundi, ça va être ma fête au lycée, je le sens… À moins que je fasse comme si de rien n’était, comme ça j’aurais la paix et j’pourrais le blâmer sur le fait qu’il ait trop bu et que euh… Ouais, dans ce cas-là, on va me demander pourquoi ça a duré plusieurs minutes, je répondrai que euh… Fuck ! Je répondrais rien du tout. Rien de tout ça n’est arrivé. « J’dois y aller, bonne soirée. » Je me faufile rapidement à travers la foulée de saoulons présents et je rentre chez moi en quatrième vitesse. « Hadley, comment s’est passé ta soirée d’étude ? » Me demande ma mère. « Hm, bien. Bonne nuit maman. »

Les deux semaines suivantes, j’ai tout fait pour éviter contact avec Travis. Chaque fois qu’il a appelé, j’ai laissé sonner ou j’ai tout simplement répondu et raccroché. J’ai prétendu que c’était le stress des examens à venir, mais c’était n’importe quoi. Tout pour éviter de repenser à ce qui s’était passé. Ce que je sais qu’il m’a dit sous l’influence de l’alcool. Un soir il a débarqué devant chez moi et m’a menacé de réveiller mes parents si je sortais pas lui parler. J’suis sortie, on a parlé, il m’a embrassé de nouveau et m’a dit que ce qu’il avait dit à la fête, c’était vrai. Qu’il n’avait pas eu le courage de le faire sobre, mais qu’il était sérieux. Je lui ai dit que je l’aimais aussi et que s’il me demandait de l’épouser, je le ferais. Évidemment, toute belle histoire prend fin. Un an, un an de relation, une année merveilleuse, la meilleure de ma vie. Ma première relation sexuelle au milieu de cette année, mon premier joint, mon premier verre d’alcool. Travis a été là pour toutes mes premières fois… Jamais j’aurais cru qu’il serait l’auteur de ma première humiliation publique. Un pari stupide lancé par des potes. Un pari qui a brisé notre relation, qui a fait que tout ce qu’on avait bâti en tant qu’adolescents jeunes et cons s’envole en quelques minutes. Je l’ai détesté, tellement que j’ai brûlé tout ce qu’il m’avait donné durant ces douze putains de mois de pur bonheur. J’en ai pleuré pendant des mois, mais en cachette. J’ai fini le lycée et je me suis cassée de ce quartier pourri.

Douze ans plus tard, je me retrouve exactement là où tout a commencé, San Diego. Ma vie pendant tout ce temps a été une réussite suivie par un échec total et complet à cause de ma relation maritale viscéralement infecte. Un homme qui frappe une femme n’est pas un homme, il est un raté de la pire espèce et ça m’a pris bien du temps avant de m’en rendre compte, mais j’ai fini par apprendre ma leçon et me défendre. Par l’intermédiaire d’un contact du lycée, je suis revenue m’installer dans la seule ville que j’aie jamais considéré comme mon chez moi et je me retrouve à commencer un nouveau job en tant que secrétaire… Secrétaire de Travis Severide, qui plus est. La rancœur ressentie au lycée ne s’est pas dissipée, au contraire. Je le déteste toujours autant pour avoir brisé l’image d’une vie amoureuse normale que j'aurais pu avoir, mais il ne saura jamais l’étendue de ma plaie. Maintenant que je travaille pour lui, je dois me forcer à sourire, faire semblant que tout va bien alors que c’est le contraire, mais j’ai besoin de ce job, j’ai besoin de repartir à zéro, alors je me tais et j’encaisse.