tu t'ballades sur le port, pour évacuer. sauf qu'on le sait tous, c'est quand on essaie de faire le vide que la tête se remplie le plus. t'avances, george a tes trousses à courir et à sauter comme un débile. faut l'pardonner le gamin, c'est encore qu'un chiot, il a pas toute sa tête. un peu comme son maitre en c'moment. tout va pour le mieux, la boite est en plein essor, l'argent coule presque à flot, t'es content de ta nouvelle baraque mais là-haut là, dans ta caboche, rien n'va plus. tu réfléchis, tout le temps, jour et nuit, tu dors mal et au final, tu sais même pas pourquoi.
tu poses tes coudes sur la balustrade et observe mystérieusement le port, comme s'il allait de donner la réponse. tu soupires, tu sais très bien que la réponse elle est dans ta tête, cachée par là. tu regardes autour de toi, il y a une jeune femme un peu plus loin qui avance vers toi mais tu fais pas trop attention jusqu'à c'que tu captes que tu la connais. et pas qu'un peu.
là, une montagne de questions se percutent dans ton cerveau. tu t'dis "peut-être que j'devrais partir tout de suite", "non affronte-la, t'en as plus rien à foutre". ok, vous voyez l'genre. elle approche de plus en plus. lola? tu sais très bien que c'est elle mais tu joues au con. j'explique : lola, ex-petite amie aux riches parents. des connards ceux-là. ça s'passait bien avec elle mais ils sont venus te voir un matin en voulant échanger argent contre rupture. vous voyez l'truc qui pue. et toi, jeunot qui a besoin de fric, t'acceptes même si c'est à contre cœur. alors tu disparais du jour au lendemain. et là, un soir de semaine, tu réapparais la bouche en cœur et le cul en fleur.

Les palmiers. Le soleil. Tout semble aller de ce coin-là. Et Lola traîne, elle profite du soleil, du climat, du côté agréable du port à cette heure de la journée. Ça la rallonge de bien une demi-heure en plus sur son chemin habituel de passer par là, mais qu’importe. Lola, elle ne va jamais au plus pratique. Elle ne choisit jamais l’option qui fait gagner du temps. Elle préfère regarder la mer sur son chemin avec en bruit de fond des rires d’enfants et l’odeur du large dans les narines. Un truc bien hédoniste quoi. Mais elle est dans son élément et ça lui va, elle marche tranquille sur les bords les yeux un peu perdu dans le vide. Elle réfléchit, des trucs sans importance. Rien n’a jamais d’importance chez elle de toute façon. Puis ses yeux se fixent sur une silhouette connue. Elle est encore trop loin pour bien voir, pour pouvoir reconnaître cette forme familière. Alors elle avance en lui donnant l’ordre dans sa tête de pas partir, parce qu’après si elle ne sait pas, ça va lui prendre la tête pendant un bon moment. Elle se dépêche un peu, elle devrait pas, ça ferait suspect. Ses traits se dessinent, de même que le sourire de Lola. Elie, au final elle n’avait jamais su ce qu’il était devenu. Il a disparu c’est tout. Une rupture comme une autre, Lola en a connu des plus sales. Elle approche en se demandant quels souvenirs il peut bien avoir d’elle, non pas qu’elle y ait pensé ces dernières années mais maintenant, la question se pose. Elle tente de regarder ailleurs, ça ne marche pas vraiment. Elle veut se dire qu’on se souvient d’elle quand même. lola? Et apparemment c’est le cas. Elle s’arrête face à lui avec le sourire bête qui veut dire oui. Et maintenant, elle fait quoi ? Elle le regarde là, la conversation fuse pas. « C’est ça. Je vois que tu te souviens de moi. » Ouais, au final elle aurait du tracer sa route, y’a comme un malaise tout doucement qui s’installe. «Et donc, je t’avais jamais vu ici, tu vas bien ? »