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 les grains de sable de ta peau (soan)

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MessageSujet: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyMer 19 Mar - 17:49

L'astre est haut ; haut et chaud, oui, dans le ciel. Il caresse la peau des gens de ses rayons, dessine des sourires sur les lèvres et efface les nuages, autour de lui. Rafael tend le cou, pour l'observer. Il a son appareil photographique entre ses doigts et cette envie de prendre une photo, d'immortaliser le moment, mais il sait pour l'avoir faire plusieurs fois que la photo ne sera pas aussi belle que la réalité. Il se contente de sourire, alors, avant de baisser les yeux. Dom a eu envie d'aller à la plage, aujourd'hui. Maman aussi, parce que le copain du moment a aimé l'idée. Ils y sont tous, le sourire aux lèvres. Faux pour certains et vrai pour d'autres. Rafael sourit comme il peut, assis sur le sable. Il observe son frère qui, pour la première fois depuis un moment, joue avec sa mère, dans l'eau. Un rictus fin vague sur ses lèvres ; même s'il est heureux pour son frère, il est triste. Triste d'une certaine manière, parce qu'il sait à la perfection que le petit, il va se faire des illusions. Il va croire avec un peu trop d'espoirs que la chose se reproduira et que maman, elle sera plus souvent là. La journée est un miracle pourtant, et les miracles sont rares, surtout avec elle. Il ne croit pas, non, que la suite des choses sera mieux. Un peu douloureuse certainement même, face aux espoirs qui seront écrasés un peu brusquement, suite à ça. Il sourit pourtant, lorsque Dom envoie la main, depuis la plage. Rafael sourit et lui renvoie le geste, oui, tout en maintenant l'illusion. Il n'a pas envie de briser ce en quoi il croit, sur l'instant. Il n'a pas envie de lui voler l'un des seuls instants où il sera comme ça, avec maman.

Il prétexte un creux alors, une envie de promenade, juste pour s'éloigner.
Rafael promet de revenir et prend son appareil photo, avant de quitter le coin familiale et d'aller faire quelques pas, beaucoup peut-être bien, même, le long de la plage. Les photos sont peu nombreuses, pourtant. Il est plus absorbé par ses pensées et le manque de messages venant de Salome qu'autres choses. Les coups d'oeil vers le portable sont plus nombreux que ceux au travers de l'objectif, pendant un moment. Il en vient à sourire tout bas, riant presque de lui-même. Il secoue la tête et essaie de se reprendre, un peu bête. Parfois, il aime la dépendance tout autant qu'il la déteste. Il a cette pensée idiote que Salome doit être avec des amis, présentement. Des garçons, peut-être. Les sourcils se froncent et le coeur se serre ridiculement. Rafael secoue encore la tête et retient un soupir, avant de serrer ses doigts contre son appareil et de glisser l'objectif contre son oeil d'artiste. Son pas se stoppe, alors qu'il dévisage les gens, les scènes qui se déroulent, au travers de la lentille.

Et puis, il le voit.

Ses bras se braquent et il observe, simplement, au travers de l'objectif. Il en vient même à zoomer un instant, pour porter plus attention aux détails. Le photographe a cette envie de prendre une photo, plusieurs même, sans son autorisation. Il le fait bien souvent pour des passants, après tout. Pourtant, il ne le fait pas. Rafael se contente de pincer ses lèvres et d'abaisser l'appareil photographique pour l'observer un instant, les sourcils un peu froncés. Le sable en vient presque à brûler le dessous de ses pieds nus lorsqu'il amorce enfin un mouvement, pour le rejoindre.

Un sourire idiot se glisse sur ses lèvres, en le voyant s'arrêter pour prendre quelques coquillages, près de la mer. Rafael l'observe les nettoyer dans l'eau pour en observer l'aspect, hésite à se faire remarquer avant de se racler la gorge, au final. Les prunelles du petit se tournent vers lui, et malgré l'envie qu'il a de s'y attarder pour en connaître la couleur, Rafael se contente de lui adresser un sourire un peu hésitant, presque timide, de peur de déranger. « Euh, salut. J'suis raf, tu te souviens ? » Il sourit un peu plus et gratte son ventre un instant, ne sachant pas que dire. Malgré le confort qu'il peut avoir avec plusieurs, Soan le rend toujours comme ça, mal-à-l'aise. Il a cette impression étrange que le petit ne le supporte pas. « On travaille ensemble, à la pépinière. J'sais pas si tu me replaces ? » Il se sent bête, avec ses questions. À essayer de lui parler comme il le fait présentement ou alors au travail, le petit doit bien se souvenir de lui. Raf lui sourit un peu plus, avant de pincer ses lèvres et de baisser ses yeux vers les coquillages, dans ses mains. « Ils sont sympa. Tu comptes en faire un truc en particulier ? » Envie idiote de faire la conversation. Ses doigts s'agitent contre son appareil photo, presque distraits, un peu pour évacuer le stress, qui sait.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyMer 19 Mar - 23:14

Les filles sont belles du la plage. Elles sont bien plus belles qu'ailleurs. On peut les voir, là, tout autour, les jambes étendues et les cheveux au vent. Elles lèvent légèrement le menton vers le ciel, lunette sur le nez pour accueillir les rayons du soleil. Les hommes tournent souvent la tête, ils sont là, les yeux brillants et le corps brûlant à les admirer sans oser leur parler tout de suite.
Faut dire aussi, les femmes sont si belles qu'on pourrait les comparer à des déesses. On ne voit même pas la fin de leurs cuisses. Leurs courbes parfaites donnent l'impression d'être statue. Du bout des doigts, j'aimerais les caresser pour en comprendre le sens et ne jamais les oublier. J'aimerais, oui, les garder contre mes mains et me réveiller au petit matin avec la même prestance. Je voudrais, moi aussi, que les regards des mâles se perdent contre mon corps sans que mes joues n'en viennent à rougir.

Les mains recouvertes de sable et le t shirt trempe, j'en suis arrivé à un stade où je ne peux même plus décrocher mes pupilles de ces beautés. Elles sont là, sourire aux lèvres. Même leurs dents sont d'un blanc parfait. C'est à peine croyable. L'une d'entre elles est venue complimenter mes ongles. Vous imaginez un peu la fierté sur mon visage ? Je dois encore avoir un air débile sur le visage. Un air si fier qu'il pourrait laisser penser que je viens d'obtenir un diplôme. Mais ce n'est rien de tout cela non. J'ai seulement de beaux ongles. Des ongles assez longs pour y avoir collé des paillettes et fait de jolis dessins. J'ai mis près d'une heure à les faire. Une heure, vous vous rendez compte ? Plus long qu'un épisode de Gossip Girl. Fin non, je regarde même pas ce genre de série, c'est juste ma colocataire qui m'y oblige, le dimanche soir, lorsqu'elle se sent seule. Il lui arrive souvent de pleurer pour des garçons. Alors moi, j'essuie ses larmes et je coiffe ses cheveux. Je démaquille son visage enflé et je la regarde pleurer tous les malheurs de son cœur. J'aime le son de sa voix, il est délicat. Bien plus délicat que celui de ma mère. Elle remet souvent l'une de ses mèches derrière son oreille, peut-être pour retrouver un semblant de dignité. Pourtant, ça ne marche pas mais ce geste est beau. Aussi beau que ses yeux mouillés. Ce doit être pour ça que je me laisse pousser les cheveux. J'ai envie de faire ce même mouvement, de mes doigts fins. Je veux remettre mes cheveux en place et prétendre que tout va bien.

Sans même m'en rendre compte, je lève aussi le menton vers le ciel, comme toutes ces dames. Je regarde vers le soleil et cherche un semblant d'élégance. J'ai les lèvres pulpeuses, légèrement brillantes par un gloss déposé juste avant de venir. Il est là pour rappeler la manucure toute fraîche. L'eau de la mer ne suffit même pas à dévorer le vernis et la colle. Ce serait une tragédie de finir avec des écailles sur les ongles.

« Euh, salut. J'suis raf, tu te souviens ? »
Sursaut. Le menton descend vers le sol tandis que je tourne ma tête vers lui. Mon cœur se rate, sur le moment. Je manque même de faire tomber les coquillages dans l'eau. Je baisse un peu la tête, le temps de poser les trésors dans un sac en plastique. Ce n'est pas élégant, d'ailleurs, un sac en plastique mais je n'avais pas prévu de rencontrer le plus beau garçon de la ville à la plage. Non, le plus beau garçon de la terre, tout simplement. Un sourire se pose sur mes lèvres lorsque mon regard croise le sien. Mes joues doivent être rouges. Elles me brûlent, je les sens. J'ai comme des roses, incrustées sous ma peau, c'est presque douloureux. « On travaille ensemble, à la pépinière. J'sais pas si tu me replaces ? » Arrêt sur image, je relève l'une de mes mains. Concentrez vous, on reprend. C'est à ce moment là que je réalise ce fameux geste. Le geste si beau que possède toutes les femmes lorsqu'elles sont gênées. Je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille. Dans mon cas, elle est fantôme mais c'est la même chose. Je cherche un peu de force. En plus, ma peau est douce. « Oui, on se voit tous les jours. Enfin, je te vois tous les jours. » Parce que moi, je suis pas comme lui. Je suis transparent, une véritable feuille de papier calque. Tout me passe à travers, j'ai pas la moindre profondeur. « Ils sont sympa. Tu comptes en faire un truc en particulier ? » Mes yeux restent accroché aux siens. Je me perds dans ses iris, j'en oublie sa question. Il me faut quelques secondes pour remettre les choses à leur place. Inspiration fragile, je garde les lèvres légèrement ouvertes, comme le fait maman lorsqu'elle parle à Papa, de façon sérieuse. « euh … je sais pas encore. J'en fais des colliers, souvent, ou même des bracelets. Mais mon amie aime lorsque je prends les plus petits pour en mettre dans ses cheveux en chignon. Enfin, on peut faire de tout avec les coquillages, même décorer un téléphone. » Le mien est couleur lavande (ma couleur préférée) avec de jolies coquillages collés dessus. On le voit de loin mais c'est ce qui fait son charme. C'est peut-être même ce qui fait le mien aussi. Un t shirt trempe et rose pâle, avec un cœur jaune en son centre. Il n'est même pas beau, ce vêtement et pourtant, je ne cesse de le mettre. Tout comme ce short trop serré, certainement trop petit pour moi. Qu'importe, de toute façon, Rafael doit déjà me trouver ridicule. J'ai envie d'envoyer un sms aux copines pour le leur dire. J'ai besoin d'une soirée pyjama, là, tout de suite. Et pourtant, contre toutes attentes, me voilà qui brise le silence, encore une fois. « Toi aussi, tu viens ramasser des coquillages ? »

C'est quoi cette question à deux balles ?
Tant pis.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyJeu 20 Mar - 2:39

Il observe, Rafael. Il voit mieux, oui, de ses yeux que par l'appareil photographique, pendant un instant. Il observe par ses yeux, attentif à ses mouvements, à ses gestes et ses vêtements, pour voir tout de lui. Ses doigts picotent et il se retient encore, tant mieux que mal, pour ne pas le prendre en photo. Rafael ne comprend pas ce certain respect qu'il peut avoir pour lui, alors qu'à l'ordinaire, il a cette habitude presque insupportable de prendre les gens en photo au dépourvu, presque autant amoureux des expressions sur le vif que celles qui sont longuement travaillés. Il l'observe alors, trop indisposé pour immortaliser ses traits, à cet instant. Il essaie de se souvenir de ses expressions, de ses mouvements un peu distincts, un peu cassés, aussi. De ses gestes si différents de ceux des autres, de ses vêtements un peu étranges et pourtant, il ne le voit pas sans. Rafael a certainement des étoiles dans les yeux, à le voir, et des idées qui se mettent à germer ; des idées de photographies, de thèmes et de lui, simplement, perdu au lieu de tout cela. Le photographe a les mots multiples prisonniers entre ses lèvres, des supplications et des demandes infinies pour prendre des photographies de lui, pour le graver à même son appareil et le montrer aux autres, à tous ceux qui désirent le voir et à Salome aussi, comme il le voit, ce petit.

Rafael a les yeux brillant, presque pendu à sa muse. Il se noie de ses mouvements; de celui-ci exactement, sur le coup, pour le moment. Il observe, un peu trop sagement, les yeux un peu trop grand, le mouvement de ses doigts. Il s'émerveille de le voir ramener une mèche invisible derrière son oreille, comme ça, naturellement. Il s'extase devant le geste pourtant si simple et qui, à l'instant, dévoile quelque chose de lui qui lui semble encore plus précieux, sur l'instant. Ses doigts se contractent sur l'appareil et un instant, il se pince les lèvres, longuement, pour retenir cette envie de le prendre sur le vif, de graver l'instant et de l'observer un peu plus tard. De montrer à Salome également, ce qu'il voit. L'instant lui semble presque parfait, comme le mouvement et la lumière, même, pour illustrer tout ce que le petit représente, à sa simple présence. Certainement bien plus qu'il n'ose le croire.

Soan le fixe. Il lui semble, à ses souvenirs, qu'il ne l'a jamais regardé de la sorte. Rafael en vient à se demander s'il n'a pas posé la question la plus idiote du monde, ou s'il semble un peu bête d'apparaître comme ça, subitement, et de lui poser des questions aussi vivement. Le pardon est sur le bord de ses lèvres et le rouge sur le bord de ses joues, lorsque Soan semble enfin respirer. Il ressemble à un lapin perdu sur la route, devant les fards immenses des voitures. « euh … je sais pas encore. J'en fais des colliers, souvent, ou même des bracelets. Mais mon amie aime lorsque je prends les plus petits pour en mettre dans ses cheveux en chignon. Enfin, on peut faire de tout avec les coquillages, même décorer un téléphone. » Raf sourit, à le voir parler. Il prend chacun des mots et les écoute tous attentivement, sans en perdre un seul. Idiot, il se voit heureux d'en apprendre un peu sur lui, de le voir encore là, bien présent, et non pas entrain de fuir, comme les autres fois. « Toi aussi, tu viens ramasser des coquillages ? » Il rit, sur le coup. Il rit et ses yeux se plissent, un peu comme des couchés de soleil. Il passe ses doigts dans ses cheveux et tourne ses yeux vers la mer, un instant, avant de l'observer, toujours aussi souriant, un peu grand enfant. « Non, j'venais pour prendre quelques photos, en fait. Ma famille est assis quelque part par là-bas. » Il surélève un peu son appareil photographique, pour le lui montrer. Raf penche la tête sur le côté, un instant. « J'suis venu te voir pour ça, en fait. » Il prend une pause, prend la peine d'avaler sa salive lentement, presque trop, avant de continuer. Il a cette peur de paraître stupide et bien insistant. « T'as ... j'peux te prendre en photo ? J'sais que t'as déjà dit non, ou en fait, tu m'as jamais laissé réellement le temps d'te poser la question, mais j'aimerais vraiment, en fait. » Un rire un peu bête résonne et il détourne les yeux un instant. On pourrait presque lire un peu de rouge sur ses joues, ou alors est-ce le soleil. Le photographe prend la peine de l'observer un instant, bien dans les yeux, avant de lâcher une phrase qu'il tente de retenir, pourtant. « T'as vraiment un truc, et ça mérite d'être pris en photo. En fait, une photographie, ça suffirait pas. Plusieurs ou... j'sais pas. J'ai plein d'idées. » À propos de lui. Des idées par millier. Un cahier plein d'idées, quelque part, sur son bureau. Même Salome, elle n'est pas au courant de la plupart de ces idées.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyJeu 20 Mar - 19:09

Rafael est proche et mon cœur bat. Enfin, qu'il  batte, c'est normal, mais pas aussi rapidement. J'ai les doigts qui doivent trembler, un peu, mais je tremble souvent alors, c'est pas grave. J'ai l'habitude. Mon regard se perd sur ses mains et mes yeux se mettent à briller. J'ose à peine relever mes pupilles pour le regarder une nouvelle fois. Je l'ai déjà fait, dans la folie du moment mais maintenant c'est trop tard. Mon cerveau vient de prendre conscience que c'est bien lui. Lui et personne d'autre. Lui pour qui je serais capable de changer de vie et de sexe. Un sourire se dessine sur mes lèvres, un peu timide, un sourire qui meurt la seconde d'après, encore sur la réserve. Les filles font souvent comme ça, elles laissent paraître une lueur avant de se refermer parce qu'elles se trouvent bête. C'est un peu pareil avec moi, je me trouve idiot de sourire de la sorte. Et si j'avais un peu de courage, je me pendrais certainement à son cou, comme ça, sur la pointe des pieds pour tout lui avouer. Toutes les filles entendraient mes mots tant ils seraient forts et désespérés.
Il sourit.
Inspiration, je recule d'un pas.

Lorsque je tourne la tête, je peux remarquer des regards se poser sur lui. Ou plutôt nous. Elles doivent se poser des questions, les déesses. C'est vrai, au fond, on ne peut pas me parler sans être gay, c'est impossible. Quand j'y pense, j'ai même pas de vrais garçons dans mon entourage. Ils préfèrent me fuir qu'assumer ce que je suis. Alors, moi, je préfère être seul. Je me fiche bien de la popularité. Ce qui compte, c'est le cœur. Le cœur et les sentiments. À ce jeu là, les femmes sont les plus fortes. Elles m'apprennent toute à aimer, du plus profond de mon âme. Elles savent s'y faire, avec les hommes.
Elles sont fortes, les filles.
Parfaites.
J'aimerais leur ressembler pour que Rafael en vienne à m'aimer un jour.

« Non, j'venais pour prendre quelques photos, en fait. Ma famille est assis quelque part par là-bas. »  Mes pupilles dégringolent sur l'appareil photo alors qu'un nouveau sourire naît sur mes lèvres. C'est un artiste, raison de plus pour l'aimer. J'ai l'air bien bête avec mes ongles faits et mes coquillages en guise d'art. Ça ne ressemble à rien à côté de ses magnifiques photographies. Je les connais toutes par cœur, je les ai dans la tête et même dans mon ordinateur. Je les contemple souvent, pour ne jamais les oublier. S'il savait, punaise. Il me tuerait, sur le champs, à coup d'appareil photo même. Il hésiterait pas, Rafael, à me réduire en cendres pour ses années à aimer un fantôme. Le sentiment de culpabilité me prend au cœur alors que j'hésite à m'éloigner et prétendre un rendez-vous. C'est la meilleure chose à faire, après tout. « J'suis venu te voir pour ça, en fait. » Je me pince la lèvre et relève les yeux vers lui. J'essaie de voir s'il est vraiment sérieux ou non. Un coup de vent contre ma joue et le geste revient. Une mèche derrière l'oreille. J'en viens même à jouer avec un pendentif accroché à mon cou. Sans ça, je risque de paniquer et de lui raconter les pires bêtises. Je vais mélanger mes mots et rendre mes phrases pathétiques. Je le sais parce que je fais toujours ça. Même pour mon entretien d'embauche, la pire honte de ma vie. Le patron a du me prendre pour un autiste, heureusement que Maman le connaissait. « T'as ... j'peux te prendre en photo ? J'sais que t'as déjà dit non, ou en fait, tu m'as jamais laissé réellement le temps d'te poser la question, mais j'aimerais vraiment, en fait. » Je passe une main dans mes cheveux pour faire bonne figure. J'ai bien envie de me remaquiller sur le moment. Un peu de poudre sur le bout du nez, pourquoi pas. Puis un coup de peigne dans mes cheveux en bataille par le vent et l'air humide. Je baisse les yeux, décidé à refuser sa demande, dans un premier temps.

« T'as vraiment un truc, et ça mérite d'être pris en photo. En fait, une photographie, ça suffirait pas. Plusieurs ou... j'sais pas. J'ai plein d'idées. » Mon visage s'illumine à ses mots. Il m'en faut si peu pour être heureux, au fond. Et là, ses mots, ils veulent dire tellement pour moi. Rafael ne peut pas comprendre ce que tout cela représente mais moi je le sais, et c'est ça l'essentiel. « oooh. » Voix aiguë, pour marquer l'étonnement. Une sorte de gémissement très peu masculin. Si on ferme les yeux, on pourrait penser parler à une jeune adolescent. « ça me ferait plaisir de poser pour toi mais ... » Il y a toujours un mais avec les filles. « Je ne sais pas comment il faut faire. Fin tu vois, comment il faut se positionner, regarder l'objectif. J'ai jamais fait ça. Je veux pas paraître ridicule. Tu comprends ? » Bien sûr qu'il comprend, il n'est pas bête. Pas aussi bête que moi, du moins. « Il y a beaucoup de monde ici, en plus. »
Je ris, nerveux.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptySam 22 Mar - 20:56

Les doigts tremblent un peu, contre l'appareil photographique. Rafael le serre simplement, légèrement peut-être. Juste assez pour sentir cette petite douleur qui résonne, au travers de ses doigts. Juste assez pour avoir le coeur serré, malgré le fait qu'il ne cesse de claquer contre sa poitrine et ses os. Il attend tellement de choses, il lui semble, de ce petit étrange. Comme si, à sa simple apparition au cours des derniers mois, de la dernière année, le petit avait planté une graine en lui, pour y faire fleurir des idées par millier qui, jamais, ne cessent de grandir et de se multiplier. Il lui arrive, parfois, de se réveiller au cours de la nuit, ayant rêver d'une chose en particulier, pour noter une idée de photographie, de concept quelconque sans avoir l'impression, d'une dernière manière, qu'il pourra un jour faire naître la chose. Il lui semble qu'à l'instant même, alors qu'il le dévisage un noeud à la gorge, les idées ne cessent d'éclore dans ses pensées, faisant des ravages impossibles, presque déments, si c'est pour dire. Rafael ne sait où donner de la tête, a presque envie de se pendre, car il ne parvient pas à attraper ces pensées folles entre ses doigts, pour s'en souvenir à jamais.

La seule chose qu'il peut bien capturer sur le moment, c'est le sourire de Soan.
Les doigts tremblent mais il les retient, pour ne pas le surprendre à coup de photographies.
Rafael se contente de sourire, simplement, un peu innocent.
Le pauvre, s'il savait.

Ses yeux se tournent de nouveau vers le soleil, un instant. Il prend cette peine, même, d'observer les gens autour, les passants comme les sirènes qui se sont échouées là, sur le bord de la plage. Il en observe les traits, un maigre instant, comme pour essayer de trouver une image, un moment à figer, ne serais-ce que pour un instant. Mais rien n'attire son regard. Ses yeux, toujours, se tournent en direction de Soan. L'opération a beau durer si peu de secondes, il lui semble qu'il a fait le tour et que, effectivement, rien ne peut battre le garçon maigrelet, tout autour. Le choix est, depuis un moment, déjà fait. « oooh. » Rafael, il sourit. Il sourit face au bruit, mais aussi devant l'expression qu'il aborde. « ça te fait envie ? » Les mots s'évadent de ses lèvres à toute vitesse, beaucoup trop rapidement peut-être. Il a le coeur qui bat fort, et les mains moites, contre l'appareil. Ces photos, il les veut. Rafael en vient même à faire des insomnies parfois, à propos de ça. « ça me ferait plaisir de poser pour toi mais ... » Mais ? Les sourcils se froncent et le coeur se serre. L'artiste n'aime pas attendre. L'artiste a trop d'images à immortaliser, si peu de temps. Il lui en manque déjà, il lui semble. « Je ne sais pas comment il faut faire. Fin tu vois, comment il faut se positionner, regarder l'objectif. J'ai jamais fait ça. Je veux pas paraître ridicule. Tu comprends ? » Ça s'apaise un peu, en dedans. Rafael en vient même à sourire un peu, et hocher de la tête. « Il y a beaucoup de monde ici, en plus. » Les prunelles se tournent vers la foule et Rafael en vient à froncer des sourcils. Il croise quelques regards, ceux de filles bien bronzées qui sourient, simplement il ne s'y attarde pas réellement, à leur tristesse. Rafael pince ses lèvres, réfléchissant. Le tout lui prend un moment, avant qu'il n'amorce un mouvement.

Ses pieds glissent dans le sable au gré de ses pas et il avance, laissant prendre son appareil autour de son cou. Les doigts de l'une de ses mains prennent ceux de Soan, et il entreprend de l’entraîner plus loin, simplement. « C'est pas grave, la foule. Y'a moins de gens par là-bas, si tu veux. » Rafael lui lance un regard tout en continuant de marcher ; il agrippe ses doigts avec une certaine force qui, étrangement, habite également une douceur certaine. Ses pupilles dégringolent sur leurs doigts liés et, face aux vernis qui se trouvent sur ceux de Soan, il ne peut s'empêcher de sourire, une lueur dans les yeux. Une autre série de photographie prend place, dans sa tête. Rafael porte ses yeux vers les siens. « Ça me dérange pas, que tu saches pas. J'sais, moi. J'peux te montrer, t'aider à te placer. » Il sourit, comme ça. Il sourit et penche un peu la tête vers lui, peut-être bien pour le mettre en confiance ou alors, pour observer un peu plus ses traits, ses yeux. Pour tout graver dans sa tête et faire naître des idées, des projets, plus tard. « Ou tu peux simplement continuer à récolter des coquillages sur la plage, et je prendrais des photos de toi comme ça. J'peux marcher avec toi et te parler. » Il lâche ses doigts, après un moment, ayant l'impression d'être trop dérangé, dérangeant et insistant. « Ou juste rester derrière et me taire, te laisser faire tes affaires et faire le fantôme. J'veux pas te déranger, non plus. » Rafael passe ses doigts dans ses cheveux et lui sourit, un peu gêné par son débit de paroles un peu trop excessifs.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyDim 23 Mar - 3:32

Je dois être rouge comme une tomate. Et encore, une tomate, c'est pâle à côté de mes joues. Elles me brûlent, j'ai envie de les gratter, de les arracher, d'y mettre de la glace. J'ai seulement besoin de calmer le feu qui grille mes neurones. C'est presque douloureux de trembler de la sorte. J'ai envie de fuir, soudainement, de prendre mon téléphone et lui envoyer des milliers de je t'aime.
Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime.
Une vague de je t'aime, un peu comme celles qui s'échouent sur le sable. Tout ça, sous le nom de Salome, bien sûr. Sans ça, je risque de me recevoir la pire des claques à la figure. Je ne peux pas, moi, me permettre de le perdre. Ce serait trop difficile, le reste suivrait pas. J'ai le drame dans le sang, je me connais, j'irais toquer nuit et jour à sa porte, jusqu'à ce qu'il ouvre. Et s'il n'ouvre pas, je passerais dessous, faute d'avoir la force de la défoncer.

« ça te fait envie ? » Sourire. Bien sûr que ça me fait envie, tout me fait envie. Ses yeux, ses lèvres, ses cheveux, ses oreilles, son cou, son corps, même ses doigts. Contre ma peau, ce serait beau. J'ai envie de chaque parcelle de son corps. La caméra ne suffit plus, j'ai besoin de plus, de chaleur réelle, pour ne pas mourir de froid.
Frisson. Je redescends sur terre, honteux de mes pensées.
J'essaie de me prendre en main bien que l'idée de l'imaginer nu traîne encore dans ma tête. Ça lui apprendra à être aussi beau, après tout.

« C'est pas grave, la foule. Y'a moins de gens par là-bas, si tu veux. » Temps d'arrêt. Ses doigts prennent les miens et je manque de m'évanouir. Je lance même un regard autour de moi, pour que les filles voient bien, qu'elles gardent cette image en tête. Je tiens la main de Rafael. JE TIENS LA MAIN DE RAFAEL. Mes dents se dévoilent au grand jour, parfaitement blanches et alignées. Je le suis sans hésiter, je dois même sautiller, sans même m'en rendre compte. Tant pis, je le suis, c'est l'essentiel. Et tout ça en lui tenant la main, vous vous rendez compte ? Non, vous vous rendez pas compte. Je vais mourir sur le champs. Mourir d'amour. Il devrait prendre ce moment en photo, Rafael, c'est bien plus beau que tous les visages ou toutes les positions. Pendant le trajet, je ne regarde plus que mes doigts emmêlés aux siens. On dirait qu'il y en a une vingtaine. Une vingtaine de doigts amoureux les uns des autres. Je manque d'oxygène.  « Ça me dérange pas, que tu saches pas. J'sais, moi. J'peux te montrer, t'aider à te placer. » Je relève vivement les yeux, attentifs au moindre de ses gestes. Je relève les épaules et passe ma langue sur mes lèvres. « Ce serait bien que tu me guides pour notre première fois, oui … fin, pour les photos. » Je ris et baisse les yeux face à ma phrase mal tournée. J'ai l'air idiot. Fin non, je le suis.

« Ou tu peux simplement continuer à récolter des coquillages sur la plage, et je prendrais des photos de toi comme ça. J'peux marcher avec toi et te parler. » Une grimace se dessine sur mon visage, accompagné d'un soupir lorsque mes doigts se referment dans le vide. J'enfonce le minuscule sac en plastique dans ma poche et continue de l'écouter, attentif. Je sautille un peu lorsque la chaleur du sable chaud pique ma peau. Je déteste cela, c'est pourquoi je fais quelques pas en arrière pour récupérer mes chaussures en plastique pailleté. Je me laisse tomber sur le sable, à ses pieds, pour les enfiler et relève mes yeux vers lui. « Ou juste rester derrière et me taire, te laisser faire tes affaires et faire le fantôme. J'veux pas te déranger, non plus. » Je me redresse finalement et hausse les épaules. Je garde ce détachement pour ne pas tomber dans le panneau. J'ai peur qu'il comprenne les sentiments que je possède à son égard. J'avance même de quelques pas pour sentir les vagues caresser mes chevilles blanches.

Je me retourne enfin et lui fait à nouveau face. J'ai la gorge nouée et les yeux qui brillent. Rafael. Punaise. « Non, je veux pas que tu te taises. J'aime pas les fantômes, en plus, alors ce serait bête. » Un vent léger caresse ma joue tandis que je tourne sur moi même, les bras tendus de chaque côté. Je ferme les yeux, accueille le soleil. « Hésite pas à prendre des photos, alors, si ça vaut le coup. Je sais pas. » Je sais jamais rien, de toute façon. C'est en moi, l'incertitude. Ma plus grande qualité. « Mais je dois t'avouer que j'ai un peu mal au dos à force de me pencher alors la chasse aux coquillages, c'est terminé pour aujourd'hui. J'aime mieux marcher sur le bord de la plage. Dommage que le soleil ne se couche pas, c'est le plus beau moment de la journée. Il se noie dans la mer et la lune vient le remplacer. » Sourire. Je fixe l'horizon et commence déjà à me perdre dans le tourbillon infernal de mes pensées. « C'est dommage que tu sois pas venu me voir plus tôt, au travail, tu n'as pas l'air comme les autres. Personne ne m'apprécie là-bas, t'as du le remarquer. Ils me mettent des post-it idiots pour se moquer de moi. Je sais même pas pourquoi je continue de travailler pour supporter ça, c'est débile. J'ai souvent envie d'arrêter et ça ne me plaît pas mais j'ai pas eu le choix. Et toi ? Tu fais ça parce que ça te plaît ? » Parler boulot, c'est vraiment pitoyable. Mais qu'est-ce que vous voulez que je lui dise d'autre ? Lui parler de mes ongles, peut-être ? De mes tendances à m'habiller comme une fille ?
Non, jamais.
Alors ce sera le soleil et le boulot.
Point.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyDim 23 Mar - 19:17

Les doigts se détachent et Soan, soudain, s'élève dans le vent. Il fait quelques pas et sautille simplement, s'éloigne tout bonnement. Il est là, puis à quelques mètres, ensuite. Rafael continue de parler et l'observe, un certain noeud dans les tripes. Il en vient à penser que ses mots sont trop nombreux et trop vifs, trop insistants, et qu'il en fait certainement trop, sous le coup de la passion. Le coeur fait sa propre danse pendant un instant assez minime, et pourtant marquer. Une peur d'abandon, ou alors d'en avoir trop fait. Il ne sait que penser, ne peut que le ressentir. Le tout se calme lorsque le petit, enfin, vient à prendre ses chaussures et revient sur ses pas, tout près de lui. Rafael sourit et continue ses mots infinis, un peu rassuré, un peu honteux de sa pensée. Ses prunelles s'attardent sur les chaussures et ne changeant jamais, qu'importe les secondes qui s'écoulent, il ne peut s'empêcher d'être émerveillé ; Dom a eu les mêmes, il y a quelque temps. Soan lui semble être un grand enfant. Un enfant pris dans un corps qui grandit, avec le temps. Un être unique, quelqu'un d'à part, qui se détache de la foule et qui, dans son cas, attire les regards.

Il est sa muse, pour chaque geste et chaque instant.
Une seconde suffit et les idées, dans sa tête, grandissent.

C'est certainement pour cela que le corps, il a besoin de mouvement. Rafael aimerait être sage, sans mouvement. Lui parler d'un ton calme et être poli, tout au moins. Il aimerait lui donner confiance et ne pas avoir cette folie, cette presse presque trop excessive, dans sa voix bien trop folle. Il aimerait, oui, pouvoir être délicat et lui proposer la chose simplement, sans avoir l'air désespéré, suppliant pour un oui. Il aimerait ne pas ressentir ce noeud, au fond de lui, alors qu'il hausse des épaules, face à ses milliers de mots. Il inspire doucement et le souffle, il tremble. Il tremble face à la possibilité que peut-être, les choses ne changeront pas. Que rien ne changera et que les photographies, il ne les aura pas.

Et Soan, il en vient à se retourner. Le soleil percute les prunelles du petit d'une certaine manière, assez bien pour faire briller les couleurs qui s'y trouvent. On dirait qu'il y a un peu de larmes, mais peut-être est-ce une illusion venant des rayons. Rafael n'ose pas demander, seulement attendre. Il attend presque sagement, les doigts tremblent. « Non, je veux pas que tu te taises. J'aime pas les fantômes, en plus, alors ce serait bête. » Ce sont ses yeux, cette fois-là, qui brillent. Ils brillent de milles feux et le rire, au creux de sa gorge, se fait entendre. Rafael l'observe avec le bonheur qui danse dans les yeux et s'émerveille de ses mouvements enfantins, alors que Soan tourne sur lui-même. Ses cheveux dansent un peu sous la caresse du vent, au travers du mouvement, et l'image a sa beauté propre. « Hésite pas à prendre des photos, alors, si ça vaut le coup. Je sais pas. » Il ne se fait pas prier. Il n'attend pas autre chose que de pareils mots et la caméra, de nouveau, se trouve perdue au travers de ses doigts. Rafael retient au souffle et prend une photo, peut-être deux ou alors dix. Les gens parlent fort, autour, et le bruit des vagues couvrent le déclic de l'appareil. Qu'importe ; il s'engage à capturer tout ce qu'il peut voir, pour ne rien perdre. Pour ne pas avoir de regrets, si aujourd'hui se voit à être l'unique journée, pour le photographier.

Il se calme tout de même, observe avec ses propres prunelles, un instant, lorsque Soan reprend la parole. Par respect. Il n'a pas envie de le contrarier. Il n'a pas envie de perdre l'opportunité qui lui ait apporté. « Mais je dois t'avouer que j'ai un peu mal au dos à force de me pencher alors la chasse aux coquillages, c'est terminé pour aujourd'hui. J'aime mieux marcher sur le bord de la plage. Dommage que le soleil ne se couche pas, c'est le plus beau moment de la journée. Il se noie dans la mer et la lune vient le remplacer. » Rafael sourit et hoche de la tête, sous ses mots. Ils l'absorbent étrangement et il ne sait que dire, pendant un moment. Il lui semble qu'il a parlé pendant si longtemps, au cours des derniers instant, qu'il se doit de laisser le plus de temps possible à Soan, pour faire de même. Il préfère se taire que de paraître un peu trop envahissant, chose qu'il a l'impression d'être déjà. Le simple fait que le petit lui accorde son attention lui suffit. Son attention et le droit de le graver à jamais lui suffit, oui, pour faire naître le bonheur dans sa journée. « C'est dommage que tu sois pas venu me voir plus tôt, au travail, tu n'as pas l'air comme les autres. Personne ne m'apprécie là-bas, t'as du le remarquer. Ils me mettent des post-it idiots pour se moquer de moi. Je sais même pas pourquoi je continue de travailler pour supporter ça, c'est débile. J'ai souvent envie d'arrêter et ça ne me plaît pas mais j'ai pas eu le choix. Et toi ? Tu fais ça parce que ça te plaît ? » Le photographe fronce des sourcils, au fil des mots. Il grimace un instant et tourne ses yeux d'un autre côté, un peu en colère contre la connerie des gens. À voir la différence, on en rit et on s'en moque, pour oublier qu'on est tous pareils et qu'on est incapable d'être unique comme certaines personnes, comme Soan. Les gens sont bêtes. « J'ai essayé mais tu fuyais, en fait. 'fin, t'attardes pas aux autres, ils sont souvent cons face à ce qu'ils connaissent pas. » Rafael tourne les yeux vers lui, les sourcils toujours un peu froncés, d'une certaine manière. La mâchoire est un peu tendue, également. « Moi j't'apprécie, dans tous les cas. Sinon j'serais pas là, quoi. Ça sert à rien de s'attarder sur les gens qui nous aiment pas plus que ça, en fait. » Il tente un sourire mais au final, la colère est toujours là, contre l’imbécillité des autres. Rafael en vient à passer ses doigts dans ses cheveux, encore. « J'y reste pour les plantes, sinon. Le salaire est bon, et on me permet d'en emprunter, pour mes photographies. Pour faire des montages et tout ça. 'fin, tu verras si t'acceptes. » Le sourire se fait plus grand et dans les yeux, on voit luire l'envie qu'il accepte. Rafael ne demande que cela, après tout. Les yeux finissent par se détourner, pour ne pas paraître malaisant ou trop ...trop, simplement. « J'ai toute la journée, sinon... 'fin pour le soleil et tout ça. Et y'a plein d'autres jours à venir, aussi. Donc on peut toujours y avoir accès, au coucher de soleil. Tu m'donneras ton numéro, j'te donnerais le mien, et on s'arrangera ? » Sa tête se penche un peu sur le côté et il tente un maigre sourire, pour paraître calme alors qu'au fond, le coeur bat si fort qu'il en a mal à la tête. « Promis, j'vais essayer de pas trop être insistant. J'ferais mon possible pour pas t'envoyer de messages au milieu d'la nuit, ou de t'appeler, si j'ai une idée folle. » Et il rit, cet idiot, ce fou de la photographie, alors que les mots ne sont que du vrai, que la vérité au plus crue. Il en serait capable, de l'appeler au milieu de la nuit. Il serait capable de bien des choses, pour des photographies de lui.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyMar 25 Mar - 10:58

J'accroche mon regard à la mer pour ne pas me concentrer sur l'appareil photo. Parce que si je le fais, je risque encore de me tendre de nervosité et d'en oublier l'essentiel. Je vais décevoir Rafael qui ne voudra plus jamais s'attarder sur moi. Plus jamais. C'est une tragédie des temps modernes de ne plus l'avoir à mes côtés. Cela doit faire dix minutes que nous marchons sur la plage et je suis déjà amoureux de chacun de ses gestes. C'est bien mieux de l'avoir à quelques centimètres de moi que de l'autre côté d'un ordinateur. On peut même aisément dire que c'est mieux que tout si on enlève mon manque d'habitude. Je me tourne vers lui, sourire aux lèvres pour plonger dans son regard. Son fichu regard que j'ai toujours fuis pour ne pas avoir à m'y perdre. Mais là, c'est un peu comme si une confiance survenue du plus profond de mon être venait de renaître. Alors, pour rattraper le temps perdu, me voilà à nager dans ses iris. Je pourrais bien y rester des années si j'en avais la capacité. On y est plus confortable que nulle part. Même dans le regard de ma mère, c'est pas la même chose. Elle a l'air trop sévère, ou quelque chose comme ça. C'est si doux, là, sous ses paupières que même les filles n'atteignent pas ce degré de beauté. Dans cette histoire, ce n'est pas à moi d'être photographié, au final. Rafael est bien plus beau que moi. Bien plus charismatique aussi.

J'avance d'un pas de plus vers la mer lorsqu'une vague m'éclabousse jusqu'aux genoux. Je ris un peu et m'approche de l'eau, sans oublier de l'écouter. Même avec le bruit de la mer, je l'entends toujours parler. Mes tympans laissent tout un tas de filtres bloquer le moindre bruit. Ils ne s'accrochent plus qu'au son de sa voix déjà mémorisée. Je pourrais être bien plus loin que je l'entendrais encore. « J'ai essayé mais tu fuyais, en fait. 'fin, t'attardes pas aux autres, ils sont souvent cons face à ce qu'ils connaissent pas. » Je fuyais, oui, à cause de tout ça. À cause de sa fichue beauté. À cause de mes sentiments. À cause de Salome. À cause de ce complexe d'infériorité. On ne mélange pas les belles personnes avec celles de mon rang ; les menteurs, les imposteurs, les idiots, les tristes. On ne mélange pas Rafael avec Soan, tout simplement. Soupir, j'avance encore d'un pas, hausse les épaules. C'est peut-être moi le con dans cette histoire. Quelle idée de s'habiller comme ça. Allez quoi, suffirait que je vire mes manières de fille pour que tout s'arrange. Suffirait d'un rien pour que le respect naisse dans le regard des autres. Mes lèvres tremblent alors que je baisse les yeux pour fixer mes pieds enfoncés dans les vagues. Même englobées par l'eau, mes chaussures brillent toujours, je peux les voir. « Moi j't'apprécie, dans tous les cas. Sinon j'serais pas là, quoi. Ça sert à rien de s'attarder sur les gens qui nous aiment pas plus que ça, en fait. » Je relève les yeux et lui adresse un sourire plus fatigué que les autres. Si je venais à suivre ses mots à la lettre, je partirais sur le champs. Je ne m'attarderais pas sur Rafael alors que mon cœur ne bat plus que pour lui depuis des années déjà. Je n'ai été qu'un fantôme pendant tout ce temps, trop obnubilé par Salome. Il n'y plus qu'elle dans son cœur. Et moi, je paie le prix de mes erreurs. Mais c'est assez, c'est trop douloureux, je ne veux plus.
Je suis pris à mon propre piège, égaré.

« J'y reste pour les plantes, sinon. Le salaire est bon, et on me permet d'en emprunter, pour mes photographies. Pour faire des montages et tout ça. 'fin, tu verras si t'acceptes. » Je fronce les sourcils ; j'ai déjà accepté de le suivre dans ses projets. J'ai dit oui, j'ai accepté de poser. Je suis menteur mais j'ai une parole, parfois. Et là, c'est vraiment le cas. J'y crois vraiment, je le veux. Je lui lance d'ailleurs un regard assassin, sans réellement le vouloir, peut-être pour lui faire comprendre ou lui donner confiance. 'Je suis là pour toi', c'est écrit sur mon front, même sur mes joues, ou encore sur mes lèvres. Mon corps entier est une offrande. « J'ai toute la journée, sinon... 'fin pour le soleil et tout ça. Et y'a plein d'autres jours à venir, aussi. Donc on peut toujours y avoir accès, au coucher de soleil. Tu m'donneras ton numéro, j'te donnerais le mien, et on s'arrangera ? » Je retrouve soudainement mon sourire d'imbécile heureux. Les jours à venir. C'est ce qu'il vient de dire, non ? Je ne suis pas tombé fou, pas encore. « Oui, on fera ça. Tu me passeras le tien et j't'enverrais un message parce que pour le moment j'ai pas de téléphone. Fin, on me l'a volé, et je dois faire le nécessaire pour en avoir un nouveau mais moi et les papiers, tu sais ... » Rire. Parce que pour le moment, je n'avais pas prévu une telle situation, pas une seule seconde. Je n'ai que le numéro de Salome, rien d'autre. L'espace d'une seconde, me voilà à paniquer.

« Promis, j'vais essayer de pas trop être insistant. J'ferais mon possible pour pas t'envoyer de messages au milieu d'la nuit, ou de t'appeler, si j'ai une idée folle. » J'ai les yeux qui brillent à cette annonce. J'ai envie d'insister, de lui dire qu'il peut me harceler. C'est horrible, cette façon de devoir rester sur la retenue pour ne pas le perdre d'une seconde à l'autre. « Oh t'inquiètes pas pour ça, je dors rarement avant deux heures du matin, en général. J'ai une formation à côté du boulot, c'est pour ça que je bosse d'ailleurs, pour la payer. Alors, faut bien que je révise à un moment ou un autre. » Elles viennent donc de là les cernes peu élégantes sur mon visage, oui. J'aimerais les effacer de mes yeux à tout jamais, je les déteste à me donner un air malade. Je regarde Rafael, l'air amoureux, les pieds dans l'eau, je ne remarque même pas qu'une vague un peu trop grosse et venue de nulle part s'approche. Je suis là, la bouche légèrement ouverte, prêt à lui déballer de nouveaux mots mais la mer se déchaîne contre moi. Un cri aiguë résonne dans l'air alors que l'eau glacé me mouille jusqu'au torse. Elle épouse les formes de mon corps et me fais tomber sur le sable. Un frisson interminable me prend aux tripes alors que je me redresse difficile, les bras croisés contre mon ventre, légèrement recroquevillé. «Elle est un peu froide. » Rire alors que je m'approche un peu de lui tandis que mes mains finissent par attraper mon t shirt et l'égoutter un peu. J'ai l'air tellement idiot, trempe jusqu'aux os que j'ose à peine le regarder, à nouveau. « Viens, ma serviette est là-bas, je pourrais me sécher puis noter ton numéro au passage. T'es tout rouge en plus, j'ai de quoi te désaltérer. Faudrait pas que tu fasses une insolation. Mais je veux pas te retenir une éternité, surtout si ta famille t'attend. » Je tremblote un peu, on peut le voir à mes dents qui claquent de temps en temps alors que je me dirige vers mes affaires, prenant soin à regarder que Rafael me suive bien. « J'ai pomme ou ananas. » Mes mains s'aventurent dans mon sac pour en sortir deux briques de jus. « L'ananas est meilleur, si tu veux mon avis. » Sourire complice alors que je lui tends tout de même les deux, pour lui laisser le choix.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyMer 26 Mar - 0:15

Ô, belle pensée, douce illusion. Il sourit, Rafael. Il voit tant de choses, Rafael. Des images et des couleurs, des moments qui sont passés, comme d'autres qui arriveront, prochainement. Il sourit, pour les multiples instants qu'il pourra, à jamais, immortaliser. Un souvenir qui, au fil du temps, pourrait venir à s'effacer des pensées, mais dont les photographies, pour toujours figer, seront là, présents. L'impact d'une image, forte et vivante, qui coupe le souffle et rate un battement au coeur, parfois. Une image simple et pourtant si bien percutante, changeant les choses peut-être, pour un instant du moins. Les projets ont été nombreux, les uns comme les autres. Ils ont peuplés les jours et ses pensées, ont fait naître des frustrations, face au rendu qui, toujours, n'atteignait jamais ce qu'il souhaitait. Et pourtant, là. Là, à cet instant même et depuis un long moment déjà, Soan lui semble être la solution, la lumière ultime. Il y a quelque chose, chez le petit. Quelque chose de merveilleux, derrière sa timidité. Peut-être son être tout entier, peut-être tout ce qu'il représente, même. Les images que ses prunelles captent à son égard sont déjà, à son avis, percutantes et gravées à sa mémoire. La possibilité de le prendre en photo, de créer des projets avec lui et de, toujours, voir des idées naître dans ses pensées, lui semble merveilleuse. C'est bien pour cela que le sourire, il ne quitte ses lèvres. Qu'il reste là, sans jamais quitter sa place, prenant même un peu trop de place, parfois. Rafael essaie de le réduire, le cache même derrière des rires, aussi, mais il n'empêche rien au fait que, toujours, il reprenne sa place, contre ses traits. Rafael sourit comme un idiot, peut-être bien, car il lui semble pour la première fois depuis des mois qu'il est sur le point d'accomplir l'un de ses projets, qu'il pourra enfin en réaliser un comme il le désire car, enfin, il se trouve à avoir le bon modèle.

Le visage certain qui, depuis un instant déjà, anime ses pensées, ses idées. Il a bien essayé, oui, de prendre d'autres gens, d'autres visages, et de réaliser ses projets, ses photographies en leur compagnie. Mais toujours, il y avait ce manque de profondeurs, de vérités et de sentiments. Ce manque de Soan, l'inspiration de tout cela, au final. Le fait d'y avoir droit, enfin, fait battre le coeur encore plus fort et par la même occasion, éveille le bonheur, en lui. Aussi simple que cela. Soan ne doit même pas réaliser l’opportunité qu'il lui accorde, en acceptant la chose. Il ne doit pas savoir, non. Soan se contente d'avoir les yeux qui brillent un peu, assez pour lui faire croire qu'il est réellement heureux de tout cela, mais peut-être qu'au final, il n'a que le soleil qui danse dans ses yeux et y fait naître des reflets certains, des éclats de couleurs. « Oh t'inquiètes pas pour ça, je dors rarement avant deux heures du matin, en général. J'ai une formation à côté du boulot, c'est pour ça que je bosse d'ailleurs, pour la payer. Alors, faut bien que je révise à un moment ou un autre. » Les sourcils se froncent et le photographe, il l'observe attentivement. Il dévisage ses traits, guette un peu la fatigue qui s'y trouve, aussi.

Il l'observe tellement attentivement que la vague, celle qui frappe un peu brusquement, il ne la voit même pas venir. Il n'entend que le cri trop aiguë du petit, et ne voit que la vague qui, trop amoureuse, a abandonné quelques morceaux d'elle contre la peau et les vêtements de Soan. Elle est partie contre lui et pourtant, elle a retrouvé sa place, dans la mer. Étrange phénomène, et pourtant si beau, à la fois. Soan tombe avec elle un instant, et Rafael, dans un mouvement, essaie de l'aider. Soan se redresse seul pourtant, et ainsi, il lui semble plus petit, plus fragile. La caméra s'enclenche d'elle même et la photo, visible un instant, est presque éblouie par le soleil qui luit bien trop fort, derrière. « Elle est un peu froide. » Rafael rit, simplement. Le rire s'efface rapidement et il observe Soan, tout trempé. « Tu d'vrais retirer son t-shirt, tu vas avoir froid comme ça. » Il semble tremblé de froid déjà, à voir sa mine basse et à manière de tordre le vêtement. « Viens, ma serviette est là-bas, je pourrais me sécher puis noter ton numéro au passage. T'es tout rouge en plus, j'ai de quoi te désaltérer. Faudrait pas que tu fasses une insolation. Mais je veux pas te retenir une éternité, surtout si ta famille t'attend. » Rafael capte à peine les mots qu'il prononce, se trouve plus concentrer sur ses mouvements, sur son tremblement. Il se déteste de ne pas avoir un t-shirt sur lui, ou alors sa propre serviette, alors il le suit, simplement. « T'inquiètes pas pour moi, enroule toi dans ta serviette rapidement, plutôt. Tu vas finir en glaçon, j'le vois. » Le photographe essaie d'être amusant, du moins un brin, mais il n'est pas réellement doué à tout ça, au final. On ne sent que l'inquiétude un peu bête dans sa voix, comme dans son regard, si bien qu'il ne suit plus réellement la conversation. « J'ai pomme ou ananas. » Rafael lève un regard surpris vers lui, alor que Soan, adorable, lui tend deux briques de jus. « L'ananas est meilleur, si tu veux mon avis. » Les deux se retrouvent dans ses mains alors qu'il fronce des sourcils. « Ta serviette, sèche toi. » Il la désigne d'un mouvement de menton. Il en vient même à prendre les deux briques dans une main, pour attraper sa serviette et l'enrouler autour de lui, difficilement, mais y parvenant tout de même. Il le couvre comme il peut et de sa main libre, le frictionne légèrement, avant de lui rendre le jus d'ananas. « On dirait que c'est ton préféré, alors prends le. Au pire on fera moitié moitié » Il sourit et ouvre les boissons pour prendre une gorgée, avant de lui sourire. Un instant d'arrêt et il est de nouveau là, en train de lui frictionner les bras, pour le réchauffer.

Sourire maladroit sur ses lèvres quand enfin, il capte son regard. « Je - pardon. » La maladresse du sourire se fait beaucoup plus apparente et il le lâche simplement, pour passer ses doigts dans ses cheveux et observer ailleurs, cachant sa gêne. Rafael rigole un peu, avant de l'observer, encore un peu mal-à-l'aise face à son côté protecteur. « C'est l'habitude, j'dois toujours faire ça avec mon p'tit frère, sinon il se plaint comme tout, t'vois, quand il tombe malade. » Une gorgée de jus encore, pour faire passer le silence, pour oublier sa gêne et sa connerie, dans tout ça. « Tu veux l'voir ? Il est juste là-bas, avec ma mère. Il est chouette. » Toute en parlant, il se tourne et cherche la petite famille sur la plage, grimace en voyant l'amant de sa mère, près de son petit frère.
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MessageSujet: Re: les grains de sable de ta peau (soan)   les grains de sable de ta peau (soan) EmptyVen 28 Mar - 23:03

Le vent est trop fort à des moments, il me fouette les jambes de ses grains de sable. Je les sens s'incruster partout, coller à ma peau et se glisser sous mes vêtements. J'ai horreur de ça. Je vais encore devoir me laver pendant des heures, jusqu'à ce qu'il n'y ai plus une trace de plage sur moi. Je déteste les démangeaisons que le sable me procure. Ma peau est bien trop douce pour le supporter. Il suffit d'un rien pour que je marque. Même gosse, une fois, à la petite école, l'institutrice avait convoqué mes parents. Ils devaient penser, je sais pas, qu'ils me battaient, le soir, quand je rentrais. C'était tellement bête, tout ça pour quelques bleus dans les jambes. Je faisais seulement du vélo. Les pédales claquaient contre mon épiderme et faisaient de moi un dalmatien. Foutue fragilité. Mes doigts se posent contre mon visage, pour me protéger du vent et de sa violence. La serviette qu'enroule Rafael autour de mon corps est comme une grande carapace. Je m'y perds alors que ses doigts se posent contre celle-ci pour y faire fuir l'humidité. Je fronce les sourcils, dans un premier temps, surpris par sa réaction. Je le regarde, sans oser bouger ou lui dire qu'il va finir par m'irriter. En réalité, Raf pourrait bien être en train de me casser un bras que je n'oserais pas lui faire remarquer par peur de le voir s'en aller. C'est idiot, de lui donner le droit de me détruire. Je me fiche bien du respect, moi. Je n'en ai presque jamais eu, j'y suis habitué. Je suis le jouet un peu laid que l'on aime jeter d'un bout de la pièce à un autre. Je suis ce vieux chiffon que l'on ne se sert que pour faire la poussière. La moindre attention est bonne à prendre. Je ne suis pas sur cette plage pour faire le difficile, bien au contraire. Mon cœur atrophié n'attendait que ça depuis des années. Il est en fleur, soudain, sous ce rayon de soleil Rafaelien.

« On dirait que c'est ton préféré, alors prends le. Au pire on fera moitié moitié » Maladroit et encore tremblotant, je prends la peine d'attraper la boisson Ananas pour en boire quelques gorgées. Je peine à tirer sur la paille tant mon corps peut-être tendu sous son contact. Je manque même de m'étouffer, dans un premier temps, avant de me détendre légèrement. Juste assez pour ne plus avoir la gorge formant un nœud insupportable. « Oui moitié moitié, si ça te dérange pas. J'ai les dents propres et l'haleine fraîche, tu risques rien. » Je lui lance ça, sur un ton bas, à peine audible. Toucher la même paille que Rafael c'est un peu comme un baiser indirect si on y réfléchit bien. Et rien que ça, ça me donne envie de rougir et de bien plus encore. J'ai les hormones qui me jouent des tours à force de fantasmer sur son image parfaite. « Je - pardon. » Mon regard se pose sur sa main qui trace sa route. La voilà qui se perd dans le vide pour retrouver son propriétaire. Je soupire et relève les yeux vers lui. C'était trop beau pour être vrai, finalement. Deux minutes top chrono de pseudo caresse, c'est un bon début. Ou mieux que rien. Voyons le bon côté des choses. « C'est l'habitude, j'dois toujours faire ça avec mon p'tit frère, sinon il se plaint comme tout, t'vois, quand il tombe malade. » Je me concentre sur ma paille en prenant soin de ne pas terminer tout le jus et le regarde, à nouveau timide. J'abandonne la brique sur mon sac, un moment, afin d'essuyer mes cheveux eux aussi trempés. J'exerce des mouvements délicats, comme ça, avec l'envie d'enrouler le tissu sur ma tête, comme à la maison. « T'as pas à t'excuser pour ça. Ce sera grâce à toi si je ne tombe pas malade. » Petit sourire, un peu perdu. Je n'ai plus les mots et les seuls que je parviens à lui donner sont inutiles. Je ne veux pas qu'il pense je ne sais quoi.

« Tu veux l'voir ? Il est juste là-bas, avec ma mère. Il est chouette. » Petit frère, mère, c'est déjà beaucoup trop. Ça ressemble bien trop à une famille pour ne pas m'effrayer. Mon teint doit même devenir pâle sur le moment. Ma mère, ça fait bien longtemps qu'elle n'est plus venue me rendre visite. La famille en général, j'ai oublié ce que c'était, depuis le temps. Pourtant, sur le moment, je me vois incapable de lui refuser quoi que ce soit. Imaginez qu'il vienne à croire que je suis un sauvage. C'est un peu le cas mais là, ça fait tout simplement malpoli. Je préfère mourir que de le couper dans sa proposition. Alors, encore bien mouillé, je laisse tomber la serviette au sol et rattrape la jus de fruit. Mes cheveux partent dans tous les sens mais j'essaie de ne pas me concentrer, ou du moins, pas tout de suite. Dans un premier temps, je lui tends l'ananas pour attraper la pomme et obtenir mon fameux baiser indirect. « Oui euh … on peut faire ça. » J'ai les mains tremblantes alors que je bois quelques gorgées de boisson pour rafraîchir ma langue cartonnée. « Laisse moi me coiffer et on y va. » Me voilà encore à chercher dans mon sac pour y attraper mon peigne lavande et remettre ma chevelure en place. Je dois être la seule personne sur cette plage à me recoiffer par ce vent d'enfer. Je dois être le seul à me coiffer ici, tout court.

« Je risque d'avoir l'air bête. Je ne suis pas doué avec les enfants. En général ils ne m'aiment pas. » Rire, alors que j'entreprends un nouveau pas vers Rafael. Mon regard tente de suivre le sien et se pose sur un gamin au loin. Il y a au moins dix rangées de serviettes à traverser. Dix rangées, c'est énorme. J'ai toujours peur de mettre du sable dans la figure de quelqu'un. Ça m'est arrivé une fois, lorsque j'étais plus jeune, par mégarde. Un homme de deux mètres de haut m'avait engueulé de tous ses poumons. Depuis, c'est la panique. Et ce doit être pour ça que mes doigts s'enroulent sur le bras musclé de Rafael. Je suis là, je deviens son ombre. Ceux qui crient auront ses poings dans la figure. Je ne suis plus seul face à la foule. J'ai un tas de force avec moi, maintenant.
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