En ce moment, tandis qu'elle marchait le long du trottoir du quartier Point Loma, Jill Carpenter comprit qu'elle vivait un véritable cauchemar. Déjà de perdre la fortune familiale qui faisait d'elle, la femme parfaite, l'avait complètement jeté à terre, détruisant tout ce qu'elle croyait et exigeant un renouveau de sa vie entière. Prendre un boulot de serveuse dans ce pitoyable bar faisait partie du plus complexe des points. La belle blondinette ayant toujours été servie par divers employés n'acceptait pas son nouveau statut de bas niveau et en plus de cela, elle devait partager une petite maison qui risquerait de faire la superficie totale de son ancienne chambre à elle seule. Si on pourrait croire que la malchance ne venait pas seule, le chauffeur de taxi qui devait la conduire jusqu'à l'adresse où une chambre lui était réservée se trompa et inversa deux chiffres, laissant Jill seule sous une pluie battante et deux grandes valises à la main. Dix minutes passèrent avant que la pauvre innocente trouva la maison en question. Les cheveux collés à son visage, la blondinette monta les marches du perron et toqua à deux reprises à la porte, se disant qu'elle avait réellement toucher le fond du baril cette fois. Déjà la façade la propriété - bien que simpliste et entretenue - paraissait si indigne de sa personne. Par chance, l'autre locataire avait accepté de la prendre en discutant seulement par téléphone suite à la petite-annonce dont Jill avait répondu. Patientant devant la porte d'entrée, l'ancienne héritière se mordillait les lèvres de colère. Comment son père avait-il pu arriver jusqu'à frauder toutes ses personnes et faire perdre la fortune aux Carpenter. Sa vie s'écroulait littéralement devant elle sans compter que son petit-ami l'avait laissé, qu'elle devait payer encore beaucoup de papiers, mais surtout, que désormais, elle faisait partie de la basse société. Quelle calvaire !

Rebecca n’avait pas mis long feu avant de comprendre qu’elle manquerait d’argent pour subvenir à tous ses besoins…au moins elle avait un toit totalement payée, que sa grand-mère lui avait laissée… seulement l’électricité, l’internet, sa voiture et toutes les autres dépenses – y compris celle de se nourrir bien évidemment- ne fournissait plus avec son job de bibliothécaire. Certes elle avait commencée à poser des petites annonces pour offrir ses services de femme de ménage dans le quartier, simplement personne ne l’avait encore contacté pour le moment. C’est donc avec regret qu’elle se mit à la recherche d’un colloque pour l’épauler dans ce grand changement de vie. Elle n’avait pas eu que des gens bien, un homme plutôt âgé c’était même présenté avec une poupée gonflable, qu’il qualifiait d’épouse. Seven trouvait ça plutôt cocasse, elle avait même jouée le jeu et proposée une tasse de thé à ce morceau de plastique, mais c’était vite rendu compte que ce malade la regardait d’un très drôle d’air. Elle avait fait semblant de faire sonner son téléphone pour dire que son grand père faisait présentement une crise cardiaque. Enfin, elle s’en était sortie pas trop mal avec une jeune femme qui l’avait téléphoné peu de temps après. Seven était en train d’arroser les fleurs de sa salle à manger lorsqu’on toqua à sa porte. Bien enjouée, la brunette gambada jusqu’à la porte d’entrée et l’ouvrit en grand pour y voir une jeune femme, probablement la nouvelle locataire. Elle était toute jolie malgré la pluie qui devait s’être abattue sur elle. Bonjour, j’imagine que tu es Jill? Entre, vas y te gênes pas c’est chez toi aussi ! Elle se poussa sur le côté pour laisser entrer la jeune femme. Tu vas voir c’est pas la plus grande des maisons, mais elle n’est pas minuscule non plus et tous mes trucs y rentre! elle jeta un coup d’œil vite fait à la pièce. Il est vrai que je n’ai pas beaucoup de chose, c’était tout à ma grand-mère, elle est décédée y’a peu de temps…elle était tellement vieille! Seven avait les yeux illuminés comme toujours.

En attendant devant la porte, Jill commençait à trouver la sensation trempée plutôt désagréable, elle qui avait une indignation pour les cheveux qui frisaient sous la pluie, en ce moment, elle devait ressembler à la fiancée de Frankenstein. La honte lui montait à l'esprit, sa nouvelle colocataire la verra sous son plus mauvais jour dès leur rencontre. Elle souhaitait se faire accepter malgré tout. Finalement, lorsque la porte ouvrit, elle y découvrit une jolie brunette qui s'illumina aussitôt de sa présence. Jill afficha un petit sourire et entra dans la petite maison, fixant les alentours en attendant que la jeune demoiselle termine ce qu'elle avait à dire. « Ouais, je suis bien Jill. Merci de m'avoir acceptée, disons que c'était soi toi ou la vieille Becherman de la soixante-douzième et j'ai horreur des chats ! » Dit-elle en fixant autour. « J'espère que vous n'avez pas de chats ? » Dit-elle subitement. « Je comprends ! Les personnes vieilles sont beaucoup mieux six pieds sous terre que dans notre monde, à croire qu'ils existent que pour nous pourrir la vie. Tu peux laisser mes valises dans le rez-de-chaussée, ne t'inquiète pas, je ne t'en voudrais pas si tu les montes plus tard ! » Elle lui montra un sourire, désirant la mettre à l'aise. En observant le salon, elle serra les dents en tourna la tête vers Rebecca. « Petit. Tu n'exagérais pas au téléphone, même le lit de la chambre de Rosa n'entrerait pas dans cette pièce et c'est quoi ça ? L'appareil qui permettait à votre grand-mère de pouvoir respirer de son vivant ? J'ai vu une fois à la télé une vieille femme qui survivait grâce à ce genre d'appareil. » Dit-elle en hurlant face au petit téléviseur à antenne qu'elle vit sur la table au fond. Jill n'avait jamais vu ce genre de téléviseur, habituée aux hautes définitions et surtout aux écrans supérieur à 60 pouces.

La brunette regardait avec passion la jeune femme qui venait d’entrer dans la maison. Finalement vivre avec quelqu’un n’allait pas être si mal que ça, ça lui ferait une copine avec qui parler durant les longues journées de pluies et une amie avec qui aller faire les magasins – le jours où elle ne serait plus faucher-. Enfin, la brunette s’avança vers le salon pour laisser de l’espace à la jeune femme. La jeune femme répéta, les sourcils froncés : la vieille Becherman de la soixante-douzième puis répliqua aussitôt; Connais pas, mais moi j’adore les chats, il faudra t’y faire! Elle tourna sur elle-même, tenant le bout de sa robe pour ensuite sourire à pleines dents. Monsieur Moustaches ! C’était le nom de son chat. Mais t’en fais pas, il est vieux et paresseux, on ne le voit jamais…c’est bizarre en fait… parfois je me demande s’il ne se cache pas de moi, je l’ai à peine vue depuis un mois! Peut-être qu’il est seulement traumatisé d’avoir perdu mamie aussi… je sais pas! Enfin, la brune continuait de sourire, écoutant le reste de ce qu’avait à dire la jeune femme. D’accord pas de soucis, laisses les là! Dit-elle, n’ayant pas comprise qu’on la prenait pour une bonniche. Elle mit ensuite quelques secondes à comprendre de quoi voulait parler al blondinette, mais fini par s’exclamer; Ohh ça, non c’est la télé ! Elle fonctionne bien tu veux voir? Elle s’approcha puis pesa sur le gros bouton métallique avant de donner un gros coup de poing sur le côté. Une image apparue alors, non pas parfaitement nette, mais tout de même là. Tu vois, moi ça me va je ne suis pas tellement télé, sauf quand il pleut, là j’ai besoin de regarder sinon je tourne en rond et je ne sais plus où me mettre! Elle éclata de rire avant de se laisser tomber sur le canapé. Rosa, c’était ta maman? Elle devait être très grosse! Dit-elle, faisant référence au super lit que venait de faire référence la blonde.

Cela faisait quelques minutes que Jill Carpenter avait entré dans la demeure qu’elle habiterait surement un bon moment, elle ne s’imaginait pas la vie qu’elle aurait désormais. Vivre sans argent, sans serveur et femme de ménage, elle allait souffrir. Déjà, l’état des lieux dégoutait un peu la blondinette qui conservait un faux et grand sourire sur son visage, baladant ses yeux de gauche à droite tentant de camoufler un peu le dégoût qu’elle éprouvait face à cette petite maison. Dès que Rebecca lui avoua avoir un chat, Jill se crispa sur place. Elle se mit à observer de gauche à droite, ne souhaitant pas se faire attaquer par la bête en question qui – selon les dires de Rebecca – ne sortait presque jamais de sa cachette. « Et bien, s’il se cache, c’est tant mieux… » Et si je l’écrase durant la nuit aussi, pensa-t-elle en dévoilant un petit sourire. « C’est une bien triste histoire. » Tout le monde aurait cru que Jill parlait de l’histoire de Rebecca, sa grand-mère et son chat, mais non, elle balança ses paroles en parlant de la télévision. S’approchant de cette dernière, elle fixa un moment l’écran confuse. « Tu as Channel 10 au moins ? ou Mode Inc ? Parce que je raffole de leurs séries… et c’est possible d’avoir le HD sur cette chose ? » Demanda-t-elle, ne se doutant même pas que ce spécimen était presque plus vieux qu’elle, donc, très loin de la nouvelle résolution d’écran. La question que lui posa sa nouvelle colocataire sur le lien qui l’a réunissait à Rosa offusqua un peu la blonde qui répondit un peu sèchement à son hôte. « Non, c’était ma bonne. Rosa adore s’empiffrer devant ces dramas Latino, alors oui, c’était une grosse vache, mais elle nettoyait les draps comme personne et après tout, être grosse et laide, c'était son travail ! » Dit-elle en souriant. Rosa lui manquait beaucoup. « Et ici, la femme de ménage se nomme comment ? » Questionna-t-elle pour en apprendre plus sur son nouveau foyer, mais surtout pour faire la liste des tâches et des règles qu’elle souhaitait instaurer à cette nouvelle bonne.