CLYDE ZIEGLER.
UNE SOIREE DE PLAISIR, DIX-HUIT ANS DE GALERE. LIEN AVEC ALMA VALHALLENS.La nuit était tombée depuis un bail. Comme chaque
samedi soir, Alma avait fait des pieds et des mains pour que
son frère l'emmène avec elle en soirée. Le même schéma se dessinait encore et encore. Il répondait par la négative, elle lui faisait des yeux de cocker, il roulait des yeux, faisait une remarque sur le peu de tissus qu'elle portait sur elle et finissait par abdiquer. Il râlait parce qu'elle mettait trois plombes à se changer, gueulait parce que son décolleté était trop plongeant, lui balançait une écharpe pour qu'elle cache ça devant ses potes, puis ils finissaient par quitter la maison. Deux kilomètres plus tard, ils se retrouvent dans
cette baraque, sans savoir vraiment à qui elle appartient. Comme le rituel veut,
toute la bande de son frère a répondu présent. Il y avait Taj, le meilleur pote, Roucky, la p'tite copine, et caetera. Des visages familiers, d'autre un peu moins. Ses yeux caressait la pièce, espérant le voir. Bingo. Dans le fond de la pièce,
il était là. Une bière portée à ses lèvres, les yeux rieurs.
Caesar. Son coeur battait à rompre alors que son regard croisa le sien. Il secoua sa canette pour lui dire bonjour, elle répondit avec un sourire. Ouais, elle passait pour une adolescente dans son comportement. Elle voulait le récupérer,
elle le voulait. Lui, et pas un autre. Sa perfection. Après tout, elle en était encore une. Son sourire s'évanouit à la vue d'
une tête blonde s'approchant de l'objet de ses convoitises. Agrippée à son bras telle une sangsue, sourire aguicheur, une sale pimbêche.
Ses lèvres contre les siennes, elle crut défaillir. Il n'avait pas perdu de temps. Elle se sentait tel
un pantin dont Caesar tenait les ficelles. Un profond soupir, ses yeux se lèvent vers le ciel et elle prend la poudre d'escampette. Dehors, le vent soufflant sur sa peau lui rafraîchit les idées. Elle s’assoit au fond du jardin, sur la balançoire prônant ici. Elle se balance, le regard dans le vide.
Une larme, deux, trois. Son visage ressemble au titanic qui sombre peu à peu. Une silhouette se distingue dans ce brouillard de larmes. Un point lumineux aussi. Elle essuie ses larmes derechef. «
hey mini-jay, t'aurais pas vu ton frère ? parce que là j'suis à cours de... » lançait-il, s'arrêtant au moment où elle leva les yeux vers lui. Il était là, planté comme
le con qu'il était. «
c'est caesar, c'est ça ? » demandait-il, tirant sur son pétard, s'installant sur la balançoire d'à côté. Elle acquiesça, restant dans le vague. Après tout, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre ? Elle n'était que '
la petite soeur de' après tout, tout le monde se fichait royalement de ses états-d'âme. Et puis
Clyde était un connard pure souche. Pas étonnant qu'il soit pote avec son frère. Il lâcha un soupir. «
c'est qu'un con. mais bon, t'étais au courant quand t'es sortie avec, alors bon. » continua-t-il, haussant les épaules. Bravo Clyde, toi tu sais réconforter les nanas. Typique du jeune homme. Clyde, c'était le genre de mecs qui en avait rien à foutre des pleurnichards. Il y avait déjà assez de bordel dans sa vie pour s'occuper de celle des autres. Remonter le moral des troupes, c'était pas son truc. Il préférait pester dans son coin en fumant son pétard. «
et puis sa nana, c'est une vraie nunuche. bonne qu'à rire comme une bécasse et à... enfin, tu vois s'que j'veux dire. j'parle en connaissance de cause hein. » finit-il par dire, un léger sourire sur les lèvres. Cette réflexion eut le don de la faire rire la jeune femme qui se tortillait sur la balançoire. Cette blonde là, c'était
son ex. A lui. Dans le fond, il avait vécu la même chose qu'elle, mais le prenait différemment. Clyde se releva, se postant face à elle,
ouvrant les bras. «
bon... viens ici, j'vais pas rester toute la nuit les bras comme ça. » lança-t-il, recrachant la fumée. Elle s’exécutait, se blottissant dans ses bras. Il la serra, passant ses mains dans ses cheveux.
Un baiser sur sa joue, puis deux, puis trois. Leur regard se croisèrent. Il déposa
un baiser sur ses lèvres, brutalement, comme une pulsion incontrôlable. Ses prunelles se plongèrent de nouveau dans les siennes. Cette fois-ci, ce fut elle qui fit le premier pas. Il l'attrapa par les hanches et ils se laissèrent tomber sur l'herbe, s'apprêtant à passer
la plus grosse erreur de leur existence.
Maintenant, elle se retrouve là, dans les toilettes du lycée, un
test de grossesse à la main. Il est
positif, elle vient de prendre un coup de massue. Qui plus est,
Clyde la harcèle pour qu'elle la ferme et qu'elle ne balance pas leur
nuit de folie à son frère. Pas sûr que l'un ou l'autre saute de joie à l'annonce d'un
nouveau Valhallens dans la fratrie.