J'étais crevé. Je n'aspirais plus qu'à rentrer chez moi et vite. J'adorais mon boulot, il était épanouissant et ça avait valu le coup de bosser durant des années pour finir par devenir chirurgien, mais c'était fatiguant. En fin de soirée, je voulais juste retrouver mon lit. Au moins, je dormais bien. Mes nuits étaient soit trop courtes, mais délicieuses. Enfin, là j'avais personne avec qui dormir, ce qui gâchais nettement mon plaisir. Je ne savais plus comment être célibataire. J'avais envie de me faire un peu bichonner, mais j'allais devoir me bichonner moi-même. J'alluma le contact de ma voiture et mit la musique, espérant qu'elle allait me tenir debout. Ma mère n'aurait pas été très contente de me voir ainsi, imprudent, mais en même temps, elle avait toujours voulu que je dorme sur de bons matelas aussi, non ? Je n'avais vraiment pas envie de dormir sur place. Une chanson pourrie commença. Je levais les yeux au ciel en continuant de rouler. Je devais lutter pour garder les yeux ouverts et je commençais à devenir responsable en songeant à faire demi-tour lorsqu'une silhouette, sortie de nulle part, du moins pour moi c'était tout comme, se dessina sur la route. J'ouvris grand les yeux et freina de toutes mes forces. Bon sang ! J'hurla dans ma voiture à la fille de bouger, mais visiblement elle était sonnée. Par chance, je m'arrêta juste à côté d'elle. Je poussa un soupire de soulagement, mon coeur battant vite tout à coup. Je descendis de ma voiture et commença à me faire engueuler. Hum. Je la reconnu rapidement. Non. Pas elle. J'allais en entendre parler de ça et durant longtemps. Je la rejoignis en m'efforçant de ne pas rentrer dans son jeu, sinon j'allais m'énerver. Au moins, maintenant, je me sentais vraiment réveillé. Et en colère. Je venais d'éviter de peu de la renverser, alors j'aurais sans doute dut m'inquiéter pour elle et la ramener à l'hôpital, mais tout ce que j'arrivais à penser c'est que cette fille était une foutue emmerdeuse. Je ne t'ai pas touché, tout le monde va bien, c'est tout ce qui compte répliquais-je d'une voix calme, la même que celle que je prenais avec mes patients adultes, enfin, en nettement plus froid quand même. Je prenais sur moi là. J'aurais put m'arrêter là, ne pas vouloir être celui qui a raison, au moins sur un point. Mais non. J'étais fatigué, j'étais un Hippo fatigué, mais j'étais quand même Hippo. Et Hippo aime avoir raison. Enfin, j'arrivais pas super vite non plus, je doute que tu ai regardé avant de traverser arguais-je en croisant mes bras sur mon torse. J'avais froid et ma veste était dans la voiture. Enfin, en même temps, j'allais pas rester dehors trois plombes, n'est-ce pas ?

Elle n'a pas franchement l'air super heurese de me voir lorsqu'elle me reconnaît alors que je sors de la voiture. Faut dire que je l'ai jamais supporté et pourtnat, je ne suis pas le genre de gars qui bnai les petites soeurs des potes, ayant longuement eut les miennes dans les pattes de mon côté. Voilà qu'elle critiquait mon physique. Hu. Elle s'était vu ? Hystérique, mal luné et elle avait vraiment pas l'air au top non plus. Abandonnant toute tentative de m'inquiéter pour elle, car visiblement, elle allait bien, je répondis, sèchement. Non, là tu es en train de confondre avec toi. J'ai une tête de déterré car j'ai bossé toute la nuit à l'hôpital et que je rentrais dormir, sauf que, voilà je tendis les bras histoire de la désigner, elle, ce monumental boulet sur mon chemin. C'était puéril et je faisais tout de travers. C'était vraiment pas l'attitude à adopter par un médecin sauf que je l'étais plus jusqu'à demain matin, enfin j'avais pas à me conduire comme tel. Je me mordis la lèvre. Soit, j'aurais put m'excusé, mais elle était si imbuvable, ça donnait vraiment pas envie. Désolé, j'ai toujours eu un peu de mal à rester courtois en présence de personnes insupportables, je suis pas assez évolué pour accepter de me faire enguirlander avec le sourire. Comment-est ce que son frère pouvait la supporter ? Enfin, cette pensée était sans doute réciproque de son côté, mais ça, je m'en moquais pas mal. Je rejetais ensuite la faute sur elle, enfin partiellement. Mais j'avais quand même raison, non ? Elle était pas toute blanche pour autant. J'aurais put remonter dans ma voiture et la laisser là. Je veux dire : elle n'était pas blessée et ça aurait sûrement été plus mature, au lieu de se lancer dans une querelle sans queue ni tête. J'avais tellement  mieux à faire, à savoir rentrer dormir, comme un gentil petit garçon. Mais rétorquer me démangeait. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser croire qu'elle avait raison. En voilà une façon de raisonner bien stupide lançais-je de but en blanc. Bon, voilà, les deux pieds dans les plats et j'y sautais de bon coeur. Je pensais ce que je disais et je la trouvais de particulièrement mauvaise foi. Elle essayait de me refourguer toute la responsabilité en se cachant derrière des principes qui, dans notre contexte, n'étaient que des broutilles. De un, je ne t'ai pas touché, alors arrête de nous la jouer mélodrame, c'est pas mignon, juste pathétique et de deux, tu es bien bête de croire que un passage piéton va te mettre à l'abris. Les conducteurs ne sont pas parfaits et si les piétons pouvaient être un tantinet futé en s'intéressant au monde qui les entoure, peut-être qu'ils se feraient moins rouler dessus j'avais haussé le ton sur la fin. Non mais elle était chiante, à la fin.

J'aurais définitivement du dormir à l'hôpital. De un, je serais déjà endormi comme un bébé, en ce moment et de deux, je ne l'aurais pas vu, elle, de la journée. Elle allait pas se gêner pour raconter à mon pote que j'avais faillit l'écraser et j'allais me prendre un gentil savon. Je pouvais le comprendre, même si la personnalité de Samantha me filait sérieusement des boutons. Même si j'aimais mes amis, genre très fort, je savais pas qu'elle serait ma réaction en apprenant qu'ils avaient menacés la vie d'un membre de ma fratrie, n'importe lequel. Je répondais plus de moi dans ce genre de situations. Prenant conscience de ça, je m'efforçais de me calmer et de réagir comme le grand garçon de vingt-huit ans que j'étais; Enfin, ça aurait plus facile si elle voulait bien la fermer un peu : chacune des paroles qu'elle prononçait me donnait purement et simplement envie de l'étrangler. J'attendais qu'elle finisse de parler, car j'étais fatigué et que je n'avais pas envie de me disputer, même si à l'évidence c'était trop tard maintenant. Elle me prenait la tête, elle me filait mal à la tête, à me crier dessus comme ça. J'avais jamais aimé qu'on hausse le ton avec moi. J'acceptais ça de la part de mes parents, mais d'une gamine, c'était franchement limite. Je voulais rester calme, mais elle me posa une question et je leva les bras en l'air, au bord de la crise de nerfs.  Oui ça m'emmerderait ! Et oui tu m'emmerdes ! Criais-je à mon tour. Ca me faisait du bien, de gueuler un peu. Je m'étais contenu toute la journée, y compris en compagnie de personne m'énervant. C'était bon de dire u peu tout ce que je pensais et si en plus ça pouvait la faire taire, j'avais tout à y gagner. Je lâcha un gros soupire, me calmant un peu. On était encore près de l'hôpital et j'avais pas envie d'être le docteur qui beugle et qui fou la trouille aux patients qui ont laissés leurs fenêtres ouvertes. Désolé de t'avoir fait flipper, mais moi aussi j'ai eu la trouille d'accord ? Moi aussi j'étais à deux doigts de me pisser dessus. Répliquais-je plus doucement, mais d'une voix encore très sèche. Mais ça va, on a eu de la chance tous les deux. Voilà. Qu'est-ce que tu veux de plus franchement ? Et si tu te sens mal, je t'amène à l'hôpital, mais arrêtes !