Les champis, c'est la vie (taj)

Invité

Les champis c'est la vie !

ft. The Brain & The Jew

Assis sur leurs planches, Eli et Taj guettent les vagues. Ca doit bien faire deux heures qu'ils profitent de l'océan. Ou plus. Il n'en sait rien, il a tendance à perdre la notion du temps dans ces moments-là. Ces moments de pur plaisir ou rien ne compte à part la glisse. Se retrouver le dimanche pour surfer est devenu une sorte de rituel, et pourtant ça fait plusieurs semaines que ce n'est pas arrivé : entre l'hiver et ses caprices, et les gueules de bois à cause des samedis soirs, ils ont raté quelques séances. Le jeune Cohen est ravi de pouvoir enfin dompter les vagues -ou de se faire dompter- en compagnie de Taj. Il pensait qu'ils seraient rejoints par d'autres membres de la bande mais ce n'est pas le cas. Qu'importe. Le temps est idéal et les vagues monstrueuses. Ils n'auraient pas pu espérer mieux. On est bien en Californie, quand même. Le Soleil fait plutôt convenablement son boulot pour la saison. Les apprentis surfeurs sont absents face à ces vagues féroces. C'est parfait pour eux, ils ont le champ libre : ne pas avoir besoin de faire attention aux débutants qui te coupent la route, c'est agréable. Eli se dit que Jay est vraiment trop con de rater ça. Il est sûrement avec Sully étant donné qu'il n'a pas répondu à son texto. Tant pis pour lui. S'il y a bien une session à ne pas manquer c'est celle-ci. Car, le jeune Cohen, a encore mieux à offrir que l'océan. Son boss l'égorgerait sans aucun doute s'il apprenait qu'il a accepté un petit cadeau de la part d'un des clients. Et ce n'est pas n'importe quel cadeau il s'agit là de champignons hallucinogènes de première qualité. C'est tout en cas ce que le tatoué a affirmé. En âme charitable, Eli avait immédiatement prévenu Taj et Jay par texto pour leur annoncer la bonne nouvelle. Ca changeait de la weed et de l'E quand même.

Eli n'en aura jamais assez. Il n'étanchera jamais sa soif de vagues et de l'océan mais aujourd'hui il est également impatient de tester les petites merveilles de son client. Alors, lorsqu'une magnifique vague se présente, le jeune surfeur décide qu'elle sera la dernière de la journée et qu'il se doit de finir en beauté. Il rame, vite, puis se redresse et le voilà debout sur sa planche. Après quelques virages pour acquérir suffisamment de vitesse, il remonte la vague et s'élance dans les airs. Les aérials c'est son truc. Les tubes, moins. Ca lui rappelle le skate. Il attrape le bord de son surf avant de retomber relativement élégamment sur celui-ci. C'est bon, il est satisfait, il peut sortir de l'eau sur une note positive. Il rejoint la plage et passe une main dans ses cheveux mouillés. Taj le suit de près. « C'était une putain de bonne session. » lance-t-il tout sourire. Malgré quelques ratés dus à sa témérité, il n'a pas été mauvais aujourd'hui. Arrivé à leurs affaires, il pose délicatement sa planche sur le sable. C'est son dernier bébé, il a économisé pendant des semaines pour pouvoir se l'offrir. A peine customisée, il a un tas d'idées en tête pour l'améliorer mais n'arrive pas à se décider entre tous ses motifs. En attendant qu'il fasse un choix, elle restera vierge. Ou presque. Il enlève sa combi et se sèche rapidement. « Prêt pour une toute autre expérience ? Le type m'a dit qu'ils agissaient en moins de dix minutes et que l'effet pouvait durer des heures. » On peut sentir la curiosité et l'impatience dans sa voix. Le reste de la journée s'annonce tout aussi intéressant si ce n'est plus.

Les vagues s'étaient un truc qu'on avait souvent partagé. On aimait bien narguer les amateurs, les petits débutants qui n'arrivaient pas à tenir sur leur planche plus de huit secondes. Pas avec arrogance non plus, c'était pas trop notre genre, mais on était quand même fiers du niveau qu'on avait acquis au fil des années. Alors quand on le pouvait, le dimanche en général, on se rejoignait sur la plage afin de s'amuser un peu. Mes études me prenaient pas mal de temps mais le fait de vivre en colocation avec mon meilleur pote était un avantage incalculabe, on se voyait souvent, chaque jour ou presque, et puis il y avait Eli, membre indispensable de notre trio. Je savais pas trop où était Jay, j'avais pas hésité en voyant l'invitation de Cohen, et j'avais pensé qu'il nous rejoindrait plus tard. Faux. Enfin pour l'instant, aucune trace de Jay et je ne comptais pas l'appeler dix fois dans l'espoir qu'il réponde. Tant pis pour lui.

Bref on avait plus ou moins fini de surfer, la plage était assez déserte pour un jour comme celui-ci, il faisait plutôt chaud, le soleil tapait, c'était l'hiver en Californie quoi, une des raison pour laquelle je ne quitterais probablement jamais ce pays de tarés. J'enlèvais ma combi en hochant la tête aux dires de Eli. En effet, on avait eu de la chance. Les vagues étaient bonnes aujourd'hui et il n'y avait pas grand monde, de quoi en profiter au maximum. Et puis Eli qui manifestement avait pas oublié pourquoi on s'était rejoint aujourd'hui, commença à me parler de ces fameux champis auxquels il voulait me faire goûter. J'esquissais un sourire, curieux et impatient d'en savoir plus, de goûter. " Tu m'étonnes. Bien sûr que j'suis prêt oué. " répondis-je en m'asseyant sur ma serviette. J'étais plus que prêt même. J'étais pas un grand fan des hallucinogènes. Au contraire. Je détestais pas ça, j'avais testé quelques fois mais je préférais les effets plus softs. J'étais un inconditionel de la weed. Les effets et le plaisir de rouler un joint était pour moi incomparable au triste fait d'avaler un cacheton. Je préférais le cannabis parce que c'était beaucoup plus sain. Même si on qualifiait ça de drogue 'douce'. Je suivais Eli des yeux, attendant qu'il sorte de son sac les précieux sésames : les champis. C'était une expérience à la fois excitante et flippante. Il pouvait arriver n'importe quoi. Réellement. Ou presque. Et j'avais toujours peur de faire une connerie, on entend toujours des on-dit, des rumeurs, des " j'ai un pote qui connait un pote qui en a pris une fois et tu sais.. " alors quand c'est notre tour. On se pose des questions quand même. " On passera à l'appart au pire plus tard, peut-être que Jay y sera. Histoire de lui faire regretter cette expérience sans nom ! " m'exclamais-je avec entrain avant d'ajouter " Je suis flatté de vivre ça avec toi. Vous êtes pas si radin que ça finalement, les juifs. "