LOVE IS A FOUR LETTER WORD
La renverse. Le cœur de Kadaj retombait presque dans son estomac lorsque trois petits coups assez timides frappaient à la porte. C’était pas habituel, pourtant il allait devoir s’y habituer. Il flottait maintenant, le cœur dans la paume, du canapé jusqu’à l’origine du bruit, quelque peu agacé. Des images d’un épisode du Roi Lion qu’il avait regardé un minimum de deux-cent fois dans sa vie défilaient dans l’écran de télé, les répliques qu’il mémorisaient et récitaient pire que naturellement résonnait elles aussi. Les burgers sur la table basse ainsi que le Coca semblaient se réjouir d’un peu de présence humaine en plus, ils devaient sûrement en avoir marre du petit Toad qui ne faisait que semblant de les savourer. Bref. Après quelques secondes de réflexions hâtives, il ouvre la porte sans demander qui c’est, faussement persuadé qu’il a de quoi se défendre. Puis il recule, trop vite, instinctivement, son cœur dédouble de vitesse, quand il croise se regard si fauve, il y a comme un torrent fou dans ses veines. « Il parait que tu cherches un colocataire ? » BOUM. Quelle voix. Haussement de sourcil, il tente de réfléchir, mais déjà que c’est difficile pour lui dans les situations assez normales, les mots s’emmêlaient comme des fils d’écouteurs dans son cerveau. Il était beau, magnifique, fabuleux. Il était toutes les belles choses du monde, il était le monde, la vie. Il était un homme. Un homme qui rendait Kadaj amoureux, trop vite, dès la première seconde. Coup de foudre ? LOL. Un rire léger, gêné, transperça ses lèvres alors que l’inconnu demeurait dressé devant la porte, avec une valise à ses pieds. « Pardon ? » Il pensait que c’était une blague, un coup merdeux. Mais vraiment à chier. Timon et Pumba chantait en chœur « hakuna matata », l’inconnu lui contemplait ses orteils, normal quoi. L’atmosphère devenait lourde, et Kadaj était presque tenté de lui fermer la porte au nez, mais aussi étrange soit-il, il n’y arrivait pas. « En fait, c’est Saga qui m’envoie. » Ah. Tout s’explique. « J’peux entrer ? » Non, non, non, non. On fait pas entrer les inconnus, bordel. Il ne s’accorde à peine un temps d’hésitation, alors qu’il devrait. Et même s’il pense l’inverse dans sa tête, il finit par souffler un : « Fais-comme chez toi. » Qu’il regrette aussitôt. Le bel inconnu entre, il danse comme un drapeau dans les airs, comme un oiseau qui fait son numéro. Même dans sa manière de marcher, Kadaj y voit la liberté, la danse. Très rapidement, chaussures et haut sont retirés. Il fait comme chez lui, ouais. Il est torse nu, splendidement, c’est difficile de détourner son regard de ce corps dessiné des Dieux. « Je connais pas directement Saga, mais il m’a dit que t’avais besoin d’une moitié pour payer le loyer. » D’une moitié ? Pas vrai, mais pas si faux. C’était vrai et faux. « J’m’appelle Drizzle. » Impassible, il est impassible. On aurait dit qu’il n’a pas de cœur, ou bien que son cœur est défaillant, le Drizzle. Il regarde Kadaj, le mange du regard presque, puis détourne vite ses pupilles enflammé quand il se rend compte de sa faute, pour finir par poser ses yeux sur l’écran de télévision. « Kadaj. » Pour faire court. Il culpabilise, d’avoir envie de toucher quelque chose d’inconnu, pour voir c’que ça peut faire. Il pense que c’est pas bien. Mais ses adieux aux règles, il les faits depuis longtemps. « Je sais… » Drizzle devient presque doux, et le cœur de Kadaj se serre dans sa paume, se débat pour retourner dans sa cage thoracique, en vain. « Tu peux prendre la deuxième, celle de gauche. » Bravo Saga.

Kadaj était fièrement dressé derrière le comptoir, avec son air de grand chef arrogant, de psychopathe ou même de tyran. Indifférents et puis les idées rivées vers d’autres horizons, il regardait les clients se pavaner dans le magasin, certains plus agréables que d’autres, certains mieux foutus que d’autres. Être manager dans ce coin fermé, le beau coréen ça lui paraît comme un sacrilège, ce dont il a rêvé lui, c’était de grimper à longueur de journée, se lancer du haut d’un pont accroché à un élastique, dompter les vagues, risquer sa vie. Mais sa mère voyait plus loin pour lui, et son avis n’existait quasiment pas au moins il avait 0.0002% de chance qu’un voleur assez stupide ne vienne cambrioler ce truc aussi sécurisé que devrait l’être une banque mondiale. « Daj’ ? Mais tu fous quoi ? Tu sers à rien ! » Sursaut, reculons et verre cassé. Les regards très vite se pose sur le fils et le père, apeurés par les brisures de verres un peu partout, épris de pitié pour l’âme de Kadaj tout autant cassée.  II reprend ses esprits entre deux ou trois souffles rapides, se décide à croiser les yeux de son père, sans une visible trace de peur. « Bah.. J’t’avais un peu prévenu. » Monsieur Steadtler, c’est un homme classe, social, et reconnu pour sa poche bien lourde.  Des sous, il y a avait trop de ces billets laids, trop au point où on se demandait même ce qu’on en ferait. La maison en était inondée, un jour même Kadaj quand il était petit, avait pensé à en jeter par la fenêtre, littéralement. Ils s’en servaient pour frimer, sa sœur, son père, son frère, sa mère. Tout le monde, sauf lui. Clairement il s’en foutait, il a toujours trouvé plus passionnant d’être un SDF que de toujours avoir ce dont on a besoin quand on en a besoin. Pourtant, il a prit l’habitude d’être un peu pourri gâté, il avait pas trop le choix non plus.  « Tu peux m’virer, j’attends qu’ça. » Un coup de poing sur le comptoir. Un coup fâché, le sang qui circule un milliard de fois trop vite, et un Kadaj pire que serein. Il était bien loin d’avoir peur de son père, il aboyait plus qu’il ne mordait. « Si tu penses que je vais te virer… ET BIEN TU TE TROMPES ! Tu te trompes LOURDEMENT Kadaj ! » Louis, c’est le meilleur pote de Kadaj, c’est un peu la base de sa vie, pour dire vrai. Ils ont eus toutes leurs première fois ensemble, la première culotte, le premier vrai repas, la première cuite, la première véritable fois. Après Rouky, c’est clair qu’il passait en deuxième place. En ricanant il avançait dans le magasin, sa planche de surf à la main – ouais, c’était son truc ça, le surf – et son sourire omniprésent collé à ses lèvres tel un chewing-gum dans les cheveux. « Si tu ne fournis aucun effort, tu risques de périr ici.. » La tension ne montait pas, la situation était plus étrange qu’inquiétante. C’est l’employeur qui refuse de libérer l’employé incompétent. Bon, pas si incompétent que ça. Malgré qu’il se débrouillait pour foutre le bordel, Kadaj est toujours premier, toujours le leader dans ses projets, ses entreprises, et s’il savait se faire respecter dans la boutique, ce n’était sûrement pas parce que son père était le propriétaire, loin de là. « Vous en faites pas, il aime bien prendre des risques ! » Louis tapote sur l’épaule du père de Kadaj, sans aucune pression apparente. Mais franchement, qui irait avoir peur de ce bonhomme tout stéréotypé ? Les deux potes rigolent, ils rient peut-être un peu trop fort devant la structure incroyablement musclée qui se tient devant eux. « C’est l’heure de ma nouvelle pause. J’ai pensé qu’il serait bien que je m’accorde une assez longue pause… De temps en temps. » Il sourit innocemment à son père, à son père qui soupire, désespéré. « Il y a un repas de famille, demain soir. J’aimerais que tu sois là, pour une fois. » Il pouvait rêver.

+ partie avec rouky.

Kadaj, les mains croisés et les yeux humides, assis d’un air faussement fier sur le canapé, se laissait depuis minimum quinze minutes salir de multiples excuses. Il faisait les indifférents, en même temps c’était ce qu’il faisait du mieux, alors que Drizzle se retrouvait quasiment au bord des larmes. Toute sa vie Kadaj était confronté à ce genre de situations singulières, franchement voir quelqu’un comme Drizzle prendre un teint écarlate, à genoux à ses pieds, jamais il ne l’aurait imaginé. « Kadaj… Je suis désolé, j’voulais pas te faire de mal… J’suis désolé ! » Mais non, ça marchait pas. Toad – surnommé comme ça par la petite Rouky – il avait son cœur qui circulait dans son estomac, comme un train pour enfant dans un circuit multicolore, un train qui pleure et qu’on arrive pas à arrêter. Mais il ne pleure pas, Kadaj, sûrement parce qu’il sait pas comment s’y prendre pour libérer de telles émotions et qu’il a beaucoup trop mal pour pleurer. De toute façon, il meurt déjà intérieurement.  « Fallait y penser avant. » Les émotions le submergent, là maintenant, c’est la première phrase qu’il fallait sortir depuis environs quinze minutes de supplications. Non mais non, en attendant ça les pousse pas bien loin, au contraire ça ne fait que les faire reculer. Pardon, désolé, je m’excuse, c’est ma faute. Oui, d’accord, et après ? A part à Rouky, Saga et Aleeah, sa sœur, Kadaj n’avait jamais partagé de véritables sentiments avec qui que soit, affectifs ou autres, c’était pas trop à son habitude de s’attacher à n’importe qui, parce que n’importe qui pouvait le blesser, le duper. Drizzle était n’importe qui, mais pas tellement en même temps. Trop d’opposés se rencontraient subitement, comme si les deux bornes d’une pile fusionnaient, s’accouplaient. Trop, trop. Trop de trop pour permettre à Kadaj d’établir sa foutue science de supériorité, de se montrer tel un mur de glace. Ouais, la vérité elle sautait trop aux yeux, c’était même plus la peine d’espérer la cacher. C’était vulnérable. Kadaj il l’aimait, il arrivait même pas à le détester, même pas en l’espace de quinze minutes, malgré que… « A peine je disparais tu vas te foutre en l’air avec toutes les meufs du coin, après tu crois te racheter avec des caresses, des excuses, des mots… PITEUX. Tu m’fais pitié, j’veux tu t’casses. » Pause. Confusion partagée. « Tout d’suite. » Drizzle soupire, se lève, ramasse sa fierté éparpillée un peu partout dans le grand salon de l’appartement, et sans mots dire, visiblement fait ses valises. Ils ont des boules sur le cœur, comme celles qu’on accroche aux pieds des prisonniers, des vrais boules lourdes qui les font descendre bien bas dans l’estomac, encore une fois, comme si ça ne suffisait pas. Il revient dans le salon, or Kadaj n’a pas bougé, il se demande juste ce qu’il se passe, le cœur froissé, les sentiments figés. Il regarde celui qui serait potentiellement l’homme de sa vie s’arrêter devant la porte fermée, et pendant deux minutes, ils se déshabillent du regard, mais tristement. « Donc tu vas t’en aller… Vraiment ? » Il murmure maintenant, le soi-disant grand garçon se sent ridicule, mais il s’en fiche. « T’arrêtais pas de me faire croire que tu m’aimais. » Les yeux rouges, humides. BAM, BIM, TOUM, et HOP. Rebelote !  « J’suis pas ton jouet. J’veux pas être ton jouet… Je sais, c’est dégueulasse, c’est égoïste, ouais. Mais moi j’veux pas faire semblant. » Drizzle, de toute sa splendeur s’étale sur le mur, chamboulé. Il a l’air de vouloir fuir. La vérité, c’est qu’ils ont avalés des aimants, et qu’ils peuvent plus se quitter du coup. M’enfin, c’est ce que Drizzle disait, peut-être bien qu’il mentait pour passer du bon temps dans un pieu, qu’il jouait un rôle, pensant juste que c’était réciproque. Franchement on pouvait pas réellement lui en vouloir. « J’ai jamais fais semblant avec toi. Putain, mais vraiment jamais. J’veux pas… J’ai pas envie de ressentir ça, mais merde j’arrive pas à t’oublier. J’passe ma douleur sur les autres, c’est pas ma faute. L’autre, c’était qu’une… C’était qu’une... tu m’verras plus jamais faire ça. » Trop de « jamais », or on ne dit jamais « jamais », parce que « jamais » est un bien grand mot. « J’ai l’impression que tu m’obliges à t'aimer, j’te regarde là comme ça, et bordel j’ai envie d’attraper tes doigts, d’parler d’étoiles et d’autres trucs cons, sans queux ni têtes. MAIS MERDE ! C’est pas mon genre d’être amoureux, j’en veux pas moi. » Ils s’approchent, ils s’embrassent, ils s’emmêlent et ils s’aiment. « J’ai peur Drizzle. » - «  Moi aussi. »
HORS JEU
Pseudo #WHOLESATANIC Âge dix-sept ans, l'âge moche. Prénom malika, ou fanny. Où as-tu connu le forum? dans un grand bazzart. Ton personnage est un scénario. C'est qui ton pokémon préféré? rondoudou Une suggestion ou un commentaire à nous communiquer ? écrire ici. Le mot de la fin? faim.