Je bois un verre. Et puis un autre. Mai c’est le combientième ? J’en ai strictement pas la moindre idée. Parce que je m’en fou royalement. Je laisse retomber ma main avec beaucoup trop de force sur le comptoir du bar et lance un sourire qui se voudrait charmeur à la brune juste à côté de moi. Je meurs d’envie de lui sauter dessus et de la baiser comme jamais. Mais visiblement il me reste un minimum de lucidité pour ne pas passer à l’action. Un minimum. Je vide mon verre sans plus trop savoir pourquoi je suis venu ici à la base et une idée s’empare de ma tête. Il faut absolument que j’aille voir Lexie. Pourquoi ? J’en sais rien. Mais faut que je la vois. Faut que je lui parle. De quoi ? J’en sais rien. Mais il le faut. Lexie, s’est mon amie. A la base c’est une auteur avec qui je collabore, trèèèèès talentueuse. Et je crois que maintenant que mes idées sont absolument très nettement organisées dans ma tête, il est temps de parler travail avec elle. Il est quelle heure ? Tôt ? Tard ? Je sais pas. Je m’en fous. Faut qu’on parle, c’est tout. Je me lève, manquant légèrement de m’étaler de tout mon long. Le problème, c’est que je ne supporte pas l’alcool, et il suffit d’une très petite dose pour me rendre complètement ko. Quant la tête ne me tourne plus et que je me sens un minimum stable je me dirige vers la sortie du bar. C’est rarement que ce genre de chose m’arrive. A vrai dire je ne suis pas du tout ce genre de personne qui passe ses soirées dehors à se bourrer la gueule. Je suis plus livre ou film tranquillement sous la couette. Ce soir, j’avais simplement envie de me changer les idées. Envie de changement.

Je suis depuis dix bonnes minutes devant la porte de Lexie. Enfin, je crois que c’est la sienne. Je suis pas bien sur. Je donne un coup de poing. Un autre. Je crie son prénom. Je tambourine encore. Mais aucune réponse. Je pense, je crois, je suis presque sur qu’elle n’est pas là. Je laisse échapper un soupire qui ressemble plus à un grognement et reste face à la porte comme si à force de la fixer, la situation aller changer et Lexie allait apparaître comme par magie. « Euh... Vous attendez quelqu'un? » Je me retourne automatiquement avec une vivacité dont j’ignorais faire preuve et fait face à une femme. Jeune. Une gamine. Adolescente. Enfant. Une jeune. Je la connais pas. Je connais pas grand monde. Sans vraiment me priver, ans doute parce que c’est l’alcool qui me dicte ce que je dois faire, je l’observe de haut en bas, et termine finalement pas croiser son regard. « Je suis là pour le boulot. Je dois travailler ! » Je lui réponds prenant un air on ne peut plus sérieux mais qui sonne terrible faux derrière mon allure et mon haleine alcoolisé. « Et toi, t’attends quelqu’un ? »

Je regarde la petite brune. Je me demande vaguement ce qu’elle fout là et pourquoi elle me demande ce que je fais ici. Après tout je fais ce que je veux, ça ne la regarde pas. Enfin je crois. Alors je lui demande aussi et là… Elle me dit qu’elle vient voir sa sœur. J’arque un sourcil. Il me reste un minimum de lucidité et de logique pour comprendre que sa sœur doit être dans le coin. Je regarde vite fait autour de moi et ne voit personne. C’est quant mes yeux se tourne sur la porte que je comprends… Enfin je crois comprendre. Sa sœur, est-ce que ça e pourrait que ça soit Lexie ? Je me souviens plus si Lexie m’a parlé d’une sœur, je ne sais plus, peut-être bien qu’elle m’en a parlé. Ou peut-être bien que non. Mais je crois qu’il y a pas de doute, cette fille, ça doit être la sœur de Lex. Et visiblement, on est venu voir la même personne au même moment. Je laisse échapper un soupire suivi d’un hoquet, je plaque ma main devant ma bouche et marmonne un pardon tout juste audible. « Ouais bah elle est pas là ta sœur. » Pour justifier mes propos, je donne un autre coup assez fort sur la porte et la regarde en haussant les épaules. « Personne. Ouvre pas. » Je laisse échapper un autre bruyant soupire et m’appuie contre le mur, éteignant au passage la lumière, je laisse échapper ce qui ressemble à un rictus, parce que sur le coup c’est inattendu et marrant, avant d’appuyer sur le bouton. « J’étais venu pour travailler. » je répète, comme si elle m’avait redemander pourquoi j’attends toujours devant la porte de sa sœur. Je passe d’un geste lasse ma main dans mes cheveux. « Et comme elle est pas là, je peux pas travailler. » J’ai chaud et j’ai froid en même temps, avec une sensation désagréable qui me ronge le ventre. « Pas travailler. » je répète pour moi-même. Mais le travail c’est toute ma vie, et elle me plante là. Je peux pas travailler, je vais être en retard sur tout. C’est la panique. Je me sens… Bizarre. Mais plutôt bien. J’ai envie de rire. Envie de faire n’importe quoi. Je lui adresse un sourire en m’approchant d’elle, gardant une main sur le mur pour garder l’équilibre. Une vingtaine de centimètres nous séparent et je scrute son visage en plissant les yeux. « Tu lui ressemble pas. Ou un peu. Mais pas beaucoup. » dis-je, je lève ma main vers elle tenté de la toucher, pour je ne sais qu’elle raison, mais sans doute encouragé par l’alcool qui coule dans mes veines. Mais avant de faire quoi que se soit, je laisse retomber mollement ma main contre ma jambe.