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| Sujet: DON'T SPEAK. (△) marlon&ambroise Mar 18 Fév - 22:54 | |
| Journée de merde. Sérieusement. Ambroise n'osait même pas imaginer comment cette journée pourrait être pire. Cette connerie s'était faite sentir dès le matin, lorsque le jeune homme s'était réveillé avec une irrésistible envie de rester coucher. Puis Marlon était déjà parti, lorsqu'il s'était levé. Une sympathique manière de se souvenir qu'ils ne se disaient même plus " bonjour " ou " passe une bonne journée " quand l'occasion ne se présentait pas. Moral plombé. Ensuite, il avait explosé le grille pain en mettant – par inadvertance, vraiment – la petite cuillère dans la machine, au lieu des toasts. Bien entendu, il ne trouvait plus son téléphone portable. Ni ses clefs. Ni son porte-feuilles. Il était au bord de la crise de nerfs quand il se rendit enfin compte qu'il avait déjà rangé tout cela dans ses poches. Puis, au boulot, ça n'avait pas été plus glorieux. Encore et toujours, il avait été dragué par ces clochards incapables de se trouver un bon coup. Bourrés à dix heures du matin. Pas difficile de s'imaginer le type d'individus. Un avait même réussi à lui plaquer une main bourrue contre les fesses, le faisant ainsi sursauter. Il s'était retenu de peu de laisser sa paume claquer contre la joue de cet idiot. C'était dans ces moments là que Marlon lui manquait. Certes, il était rarement plus délicat, mais ... Mais c'était Marlon Nichols. Le seul, l'unique. Et, même si leur couple battait clairement de l'aile, rien n'arrivait à la cheville du plus âgé. Aux yeux d'Ambroise en tout cas. Donc, il passa une journée complètement merdique et déprimante. Plus que d'habitude. C'est pas peu dire, pourtant ! Après avoir passé une heure supplémentaire à récurer les toilettes, il sortait enfin de cet établissement miteux. Inspirant une grande bouffée d'air pollué, plein de microbes et de bactéries, bweh frais, il commença à marcher, jetant un rapide coup d’œil à sa montre. Vingt heure et demi. Le temps qu'il rentre, il serait facilement chez lui à vingt-et-une heure. Et ça risquait de foutre son plan en l'air, réalisa-t-il amèrement. Il avait prévu de rentrer à vingt heure, grand maximum. Insistance sur le mot " prévu ", parce que, d'après ce qu'il avait dit à Marlon, il ne serait à la maison qu'à vingt-trois heure. Un bon mensonge, il devait l'avouer. Mais il en avait plus qu'assez de voir Marlon rentrer à des heures de plus en plus tardives, et de sentir son estomac se nouer, tous les soirs, à l'idée que son petit-ami soit dans le lit d'un autre homme. Il voulait en avoir le cœur net. Être fixé. Voir la pute que Marlon se tapait tous les soirs de ses propres yeux. Les prendre sur le fait. Assassiner ce salop qui lui piquait son homme. Puis éventuellement, enchaîner Marlon dans le placard à balais, ne lui donner à boire et à manger qu'un jour sur trois, et se servir de lui comme esclave sexuel ( quoique cet idiot serait encore capable d'aimer ça ). Bien sûr qu'il avait peur. Peur de ce qu'il allait retrouver en rentrant chez lui. Mais ce n'était pas comme si il avait le choix.
Vingt-et-une heure moins dix. Devant la porte du loft qu'il partageait avec Marlon, il restait planté, n'osant pas rentrer. Ses mains étaient moites, et il jouait nerveusement avec ses clefs depuis tout à l'heure. Enfin, il ouvrit la porte, le plus silencieusement possible. Le lieu était plongé dans un silence des plus complets. Mais quelque chose n'allait pas. Une odeur de nourriture flottait dans l'air. Une de ces odeurs délicieuses, qui vous mettent l'eau en un instant. Marlon avait fait la cuisine, devina immédiatement le châtain. Mais cette idée lui fit froncer les sourcils. Bien que son petit-ami soit un véritable cordon bleu, il n'était pas du genre à cuisiner de grands repas pour lui tout seul. Et il lui avait bien spécifié qu'il n'avait pas à l'attendre, étant donné qu'il rentrerait tard. Lentement, il s'avança jusqu'à la pièce principale, où la table était placée. Lorsqu'il entra dans la pièce, il lâcha brutalement ses clefs, tant la stupeur lui coupa le souffle. Leur table était recouverte d'une grande nape, sur laquelle Marlon avait disposé des pétales de roses, ainsi que des bougies, n'attendant plus que d'être allumées. Il avait aussi sorti leur plus belle vaisselle, celle qu'ils ne sortaient pour les plus grandes occasions. Deux couverts étaient mis. Ce qui ne pouvait vouloir dire qu'une chose : Marlon avait invité son amant à dîner. Et, si on en jugeait par le silence régnant dans l'appartement, ces deux amants inconscients étaient encore dehors. Ce connard ... Donc voilà. Il laissait tomber son job, sa vie parfaite, remplaçant tout cela par une existence minable à San Diego pour ses beaux yeux, et voilà comment il le remerciait ? En le trompant ? En ayant une liaison avec un autre homme ? En jouant le rôle du romantique éperdument amoureux de son amant ? Huh. Ce bâtard allait entendre parler du pays. Depuis le temps que ça lui démangeait de lui foutre une baffe, il n'allait pas se priver. Sérieusement ! De plus, il était prêt à parier que c'était à cause de cet adultère répété que Marlon devenait de plus en plus insupportable et - Marlon le trompait. Cette phrase devint soudainement très réelle. Limpide comme du cristal, à travers son esprit. Marlon couchait avec un autre homme. Marlon avait laissé un autre entrer dans sa vie. Marlon offrait ce qu'il avait à un autre homme. Marlon ne l'aimait plus. Il était presque certain que le bruit qu'il venait d'entendre était son coeur qui se brisait en deux dans son torse. Un bonne dizaine d'émotions se mélangeaient dans tout son corps. Tristesse. Colère. Désespoir. Rage. Culpabilité. Regret. Douleur. Incompréhension. Il resta planté là, silencieux, pendant un bon moment. Ambroise était complètement sonné. Il ne savait pas ce qu'il allait faire, à présent. Il allait déjà se contenter d'assassiner Marlon et de jeter son corps dans l'océan. Après l'avoir découpé en morceaux. Après un moment, il traîna les pieds jusqu'au sofa, où il se laissa tomber lourdement. Il ne pleurerait pas, dans tous les cas. Il ne ferait pas ce plaisir à ce bâtard. Ah, oui ! Il s'était définitivement bien foutu de sa gueule. " Oh, Ambroise, je t'aimerai toute ma vie ! ". #Mais ta gueule, connard. Pensait-il, amer. #T'es même pas capable de garder ta queue dans ton pantalon. Idiot.
Il ne devait pas y penser pour le moment. Il ne devait pas faire remonter tous ses souvenirs avec Marlon. Pas maintenant. Il ne devait pas se rappeler de leur première fois ensemble. Il ne devait pas se rappeler de la fois où Marlon s'était fait attaqué par un kangourou dans une réserve. Il ne devait pas se rappeler de leur premier voyage à Paris, alors qu'il découvrait ce que c'était d'embrasser son petit-ami en haut de la Tour Eiffel. Il était censé détester cet abruti à partir de maintenant. Encore plus qu'avant. Ce fut le bruit de la porte qui le sortit de ses pensées. Il sursauta brièvement, et se leva d'un bond, prêt à donner à Marlon l'accueil qu'il méritait. Et comme il l'avait pensé, il vit le bouclé débarquer dans la pièce principale. Cet homme qui n'allait plus lui appartenir. Cet homme qui en aimait un autre. Et ces simples idées noires suffirent pour le faire disjoncter. « Qu'est ce que c'est que ça Marlon ?! » cria-t-il, pointant la table du doigt, et traversant la pièce à grandes enjambées. Il se sentait capable de lui arracher la tête, sur le coup. Puis de rouler sur son corps mort avec un 4x4. Et il se demandait si ça n'allait pas finir comme ça, en fait. « Dis moi ce que c'est que ça ! » Répéta-t-il, ne baissant pas la voix. Leurs voisins devaient commencer à sérieusement en avoir marre des cris perçants d'Ambroise. Mais cette fois, il avait une bonne raison de crier de la sorte. Et, finalement, la claque qu'il avait retenue, ce matin, au bar, fut pour Marlon. Oui. Lui même ne se rendit compte que trop tard de son geste. Au moment où sa main claquait sur la joue du plus âgé. Le bruit de la giffle raisonna dans la pièce, tel un son lugubre. Il n'avait jamais frappé Marlon. Même lorsque celui ci avait massacré sa chemise préférée en le déshabillant trop brutalement. Et puitain, c'était quelque chose d'horrible. Sa propre main le brûlait, et il ramena son bras contre lui, serrant ses deux mains l'une contre l'autre. Il devait se justifier pour la baffe. De toute façon, le brun devait comprendre qu'il avait découvert le pot aux roses. Aussi, afin de ne pas perdre trop de temps, il enchaîna, tentant tant bien que mal de reprendre un air sûr de lui et menaçant. « Je peux pas croire que tu ... J'aurais jamais pensé que tu oserais ... Comment t'as - ... J'arrive même pas à y croire ! Et tu faisais ça sans aucun remord, en plus, espèce de con ! Après tout ce que j'ai fait pour toi ! » siffla-t-il, en se reculant d'un ou deux pas, au cas où une autre claque partirait. Dans sa fureur, il n'avait pas remarqué que Marlon était seul. Surement avait-il deviné qu'il était rentré, pensa-t-il. Il avait laissé son amant dehors, c'était évident aux yeux d'Ambroise.
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