Du haut de ses vingt-quatre ans, la jeune Phoenix a déjà plutôt bien vécu. Elle n'ira pas prétendre que sa vie fut simple ou qu'elle soit évidente, mais elle ne pourra jamais dire que ça lui allait comme ça, bien au contraire. Sa vie n'avait jamais rien eu de très compliquée, disons plutôt que c'était une histoire un peu plus complexe encore, c'était elle qui avait pris les décisions de sa vie. C'était elle, qui avait fait les grosses conneries. Son cœur a été brisé à plusieurs reprises, mais on n'oublie jamais les erreurs que l'on a pu faire. Ca pourri le moral, les souvenirs, mais ça aide à aller mieux, ça aide à devenir plus fort. Pour oublier, elle s'est teint les cheveux en blond, elle s'est même rasée la tête sur le côté. Elle fait de son mieux pour oublier cette vie, qui semble la suivre, encore maintenant. Cette ville qu'elle a laissé à Wellington mais qui va certainement continuer à la suivre, encore longtemps. Peu importe où elle ira d'ailleurs, elle sait que ça finira par la bouffer. Que ça finira par la suivre n'importe où. Pourtant, Phoenix a un visage angélique, on pourrait croire qu'elle est adorable, si on oublie les vêtements trop courts, les tatouages partout et les piercings. Même sa coupe de cheveux en dissuade plus d'un, parfois. C'est ça un esprit trop fermé. En tout cas, on n'imagine jamais la carapace insupportable qui entoure chacun de ses pas, chacune de ses actions. Elle s'amusait de son physique, avant, pour faire croire beaucoup de choses aux gens, pour qu'ils lui rendent bien des services. Disons qu'ils étaient nombreux, ceux qui pensaient qu'elle était plus fragile encore qu'elle ne semblait l'être. Mais bon, elle a aussi pris bien cher de son côté. Il suffit de penser à cet homme, qui l'a droguée pour pouvoir abuser d'elle, ou l'autre, avec qui elle couchait occasionnellement et qui a tout fait pour la violer en lui hurlant qu'il l'aimer, pour réaliser que son passé est bien sombre. Certains iront croire qu'elle fait partie de cette jeunesse qui imagine avoir eu une vie difficile alors que c'est faux, que ça n'a pas été aussi horrible que ça. Une chose est sûre, c'est que sous sa lourde carapace se cache une femme brisée qui tente de refaire sa vie.

Si on considère son parcours, on aurait pu croire que tout était mis à sa disposition pour que sa vie soit douce et saine, tranquille et posée. Phoenix est née en février, le jour de la Saint-Valentin, le jour de l'amour, et elle ne vit pas le jour toute seule. Une jumelle, du nom de Perséphone, ne tarda pas à faire son arrivée, 45 minutes après elle, d'ailleurs. Sauf que sa sœur était bien plus douce, bien plus tendre aussi. Et si tout était mis en place pour qu'elle soit heureuse, ce ne fut que utopique. Peut être que les choses se mirent à changer quand ils déménagèrent à Wellington. Phoenix et sa sœur ne ronchonnèrent pas, bien sûr, étant donné qu'elles étaient bien trop jeunes, du haut de leurs cinq ans. Comment auraient-elles pu, alors qu'elles ne savaient même pas ce que ça signifiait ?

Et les deux jumelles étaient bien trop jeunes pour comprendre aussi quand, deux ans plus tard, leur père finit par prendre la fuite, par partir parce qu'il n'aimait plus maman, parce qu'il sortait avec une autre femme, bien plus jeune, bien plus comme il le voulait. Ridicule hein ? Mais bon, on ne choisit pas sa famille. La petite Phoenix, en tout cas, eut bien du mal à comprendre mais lorsque tout fut suffisamment clair dans son esprit, il lui fut impossible de faire preuve de clémence et de donner sa chance à son père. Impossible de pardonner. C'est sans doute à partir de là que sa vie fut légèrement différente, un peu compliquée et un peu.. Décalée. Sa mère était incapable de la tenir et elle avait l'impression d'être à des années lumières de sa famille, surtout quand elle voyait sa jumelle être si sage. Dès qu'on lui disait non, elle faisait une crise. Un point qui n'a jamais vraiment changé, vu sa façon de rire au nez de l'autorité. Ce qui lui causa bon nombre de problèmes.

Adolescente, elle manifestait dans la rue, elle faisait tout ce qui était en son pouvoir pour foutre la merde. Dans les couples, dans les décisions du gouvernement.. Elle était toujours la première. Et à dix-sept ans, elle alla même jusqu'à manifester les seins à l'air, pour une histoire de féminisme. La prison, elle connaît, et elle a toujours pu compter sur sa sœur aînée, avocate, pour la sortir d'affaire, bien que ça ne l'ait jamais vraiment enchantée. Une sœur à travers qui elle avait toujours reconnu son père, volages tous les deux. Et à dix-huit ans, elle quitta le foyer familial pour commencer sa vie. Elle leurs tourna le dos, pas même un merci, pas même un mot, elle claqua la porte. Et si sa sœur continua de l'aider, elle ne comprit jamais pourquoi.

La seule chose qui se mit à compter pour elle fut la musique, et c'est pour elle qu'elle quitta Wellington, à vingt ans. Elle dit à peine au revoir à ses proches, aux gens qu'elle connaissait et elle finit par totalement disparaître de la circulation. Elle n'avait de compte à rendre à personne et elle ne comptait pas le faire. Pendant quatre ans, elle tenta de faire tout ce qu'elle put pour se faire une place à la lumière. Les concerts qu'elle donnait en Nouvelle-Zélande marchait bien, mais ça ne suffisait pas. Et elle finit par se faire un petit nom, elle finit par faire des tournées, par gagner de l'argent. Beaucoup d'argent, ben plus qu'elle n'aurait pu rêver en gagner, aussi. Ce ne fut pas toujours simple, et elle dût faire ce qu'elle détestait pour y arriver. Elle ne fut pas connu dans le monde entier, mais elle se fit un petit nom et ce fut déjà bien. Le problème vînt le jour où son agent disparut avec le peu d'argent qu'elle eut l'occasion de gagner. Il disparut, emportant son innocence sur son passage, déjà qu'elle n'en avait plus tant que ça. Et il l'abandonna, alors qu'elle était à New York. Sans argent.

Elle eut bien du mal à rentrer à Wellingtton, et à essayer de s'y installer. Que de chute encore, lorsqu'on lui apprit que sa famille était décédée dans un accident de voiture, deux ans plus tôt. La lourde chut. Vingt quatre ans et plus grand chose à faire de sa vie. Elle se sentit seule, abandonnée aussi. Et elle ne sut plus quoi faire. Elle fit face, elle décida de vivre au jour le jour, de toute façon,elle n'avait plus envie de penser au reste. Elle n'attendait plus rien de la vie. Et puisque tout le monde avait décidé de lui tourner le dos. Elle décida de prendre l'argent que ses parents lui ont miraculeusement laisser pour partir à l'autre bout du monde. « San Diego me voilà »