La nuit noire règne en maîtresse depuis un bon moment lorsque que le téléphone se met à vibrer sous la joue de Lola. Pour que la belle se soit endormie dans une telle position, affalée sur le lit avec des feuilles de papier, il doit être sacrément tard déjà dans la nuit. Les chats sont réveillés aussi et demandent à sortir, ils miaulent. Là, maintenant, ils sont bien chiants. Son premier réflexe est de regarder : trois heures du matin. Déjà dans sa tête trottent les multiples insultes qu’elle pourrait lancer à l’émetteur de ce texto pour lui expliquer qu’il n’était pas l’heure et que elle, on ne la dérange au beau milieu de la nuit sans s’en sortir indemne. La colère est vite réprimée quand le contenu du message se dévoile. Une alerte environnement à laquelle elle s’est abonnée il y’a déjà plusieurs semaines. Elle râle un peu, si jusque-là ça avait sonné en pleine journée, elle prend beaucoup trop au sérieux ce genre d’histoire pour oser aller au bout de ses menaces envers l’émetteur. Résultat, personne à blâmer pour l’avoir réveiller à une heure aussi tardive. La mission, aller sauver un chêne millénaire qui va devoir être couper à la première heure. Le genre de situation qui donne sa hargne à Lola, si la nature a fait tenir des choses aussi longtemps c’est pour qu’elles soient admirée et non pas rasée puis transformer en armoire. Elle rouspète ainsi, répétant ces mots à toute vitesse tandis qu’elle s’habille pour partir. A la voir courir ainsi dans son vingt mètre carré, on se demanderait si elle n’aurait pas un avion à prendre dans l’immédiat. Elle doit faire vite. S’habiller ne prend que quelques minutes. Le temps passe surtout dans sa tentative de faire tenir ses cheveux en bataille à peu près correctement (tentative infructueuse, malheureusement ) Lola, au milieu de la nuit, à peine réveillée, c’est une tempête dans son appartement. Si elle doit partir s’enchaîner à un arbre, elle part en toute conscience que ça pourrait durer des jours et qu’elle doit nourrir les chats. Pour une fois, elle n’a pas besoin d’eux pour mettre le bordel. Elle fait tout tomber sur son passage, les bols, les croquettes et elle râle, elle râle parce qu’elle est pressée, que c’est chiant de ramasser et parce que de toute façon, dans un bol ou pas, les chats les boufferont. C’est pourquoi elle part à toute vitesse au final, laissant tout en plant. Elle attrape un sac, claque bien la porte et commence à se mettre en route jusqu’à ce que bien rapidement, le fait qu’il fasse noir et qu’elle doive traverser la ville à une heure où le quartier n’est pas le plus sûr lui traverse l’esprit. Etre accompagnée serait plus sûr et au lieu de contacter un de ses amis se rendant sur place pour qu’il l’accompagne, Lola lève tout naturellement les yeux vers la porte de son voisin aka Nikki qu’elle pourrait tout simplement déranger en promettant une grosse contrepartie contre un coup de main. Oui, Lola est sans-gêne comme ça et sans réfléchir plus de 15 secondes ( ce qu’elle n’a toujours entrepris de faire depuis son réveil ) elle tambourine à la porte du jeune homme, en criant sans même prendre en compte que les murs de l’immeuble sont fin. « He oh ! Nikki ! Lève toi ! J’ai un truc à demander. » Et elle frappe, encore plus fort. La petite Lola qui ne sait pas abandonner. La porte s’ouvre sur le jeune homme qui n’a pas l’air complètement réveillé et Lola s’écrie avec une telle bonne humeur qu’on ne soupçonnerait même pas l’heure tardive. « Tu veux bien m’accompagner à l’autre bout de la ville ? avec des copains, on est censés protester contre un arbre qui doit être démoli, mais c’est dangereux ici à cette heure, j’ai peur de sortir. » explique-t-elle à toute vitesse avec le sourire qui dans beaucoup de situation, lui permet d’obtenir une réponse positive. Oui, Lola elle a vraiment de très mauvaises manières.