Les matins seraient bien meilleurs s'il commençaient dans l'après-midi. S'il existe une chose que toute personne de moins de 30 ans ne peut supporter, quel qu'en soit la raison, c'est le hurlement strident d' c'putain d'réveil qui vous vrille le cerveau à 6:00 am le lundi matin. J'ai toujours détesté le matin et cette insupportable arrachement qui vous déchire l'âme lorsque l’odieux objet vous arache des bras de morphée. Pour faire simple : le bip bip rageur de c'putain d'radio réveil. S'ensuit un grognement bougon, un petit déjeuné en caleçon composé d'une grosse tartine de nicotine plongée dans un grand bol de caféine, qui malheureusement ne suffisent absolument pas à réveiller l'adolescent commun. C'est donc la tête encore profondément enfoncé dans le rectum que j'me suis rendu au lycée. Je déteste ça, vraiment. J'me prend à penser au cul d'Iggy dont j'ai encore rêvé cette nuit, et j'me dit qu'merde j'devrais aller sonner chez elle plutôt qu'me toucher la nouille affalé sur cette foutue chaise à écouter l'autre vieux con déblatérer ses conneries à longueur de journée. Mon regard s'attarde sur la masse impressionnante de pigeons roucoulant sous les fenêtre. J'suis sur que personne ne connaît mieux qu'moi les subtilités de la vie sociale de ces stupides oiseaux. Fait chier.

Ca fait plusieurs mois que je dors mal, je me retourne continuellement dans ce lit au draps puants fume quatre ou cinq joints, fais cinq fois le tour le la petite pièce que je partage avec ma petite sœur et finit par m’effondrer d'épuisement à quatre heure du matin. Tout ça à cause de ce fils de pute de Victor. Me sentir coupable moi ? jamais ! J'suis juste... emmerdé.  Ouai parce que c'con, ce p'tit pédé, ce suceur de bites, cette poutain de tafiole pourrait me faire grave plonger tu vois, si ce petit enculé ouvre sa gueule j'suis bon pour passer plusieurs mois à l'ombre. Et franchement la taule ça m'dit rien. Puis j'ose même pas imaginer c'que j'prendrais si César v'nait à l'apprendre ! J'crois bien qu'serais bon pour l'hospice après, puis les darons m'foutraient vraiment à la rue. J'déteste penser ça, mais j'dois m'tenir. Pas envie d'finir dehors comme une pauvre merde. J'ai p'tet aucune chance de m'en sortir dans c'trou d'rats puant qu'est l'bolc d'où j'viens t'vois, mais j'ai pas l'intention d'm'enfoncer encore plus. Bref tout ça pour dire que c'matin j'ai franchement pas envie qu'on m'fasse chier. Non pas qu'on m'casse souvent les couilles hein, j'ai su m'faire respecter ici, alors en général les gens évitent  de v'nir vers moi, enfin ils flippent toujours un peu ces pauvre tapettes, mais bon, pas envie d'réfléchir qui. Puis Dim qu'est pas encore là. Ouai, j'peux dire que c'est encore une nouvelle journée pourrie dans cette existence merdique. Chier.

Et c'est juste à ce moment-là, j'veux dire à l’instant précis ou j'me dit qu'franchement personne devrait devoir endurer c'que j'endure, qu'la vie est dégueulasse et qu'mon pieu me manque, que j'croise son regard. Enfin moi j'le voit, mais pour lui c'est foutu, il verra plus grand chose. Grâce à moi. J'suis un connard, mais j'aime ça. J'le vois déambuler entre les tables, cette petite tapette infirme, il cherche sa place le bouffeur de couilles ! J'sent la haine monter dans ma gorge et m'bruler les lèvres, parce que ce p'tit enculé, cette sous-merde a osé toucher à la bite de Dim. Alors j'allonge la jambe, innoçament, comme ça, juste pour bien lui rappeler qu'je suis l'boss ici, et qu'lui n'est en vie que parce que j'l'ai bien voulu. J'le voit s'approcher puis trébucher avant de s'étaler bruyament sur le sol. Quelle merde ce type. J'éclate méchamment de rire avant de lui lancer un « alors il cherche sa place le pédé ? Tu veux qu'je t'retourne une chaise qu'tu puisse t’asseoir confortablement ? T'aime ça t'enfoncer des truc dans l'cul hein pédé ?! » Bouffe ça Victor.