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Faut que je t'avoue quand même que nous faisons peut-être les marioles là, maintenant que nous étions certains que nous allions tous bien, mais que y'a quelques heures nous ne faisions pas les fiers. Mais c'était comme ça, c'était les risques du métier et une fois retiré notre uniforme nous tâchions de passer à autre chose et de ne pas laisser notre boulot influer sur notre vie en dehors de la caserne. Et pourtant nous étions tous là, arrivés au bar en troupeau et discutant joyeusement autour d'un verre, alcoolisé ou non suivant les personnes ... tu sais bien que je fais partie de cette seconde catégorie. Mais je me satisfaisais parfaitement de mon verre de Perrier, ne t'en fais pas pour moi. Au bout d'une ou deux heures pourtant chacun avait commencé à rassembler ses pensées et ses affaires, il se faisait tard et nous étions tous passablement lessivés par la journée de boulot que nous avions vécu ... En définitive j'avais été le dernier à subsister au comptoir, interpelant plutôt le barman pour un nouveau verre d'eau gazeuse, tout en observant distraitement le replay des meilleurs moments du match des Lakers de la veille sur l'écran au dessus du bar. Le niveau sonore de la pièce était redescendu sensiblement depuis que ma petite troupe s'était dispersée, mais parce que nous étions des habitués le patron de l'établissement ne nous en voulait généralement pas ... Bref. Après avoir remercié le barman j'avais porté mon verre à nouveau rempli à mes lèvres, regardant machinalement tout autour de moi avant que mon regard ne s'arrête sur une silhouette qui, même de dos, ne me semblait pas entièrement inconnue. J'avais attendu un instant, juste qu'elle se retourne un peu pour que je puisse la voir mieux, et confirmer ou infirmer mes doutes. Ne va pas t'imaginer que j'étais soudain pris d'un accès de timidité, tu me connais trop bien, mais je n'étais pas non plus un gros lourdaud et je n'avais pas l'intention d'importuner inutilement une inconnue ... Je ne me sentais pas d'humeur à faire le joli cœur ce soir-là, crois-le ou non. Mais lorsque j'avais aperçu son profil je n'avais plus eu de doute, aussi attrapant mon verre j'avais parcouru les quelques mètres qui me séparaient de la jeune femme « Ça te va bien. » Souriant avec amusement en la voyant sursauter, ne m'ayant de toute évidence pas entendu arriver, j'avais attendu qu'elle se retourne complètement pour me faire face avant de préciser ma pensée « De porter autre chose que les tenues de l'hôpital, j'veux dire. » Pas que les internes et autres infirmières ne fassent pas leur petit effet dans leur tenue bleue, verte ou rose, je te mentirai si je te disais qu'elles ne laissent pas un peu rêveur ... Mais on finissait presque par oublier qu'elles avaient une vie et donc un style en dehors de leur boulot. Mais je suppose qu'il en était de même avec nous, je ne passe pas ma journée en uniforme quand je ne travaille pas, et pourtant c'était peut-être comme ça que certains m'imaginaient. Bref, ce n'était de toute façon pas le sujet, et j'avais d'ailleurs fini par demander « T'es toute seule ? » tout en regardant instinctivement autour d'Alex pour voir si elle était oui ou non accompagnée. Parce que si c'était le cas je ne comptais pas non plus m'attarder, toi, moi et mes pensées pourrions gentiment regagner la voiture pour rentrer au loft.

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