Je mange, je dors, je baise, je sors. Parfois je me dis qu'un jour, il faudra grandir et affronter la réalité parce que pour le moment, on peut pas dire que je m'y sois plongé. Mon plus gros soucis, c'est que je suis incapable de prendre les choses au sérieux, pour moi, la vie est un terrain de jeu. Ce que je ne réalise pas encore, c'est que j'ai peur, de l'inconnu, de vivre réellement, je veux dire, m'investir dans quoi que ce soit, parce que s'investir c'est prendre le risque d'un futur échec que je serais incapable d'assumer. Alors je trouve des explications minables pour ne pas aimer l'amour : ce n'est qu'un prétexte stupide pour combattre la solitude. Ce soir, je passe la soirée avec Alexandra. Encore une nuit qui s'annonce mouvementée, des verres superflues, des cigarettes inutiles ou encore de drogues non homologués par les pharmaciens. L'une de ses soirées où le lendemain, on prend la résolution de ne plus jamais boire autre chose que du jus de tomate.

Notre choix de soirée s'est porté sur une boite de nuit. Il est rare que Lexie fasse le choix de sortir et je voulais un endroit qui ne ferme qu'au bout de la nuit. Nous sommes arrivés depuis quelques heures et les verres se multiplient sans que l'on s'en rende compte. Me voilà arrivée à mon stade "bourrée" alors que je me déhanche sur la piste en jetant quelques coups d’œil à la blonde. Ce qu'elle peut être belle, ses longs cheveux rebelles sur son visage, elle m'adresse le plus beau des sourires. Marre, je la rejoins à notre table après être allée chercher deux nouveaux verres, payés par ce type au bar qui croit encore à un plan à trois avec Lexie. Tu viens pas danser ? un des garçons avec qui je dansais me rejoins et je lui explique qu'il peut retourner sur la piste tout seul. Si je joue autant avec la vie dans le fond, c'est probablement pour me donner l'impression de maitriser ce qu'il s'y passe, alors qu'en vérité, c'est plutôt elle qui me contrôle. Affublée d'une robe bleu roi moulante qui me va à ravir. Je me penche vers Lexie pour lui murmurer : tu es superbe ce soir. ma main sur son bras, je lui adresse un franc sourire. Mon idée n'est pas de la draguer, c'est mon amie et je la complimente, peut être n'est ce que mon instinct de séductrice, ou mes sentiments enfouis qui ressurgissent.

Boulot, boulot, boulot et encore boulot. Oui, je sais bien, ça paye les factures, ça permet à James de pouvoir finir ses études, et surtout d'avoir un lit où poser mes fesses le soir venu. Mais y a quand même des jours où j'aimerai pouvoir rester à ne rien faire, à ne pas me prendre la tête avec mes problèmes, oublier que depuis mes 16 ans je suis celle qui fait vivre deux personnes. Alors pour oublier, j'ai une solution : l'alcool. De préférence en bonne compagnie parce que quand je bois, j'ai une vague tendance à devenir incontrôlable. Comme en plus je passe la soirée avec Sam, c'est parfait. Rien qu'en pensant à la belle brune, mon estomac fait un looping. J'ai jamais vraiment oublier notre nuit, enfin, après-midi plutôt, et même si ça me fait parfois mal de rester avec elle en temps qu'amie, je ne vois pas ma vie sans elle. Pathétique non? Typiquement moi surtout..

Habillée avec soin d'une robe blanche dos nu, à laquelle j'ai ajouté une ceinture noire, on part pour la boîte. J'adore regarder Sam quand elle s'amuse. On a déjà bien bu, elle et moi, et je l'observe du coin de l'oeil se déhancher sur la piste de danse. A croquer, comme toujours. Je prend une gorgée supplémentaire de ma vodka tonique, sentant mes hormones me chatouiller. Elle me voit la regarder et je lui adresse un grand sourire. De toute façon, j'suis trop éméchée pour que ma timidité soit au rendez-vous. Elle revient vers moi avec deux verres à la main, et je suis sur qu'elle a pas eu besoin de les payer. L'avantage d'être deux jolies filles... Sam envoie un mec sur les roses et s'installe près de moi. Tu es superbe ce soir. Je sens sa main sur mon bras et mon sourire s'élargit encore. La musique change pour quelque chose qui me ressemble plus, sensuel et langoureux, et je sens que l'alcool a débloqué mes dernières barrières. Et tu as encore rien vu... Je me lèvre et me dirige vers la piste de danse où je commence à me déhancher de façon sensuelle. Je sens que les gens m'observent, mais je me fous. Je vis la musique, je me lâche, je décompresse...

Ce sourire d'une blancheur éclatante, ses yeux bleus, son teint angélique, y'a pas à dire, cette nana est tout juste parfaite. Être jeune et jolie ne suffit pas toujours au bonheur. Lexie n'a pas été épargnée par la vie, bien au contraire, et même si elle n'en parle jamais et préfère se confondre dans un mutisme et garder ces choses là pour elle. Je souhaiterais qu'elle s'ouvre plus à moi parfois, qu'elle ne garde pas ce mur de pierres comme barrière, mais c'est impossible. Alexandra est deux personnes entièrement différentes, celle sobre et la lexie alcoolisé, qui se lâche, se laisse aller à ses véritables envies, à ses démons les plus profonds. Je la regarde se lever et rejoindre la piste de danse, je l'aime sous ses deux formes, qu'elle soit bourrée ou sobre, elle arrive à me faire sortir du quotidien. Avec elle, je ne suis pas la même non plus, plus tendre, plus affectueuse, elle éveille en moi un sentiment étrange qui me pousse à vouloir la surprotéger un peu et l'aimer, comme une enfant meurtrie qu'on prendrait dans ses bras pour la réconforter.

Je l'observe sur la piste quelques instants, les regards sont portés sur elle, la plupart envieux, de lui ressembler pour les filles et de la mettre dans son lit pour les garçons. Sa longue chevelure blonde se fond parfaitement dans ses mouvements sensuels. Autour d'elle, les rapaces rodent et se rapprochent de plus en plus rapidement, ma jalousie éveillée, je ne reste pas sur le banc de touche très longtemps et je le rejoins sur le dancefloor après avoir avalé quelques gorgées de ma boisson. Je me rapproche doucement d'elle et me déhanche à ses côtés, veillant à ce que les mâles alphas environnants ne se jettent pas sur elle comme des lions sur une pauvre gazelle. Prise dans le feu de l'action, je me colle à elle, passant une main autour de son cou, fixant son doux regard alors que ma main restante caresse ses cheveux dorés. Un frisson éveille mon échine, du bas de la colonne vertébrale jusqu'à mon cou. A cet instant, j'ai ce sentiment d'être en osmose avec elle, comme si nous n'étions que deux sur cette piste de danse, le monde autour avait disparu pour nous laisser en paix. Mes yeux se détachent quelques secondes des siennes et ma bouche rejoins son oreille dans un cri pour qu'elle puisse m'entendre : je sors fumer une clope, tu m'accompagnes ou tu restes ici ? Je m'éloigne un peu, attendant sa réponse.