Travis & Samantha

La soirée promet d’être foutrement longue si Jones arrête pas de plaindre de résultats du match de la semaine dernière, j’ai honnêtement envie de lui casser les dents parce qu’il me rabâche les oreilles avec depuis qu’on est arrivés au bar. J’me retourne vers lui, lui lance un regard pire que glacial et ça le fait taire l’espace d’une minute. « Il était temps, j’commençais sérieusement à en avoir marre. » Il a envie de me faire un doigt d’honneur, je le vois dans son expression faciale qui change de seconde en seconde, mais malgré le fait qu’on s’entende bien, j’reste son patron et il peut pas tout simplement me manquer de respect s’il espère avoir un job demain et pouvoir nourrir sa famille de 3 enfants et sa femme. Putain, j’me demande comment il fait d’ailleurs… Les gosses et moi, ça fait quatre, j’sais pas comment ils sont, j’ai pas nécessairement envie de m’en approcher et j’veux pas non plus qu’ils m’approchent de trop près. C’sont comme des démons miniatures qui attendent seulement que leurs parents les regardent pas pour rendre notre vie misérable. Nan, des morveux, non merci ! Rien qu’en y pensant, une grimace s’affiche sur mon visage… Une grimace qui disparaît rapidement à la vue de ma future dulcinée, ma conquête de ce soir, la gonzesse chanceuse qui aura l’opportunité de se faire un traitement à la Severide. J’vais lui faire goûter le Paradis pendant une bonne heure et demi et ensuite… Bah, ensuite elle tracera sa route et j’la recroiserais sûrement plus. Du moins, j’ferais tout pour pas la recroiser. J’hausse un sourcil, croisant les bras et la regardant se déhancher avant de décider de me lancer. « Hey… J’suis Travis. » Que j’dis, en lui offrant mon sourire 100 méga watt et en tendant ma main, pour faire genre que j’ai des manières et que j’ai pas nécessairement envie de me le taper. Je la regarde dans les yeux, parce que j’fais pas partie de ces cons qui matent une femme de haut en bas devant elle pour se faire rejeter amèrement par la suite. D’ailleurs, mon taux de réussite avec cette tactique est presque de 100%. Bref, j’accoste la belle demoiselle, lui faisant des trucs de charme de fous, pensant que tout allait finir aussi doucement que l’eau qui coule dans les rocheuses, jusqu’à temps que… « Perds pas ton temps mec, j’suis lesbienne. Ma copine est là-bas et m’attend, j’étais seulement allée nous chercher des verres. » Oh KILL ‘EM. Wow, mon égo vient de prendre un sale coup, mais alors un SALE coup. J’suis tellement époustouflé par la claque psychique du millénaire que Jones doit venir me prendre par les épaules pour me ramener à notre table. « Alors Tray, pourquoi t’as la gueule d’un mec qui vient d’se prendre un râteau tellement énorme que tout San Diego l’a ressenti ? » J’le regarde, mon expression toujours incrédule. « Elle est lesbienne… » Jones éclate de rire, tellement qu’il en pleure… La soirée se termine enfin et je rentre chez moi, complètement frustré et à l’ouest. Cette beauté fatale était lesbienne, bordel de merde, les choses que j’lui aurais faites sont imprononçables ! Bon, ça va, un point de moins pour moi ce soir, mais j’ai le temps d’me rattraper de toute façon. La porte de l’appart est déverrouillée, connerie, j’ai oublié de la barrer… J’me rends vers ma chambre, fume un joint et prends pas longtemps avant de sombrer.

Le soleil se lève, pas moi, j’reste allongé dans mon lit, les mains derrière la tête, j’me demande si j’devrais me lever ou faire mon paresseux et rester en dedans. Peut-être inviter Isîs, qu’elle invite une de ses potes de l’équipe et que j’puisse la reluquer… Hm, bon plan, mais pour ça, faudrait que j’me lève et que j’prenne une douche et tout le tralala. Pas envie, j’vais me contenter d’me faire à manger et de traîner un peu avant de passer au bureau aller signer des papiers importants. J’me lève, vêtu d’un simple boxer, puis j’m’apprête à aller dans ma cuisine, mais j’entends un drôle de bruit qui vient de ma chambre d’invité. Bah, j’comprends pas, aux dernières nouvelles la lesbienne est pas revenue et j’habite seul, alors qu’est-ce que… J’suis au seuil de la porte, c’que j’vois me bouleverse, littéralement. Un sourire – bien trop pervers – apparaît sur mon visage alors que je fixe les vêtements, puis finalement la créature dormant en plein milieu du lit, dans une position bizarre qui plus est, ayant l’air d’être complètement nue sous les couvertures. Du moins, de c’que j’peux voir, sa petite culotte et son soutien-gorge sont vautrés parterre. Je croise les bras, les jambes aussi, j’devrais peut-être attendre qu’elle se réveille tiens, elle a probablement dû avoir une dure nuit… Après quelques minutes, je la vois gigoter avant de finalement ouvrir les yeux. Bahaha, c’est la voisine… Jusque-là, j’connaissais pas son nom, mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui, on va faire ample connaissance. « J’t’ai pas réveillé ? »

Y’a quand même des situations hilarantes dans lesquelles les gens aiment se foutre parfois. La plupart du temps, c’est à cause d’une substance ou d’une autre, ou simplement parce qu’ils aiment le ridicule, mais là, j’dois avouer que j’suis complètement à l’ouest. Je passe une main derrière ma tête, atteignant mon cou et j’regarde la belle étrangère se lever du lit, complètement à poil, ouff, putain ! Mes pensées se mettent à dériver dès que je la vois se déplacer à travers la chambre pour ramasser ses vêtements. Je mords ma lèvre inférieure, admirant clairement la vue alors qu’elle me parle et qu’elle me demande si je me souviens de la soirée d’hier. Je crois pas l’avoir croisée nulle part, et après ma rejection complète et totale de la magnifique lesbienne au bar, j’me souviendrais avoir vu son visage d’ange quelque part. Du coup, j’me demande mentalement ce qui aurait pu se passer pour qu’elle me demande si… Oh, oh putain. Ses vêtements éparpillés, elle complètement nue, dans une chambre qu’elle reconnaît pas. HAHA, bordel, elle pense qu’on a baisé ! C’que j’aurais donné pour ça par contre, j’penche ma tête légèrement sur le côté quand elle se penche et… Oh merde, merde, NON FUCK ! J’suis en boxer, si j’ai une réaction ça va paraître. J’descends mes mains devant mes parties, espérant qu’elle ait pas remarqué le changement d’ambiance léger. Je peux pas bander, pas maintenant, pas comme ça, mais putain c’que la voisine est sexy. Pense à une grand-mère, pense à une grand-mère sur une chaise berçante, ridée et affreuse… Non, ça marche pas, j’ai gardé les yeux ouverts pour pas avoir l’air louche, mais merde. Grand-mère vicieuse qui… Voisine qui se penche et ramasse ses vêtements à travers ma chambre d’amis. Aïe, maintenant ça devient vraiment inconfortable… Je me racle la gorge, tentant de remettre mes pensées en ordre. « Hier… On s’est pas vus. J’étais à un bar avec un pote, mais euh, j’me souviens pas t’avoir vu… » Faudrait que j’lui explique plus en profondeur, qu’elle comprenne qu’en fait, y’a rien qui s’est passé. Je me concentre fermement, faisant disparaître lentement mon érection. Bon, j’me lance dans un semblant d’explications. Dans l’état où j’suis maintenant, si c’que j’dis est cohérent, j’vais aller m’acheter une médaille par la suite. Elle me demande maintenant si elle peut prendre une douche… Mais euh, elle sait vraiment pas où elle est alors ? J’serais tenté de dire oui, juste pour qu’elle passe un peu plus de temps ici, mais en même temps, quand elle va sortir de mon appartement et se rendre compte que le sien est juste à côté, elle pourrait avoir envie de me couper la tête par la suite. Je trouve la situation trop drôle, vraiment. « Si ça peut te rassurer, au moins t’as pas fini dans le même lit qu’un étranger. » Je pensais pas avoir des voisins si spéciaux, si j’avais su avant, j’aurais peut-être essayé d’en rencontrer plus. Les seules fois que j’vois celle-là, c’est quand on se croise dans l’édifice parce qu’on rentre en même temps, sinon je rentre et elle sort, ou vice-versa. Des sourires, des signes de tête de solidarité, mais ça s’arrête là. Je me gratte la tête, me demandant comment je vais lui dire sans qu’elle commence à paniquer parce que je l’ai vue nue alors que je connais même pas son prénom. « Euh ouais… La salle de bain est au bout du couloir à droite. Et pour le t-shirt, j’vais aller t’en chercher un. » Ce serait vraiment plus simple de tout lui dire, mais j’me suis jamais retrouvé dans ce genre de situation, alors je sais pas… Je continue ou je lui dis ? « J’reviens. » Est tout ce que j’trouve à dire. J’vais fouiller dans un de mes tiroirs et sort un chandail assez grand pour couvrir le haut de ses jambes. J’lui ramène et lui lance. Elle se dirige vers la salle de bain. Pendant ce temps, je retourne dans ma chambre enfiler un pantalon. Évidemment, va falloir que j’prenne une bonne douche froide par la suite, pour me retirer les images de la voisine, mais c’pas grave. Je vais dans la cuisine et sors deux verres, du jus d’orange et attends patiemment que la demoiselle sorte de la douche. Quand c’est fait, elle me regarde drôlement avant de venir s’assoir sur un des tabourets devant le bar de la cuisine. « Tiens, ça devrait te rafraîchir un peu. » Dis-je, lui versant un verre de jus et le poussant vers elle. « Hm… J’crois que tu devrais savoir que euh… Ton appart est juste en face, en fait. D’après ta légère perte de mémoire, j’crois que t’as seulement dû te tromper de porte et atterrir chez moi. » J’essaie de lui sortir un sourire, histoire qu’elle se sente moins mal à l’aise après l’explication de sa présence ici, mais j’ai trop envie de rire pour ça, alors j’me contente de descendre mon verre de jus et attendre.