« Jones a appelé, il a laissé un message pour que tu le rappelles et que tu planifies une rencontre pour la convention qui arrive bientôt, parce qu’ils auront besoin de plus de 20 chambres. » J’adore comment Hadley a le don de bien faire commencer ma journée. Rien de mieux qu’un regard de travers et une expression de dégoût pour me revitaliser. Bref, je me contente d’un simple signe de la tête et entre dans mon bureau. « Si j’ai des appels, prends les messages. » Elle retourne s’assoir à son office et je ferme la porte derrière moi. Je m’assois dans mon fauteuil, installe mes pieds sur la plate-bande et sors un joint bien roulé d’un de mes tiroirs. J’ai une boîte en métal faite exprès pour ça, afin que l’odeur envahisse pas l’endroit. J’me lève pour ouvrir une de mes fenêtres, l’air doit passer sinon ça va sentir la merde partout et j’tiens pas à ce que mes associés me reprochent quoi que ce soit. J’allume mon joint, tranquille, j’ferme les yeux en inhalant la première bouffée. Perfection. Je laisse le joint faire son cours, alors que j’inhale lentement et me permets de dériver un peu. J’pense à une femme, personne en particulier, sur une plage, topless… Hmmm, mon esprit divague pendant plusieurs moments avant que j’me fasse sortir de mes fantaisies par… Hadley. « Quoi ? » Elle râle que quelqu’un veut me voir et est assis à la réception. Elle précise pas qui et tout de suite, ça m’irrite. Si elle va travailler pour moi, faut qu’elle sache qui vient à mon bureau et pourquoi, sinon elle sert à rien. J’vais faire exprès de la faire chier plus tard avec ce détail. Elle aura sûrement envie de me gifler, mais je sais qu’elle le fera pas parce qu’elle en a pas le courage. Bref… « Fais-le entrer. La prochaine fois, demande qui c’est et pourquoi il est là. » J’reçois la personne pendant une bonne demi-heure avant qu’il retrace sa route et me foute la paix pour que j’puisse finir mon joint. Mon portable vibre ensuite… Un texto d'Isîs. Eh merde, ça fait une semaine qu’elle me demande qu’on se voit et j’lui dis non chaque fois parce que j’suis occupé. Oui fillette, j’ai dormi, pris ma douche, mangé et tout le tralala… C’est bon, on s’retrouve sur la plage ce soir. J’t’appelle plus tard, j’ai beaucoup de travail. Nan, j’veux juste me la couler douce en attendant mon premier vrai rendez-vous de la journée… La journée termine, j’m’apprête à partir, Hadley est partie y’a 10 minutes, j’regarde son bureau, me demandant si ce serait une bonne idée d’aller fouiner dans ses trucs, mais non, parce qu’elle va sûrement remarquer et être encore plus chaleureuse qu’elle l’est déjà. J’soupire, passant une main sur mon visage. J’pensais pas la revoir, même après tout ce temps, j’comprends pas comment ça se fait que la revoir me perturbe un peu alors que j’ressens généralement rien pour personne. M’enfin, une issue à attaquer un autre jour. J’regarde mon téléphone, 19h30, j’ai le temps d’aller manger et ensuite de retrouver Isîs, à moins qu’on aille manger ensemble. Cette fois, la sonnerie se fait entendre et je réponds directement. « Maman. » Elle m’appelle chaque deux jours et quand j’réponds pas, elle m’appelle jusqu’à temps que j’m’énerve et que j’décroche. Parfois, j’aimerais qu’elle me foute la paix pendant une semaine, mais elle est mère poule et j’peux comprendre que ça la trouble que ses garçons soient plus aussi présents qu’avant. « J’vais retrouver Isîs, on va manger et sortir. Ouais… Je sais pas, ça fait une semaine que Jace m’a pas appelé. D’accord, oui ce week-end. Bye. » J’envoie un texto à Isîs de me retrouver au bistro au bord de la plage, comme ça on se gâtera avant d’aller profiter de l’eau. Non, en fait, elle va profiter de l’eau, moi j’vais profiter de la vue. Sur place, je choisis une table à deux places et attends que ma footballeuse préférée se pointe.

Si j’devais repasser le générique dans ma tête de ma journée, ou des dernières qui venaient de passer depuis qu’Hadley avait mis les pieds dans mon bureau, j’les qualifierais de… J’sais pas, euh… Bizarres, ouais. L’ambiance est bizarre, c’est nul de plus avoir cette chimie qui nous liait avant, mais en même temps, comment ? Comment est-ce qu’on va passer de travailler ensemble à potentiellement compatibles sans me donner envie de la lancer à l’autre bout de la pièce à cause de son attitude de tête de cochon. Marre de me faire regarder de haut par elle parce qu’elle croit qu’elle peut jouer à un jeu qui va me faire me sentir mal. Ça fonctionne pas… Bref, je sors de mes pensées et me concentre sur Isîs qui vient d’arriver, j’regarde mon téléphone, ça fait pas une heure, faut croire qu’elle aura pas à payer sa part après tout. Elle s’installe devant moi, ça fait quand même un bail qu’on s’est pas vus, alors j’me lève et lui gesticule de se lever aussi, évidemment, elle me fait une remarque avant. Insinuer de quelque manière que ce soit que je fasse un truc comme ça que pour mater des femmes, vraiment, j’en reviens pas. Est-ce que c’est vraiment l’image que je projette ? Alors là, je suis choqué ! L’ironie de ma pensée me met automatiquement le sourire aux lèvres, je prends un air faussement offusqué et regarde Isîs avec la bouche ouverte, comme si elle avait touché un nerf en disant ça. « Toi aussi, baby girl. » Dis-je, en la tirant vers moi pour l’enlacer. « Qu’est-ce qui a bien pu te faire croire ça ? Le fait qu’on va aller se baigner quand le soleil se couche et quand les bimbos sortent de leur trou à rat ? Voyons Isîs, j’ai meilleur goût que ça ! » On éclate de rire en même temps, elle reprend sa place et je reprends la mienne. « Alors, comment s’est passée ta semaine ? » Une serveuse vient de nous remarquer et vient pour prendre notre commande. Elle me dévisage, ce qui me rend inconfortable parce que je vois rien en elle qui m’attire assez pour la ramener à une de mes nombreuses chambres d’hôtel. J’lui fournis un faible sourire en lui donnant ma commande, Isîs fait de même, puis elle disparaît derrière le comptoir, puis dans l’allée pour se rendre à la cuisine. J’connais l’endroit par cœur, quand j’rencontrais des bombasses sur la plage, j’les emmenais à l’arrière et j’rentrais par la portière qui fonctionne mal et j’les baisais dans la cuisine, leur faisant croire que l’endroit m’appartenait. Haha, les bullshit que j’sortirais pas pour me faire une femme, surtout quand elle est prête à croire tout ce qui sort de ma bouche et avaler tout ce qui sort de ma q… Hm, j’en étais où déjà ? Ah ouais, Isîs qui me raconte sa semaine et moi qui suis dans les airs, me demandant où j’ai foutu le prochain joint que j’vais fumer et si je l’ai déjà roulé. Pour un homme d’affaire sérieux, les gens pensent vraiment que j’ai pas de vie, mais c’est faux. L’argent me donne tout ce dont j’ai besoin, aller jusqu’à dire que j’serais pas qui j’suis sans, serait me mentir à moi-même et aux autres, mais en même temps, comment espérer s’amuser sans moyens ? Voilà, j’me disais… Après qu’Isîs soit sur le point de me lancer son verre d’eau en plein visage si je l’écoute pas, je la regarde et lui souris. « Oh come on, j’étais là, j’faisais juste semblant que je t’écoutais pas, j’ai compris tout c’que t’as dit. » Pas un mot, pas un seul putain de mot. Elle le sait, mais au lieu de me frapper elle lève les yeux au ciel et se contente de regarder la serveuse qui arrive avec nos plats. « Bon appétit fillette. » Elle déteste ce surnom, mais en même temps, c’est ce qui me permet de garder mon piédestal. Ce qui me permet de la différencier de la gente féminine que j’ai envie de me taper. Isîs a grandi, elle est plus la petite fragile de 15 ans qui se cachait presque derrière moi quand on rencontrait des gens et qu’elle savait pas quoi dire parce qu’elle comprenait pas tellement l’anglais à ce stade. Maintenant elle a des formes, elle a un visage d’ange et putain, si je savais pas qu’elle était vierge et si j’avais pas autant d’affection pour sa famille, je l’aurais empalée y’a longtemps, et ce serait probablement un coup régulier, étant donné de comment elle fait partie de ma vie. Pourquoi, oh POURQUOI faut-il qu’elle fasse partie de mon entourage permanent ? Alors que j’ai englouti la moitié de mon plat, j’relève les yeux pour voir Isîs m’observer. « Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? » Je vois dans son visage qu’elle a envie de mentionner un changement dans mon personnel au travail qui l’a intrigué le jour où j’lui ai dit que j’engageais mon ex en tant que secrétaire… « Crache le morceau, sinon tu risques de t’étouffer dessus. »