La Saint Valentin … S'il y a bien une fête que Sebastian Rhodes déteste le plus au monde, c'est celle-ci. Il n'y a rien de plus commercial et insipide que la fête des amoureux. Comme si les gens avaient besoin d'un jour particulier dans l'année, pour se montrer qu'ils s'aiment. En plus, ce jour n'a pas être exclusivement réservé aux amoureux : les ami(e)s aussi peuvent montrer leur amour entre eux, on peut aimer d'amitié. Puis, est-ce qu'on pense un peu aux célibataires qui voient des cœurs et tout ce qui se rapporte à ce sentiment, alors qu'eux-mêmes n'ont pas forcément quelqu'un avec qui la passer ? Sebastian réagit comme ça pas (uniquement) parce qu'il est célibataire depuis quelques mois et que ça sera la première Saint-Valentin qu'il passera seul depuis plusieurs années. Même quand il était en couple, il appréciait que très peu cet événement de l'année (si on peut le considérer comme tel d'ailleurs). Cependant, malgré toute cette animosité vis à vis de la célébration du petit angelot tireur de flèches, Rhodes a prévu quelque chose autour de la Saint-Valentin. Déjà, le 14 février en lui-même, il ne fera rien. Ou du moins, il fera ce qu'il fait tous les autres vendredis de l'année : il regardera des épisodes de séries devant un bol de soupe, chez lui. Par contre, le lendemain, le 15 donc, il a prévu de voir … son ancien petit-ami. Très spécial, c'est vrai, mais ça importe peu au jeune homme. Il part du principe où il doit faire un pied de nez, comme on dit, au 14 février. Donc, il verra son ex et passera un moment avec lui. Sauf qu'ils ont prévus de ne pas faire des choses trop « couples ». Il se verront dans un lieu qui n'évoquera pas forcément la relation qu'ils ont eu, un lieu qui n'a pas non plus un côté romantique et agiront comme deux amis qui passent un moment ensembles, rien de plus ni de moins. L'idée, à la base, partait d'une plaisanterie entre les deux hommes, qui a finit par devenir sérieuse et se mettre en place. Le lieu choisi : Starbucks (l'enseignant a penché, à un moment, pour Subway mais pour quelqu'un comme Dante, ça ne le faisait pas trop). Le moment : début de soirée. Il est presque 17h00 quand Sebastian entra dans le Starbucks choisit. Il attendit dans un coin que Cassidy arrive. Ce dernier n'étant jamais en retard, il suffit au jeune homme de chercher son iPhone, vérifier l'heure et relever la tête pour le voir. Souriant, Rhodes donna un accolade au nouvel arrivé et lança : « Ponctuel comme toujours. » En s'éloignant de Cassidy, l'originaire de San-Diego se mit à douter. Est-ce que c'était une si bonne idée que ça, de voir l'homme qu'on aime toujours, et de prétendre passer un moment normal ? « On va commander ? » proposa ensuite Sebastian, montrant la file du doigt et toute excuse pour oublier son malaise et ne pas le faire grandir.

Le long du chemin, la route défilant devant ses yeux, il ne cessa de se demander si c'était une si bonne idée. De le rejoindre. Lui. Son ancien amant, son ancien compagnon. Celui qui avait refusé sa main, celui qui l'avait quitté. Il se le demandait surtout parce que la dernière fois... Ils avaient fini dans un lit. Corps contre corps. Le cœur enfouit au plus profond. Relation charnelle comme à leurs débuts. Mais cela était-il vraiment sain ? Devait-il continuer ainsi ? Ne pouvant s'empêcher d'être attiré par lui. Ne pouvant s'empêcher de laisser son cœur battre pour ce jeune homme. Il soupira doucement, sa voiture ralentissant pour se garer. A quelques mètres du point de rendez-vous. Il devrait marcher. Pas de mal, cela lui ferait du bien. Pour penser. Un rendez-vous ? Pas vraiment. En soit, ce n'était ni pour la Saint-Valentin ni pour autre chose. Une soirée entre amis. Il n'arrivait pas à trouver cela logique ou même possible. Et pourtant, il était bel et bien là. Devant ce café. Hésitant quelques secondes à pousser la porte avant de pénétrer dans le lieu. Public, emplit de monde, de couples. Quelle idée de venir là. Un nouveau soupire et, il avança. Le repérant rapidement.

Il était toujours aussi beau. Toujours aussi parfait à ses yeux. Mais, lorsque l'accolade glissa sur son dos, il ne put s'empêcher de se tendre. Pour ne pas grimacer. Pour ne pas trop réfléchir. Une accolade. Lui, il repensait aux baisers échangés, aux nuits ensemble. L'amour. Quelle ironie cette connerie. Parce qu'il était là, faisant battre son cœur frénétiquement et pourtant... Rien que cette putain d'accolade. Il ne dit rien, ne répondit rien et suivi simplement Sebastian, ne pouvant s'empêcher de le regarder, le haut de ses épaules, le creux de ses reins dissimulés sous ses vêtements, la courbe de ses fesses. Il était irrémédiablement perdu. Envoûté. Se reprenant doucement, son port altier, son regard droit, il finit par le faire glisser sur la liste des boissons. Il n'aimait pas trop ce genre d'endroit. Trop de choix, trop de choses extravagantes. Franchement, quelle idée de mettre du Daims dans un café ! « Tu prends quoi ? Je pense qu'un café long fera l'affaire pour moi. Je te l'offre. » Il ne pouvait s'en empêcher. En soit, c'est bien Seb qui avait eu l'idée de cette soirée. Mais, comme...ce n'était pas un rendez-vous. Il grogna, se sentant comme une midinette à son premier rencard ! Il voulait payer, et, il le ferait non d'un chien. Il se rapprocha un peu plus de Sebastian, attendant sa réponse, sa main effleurant légèrement le creux de ses reins. Comme pour l'inciter à passer commande. Mais, surtout pour le séduire. Un peu. Rien qu'un petit peu. Parce qu'il l'aimait ce con. Et, il était prêt à tout pour le récupérer. Même si ce soir. Ce n'était pas un rendez-vous.

Ce fut lorsque le moment était arrivé que Sebastian regretta son idée. Pourquoi est-ce qu'il avait proposé une chose pareille ? Et à Dante en plus : son ancien petit-ami dont il est, encore, éperdument et totalement amoureux. Lui proposer une soirée anti-Saint Valentin et anti-romantique, alors que chacun ne désire qu'une seule chose : s'aimer à nouveau comme avant, que leur séparation ne soit plus qu'un mauvais et lointain souvenir … Naïvement, Rhodes pensait avoir une relation amicalement normale, avec un peu de sexe, avec Cassidy. Mais, il s'était lourdement trompé et s'était bien mit le doigt dans l’œil jusqu'au coude pour reprendre l'expression. Dès qu'il vit son ancien petit-ami venir vers lui, l'enseignant comprit son erreur et sa bêtise. Quasiment aussitôt, il s'auto-maudit d'agir de la sorte. La suite n'allait absolument pas arrangé les choses. Dante posa sa main sur le dos de Sebastian, se collant contre lui et s'éloignant ensuite de quelques millimètres … Pour mieux revenir à chaque fois, après. Cette présence troubla et charma Rhodes. Il se retient de regarder son compagnon et d'agir de façon encore plus stupide en lui demandant une folie du genre « embrasse-moi ». Mais, comme un heureux et pratique hasard, Dante demanda à son compagnon de la soirée : « Tu prends quoi ? Je pense qu'un café long fera l'affaire pour moi. Je te l'offre. » Là, le sportif regarda le propriétaire du cabaret. Un petit sourire se dessina sur son visage. Normalement, chacun doit payer sa part, c'est le principe du rendez-vous (qui n'en est pas, soit dit en passant). Sauf que Cassidy payera quand même et que Sebastian aura beau faire tout ce qu'il veut pour l'en dissuader, il ne changera pas d'avis. « Je vais un frapuccino au chocolat, avec un cookie. » dit-il au serveur, lui souriant aimablement. Il regarda à nouveau Dante et lui dit : « OK pour que tu payes les boissons. Mais moi, ça sera les pâtisseries et ce n'est pas négociable. » Concluant sa phrase par un clin d’œil, Rhodes se remit droit et regarda devant. Cassidy sait parfaitement que son ex' peut être aussi têtu que lui et le faire changer d'avis est tout sauf la solution à appliquer. Au bout de quelques minutes, deux plateaux furent servis et les commandes payées comme ça avait été convenus. L'ancien couple choisit alors une table pour deux, un peu en retrait, et s'y installèrent. En enlevant sa veste et s'asseyant en même temps, Sebastian touchait le pied de Dante, lui faisant comme on dit du pied. Quand l'envie d'intimité nous tient ...

Il eut envie de rire. Avec légèreté, douceur, lorsqu'il l'entendit lui dire qu'il paierait les pâtisseries. Aussi têtu que lui au final et, il adorait ça. Ça lui donnait envie de le contrarier, le contredire. Mais, pour cette fois, il hocha simplement la tête. Pour lui faire comprendre qu'il était ok avec ça. Pour essayer de ne pas le braquer. Parce que finalement, ce rendez-vous, qui n'en était pas un, était en train de le devenir. Il le sentait, il le voyait. Parce qu'il ne pouvait s'en empêcher. Et peut-être, parce qu'ils étaient tous les deux des idiots avec des œillères aussi grosses que des voitures. Pour ne pas voir, ou faire comme s'il n'avait rien alors que ça devait crever les yeux de tout le monde. Cette attraction, cette sensation qui les entouraient. Ces regards. Car, oui, Dante n'arrivait pas à ne pas le regarder, ou tout du moins, à le regarder comme un ami. Cela lui était impossible. Son regard ne pouvait s'empêcher de glisser sur son corps, pour l'admirer, pour le désirer. Ce fut finalement le serveur qui le ramena à la réalité, son regard se détachant du jeune homme, ses mains attrapant son plateau pour finalement suivre Sebastian. Son regard errant à nouveau sur ses courbes avant qu'enfin, ils finissent par s’asseoir. Une table pour deux, une table un peu éloignée. Cela commençait vraiment à ressembler à un rendez-vous. Surtout lorsque l'on regardait autour d'eux, tous ces jeunes couples assis un peu comme eux, dans un coin éloigné, sur une table rien que pour eux. Il eut envie de le faire remarquer, de lui dire pour le charrier, mais, cela lui fut impossible. Parce qu'il y avait ce pied...

Un pied contre le sien. Ce pied qui le tentait alors qu’il s’efforçait à garder un visage neutre. Mais, il n’en avait pas envie. Il voulait le dévorer. Du regard, littéralement. Doucement, sa main attrapa sa tasse et, il la porta à ses lèvres, buvant une gorgée, fermant quelques secondes les yeux. Parce qu’il ne savait plus. Comment pouvait-il rester en ami…alors que tout le tirait vers Seb ? Alors que Sebastian lui-même le tentait ? Il rouvrit les yeux, sa boisson se posant silencieusement sur le plateau alors qu’il finit par se laisser aller. Son visage se décrispant un peu, juste moins froid, juste moins strict. Son regard s’éveillant, cette petite étincelle apparaissant. Dévorante, séduisante. Il l’avait décidé ainsi. Le pied tout contre le sien l’avait décidé. Merde à l’ami. Merde à l’anti Saint-Valentin. Il voulait cet homme. Il le voulait aussi ardemment qu’il l’aimait. Alors, il le dévora, du regard, sans un mot, juste comme ça. Le détaillant, lui faisant l’amour en le fixant. Son pied répondant simplement à celui du jeune homme. Quelques instants, quelques secondes peut-être avant que tout s’arrête. Avant qu’il ne se referme légèrement, un sourire sur les lèvres. Un bout de gâteau dans les mains. Il voulait le tenter, il voulait lui montrer. Ce qu’il avait perdu. Ce qu’ils avaient perdu par sa faute. Parce que oui, il lui en voulait, un peu, beaucoup. Il n’en savait rien mais, il lui en voulait. D’avoir un peu tout gâché, d’avoir fui. Il lui en voulait autant qu’il s’en voulait. D’avoir été con de le demander en mariage et qu’il ait refusé.

Le gâteau glissa entre ses lèvres, peut-être un peu trop sensuellement alors que son regard plongeait dans celui de son ex-compagnon. Alors que son cœur s’arrêtait un instant pour ensuite redémarrer. Merde… Il avait envie lui.

Prenant son plateau en mains, se dirigeant dans un coin tranquille du Starbucks, Sebastian Rhodes regarda autour de lui. Il constata qu'autour de lui et de Dante Cassidy, il y avait beaucoup de duos (pour ne pas dire des couples). Il y avait beaucoup de filles et de garçons ensembles et l'ambiance régnant entre eux était plus explicite : c'était des rendez-vous galants ou du moins, des rendez-vous de proches qui s'apprécient beaucoup. A nouveau, Sebastian se sentit honteux et mal à l'aise de ce qu'il était en train de faire. Amener Dante dans un endroit pareil, avec des gens se comportant de la sorte autour, était vraiment une mauvaise idée, l'idée à ne pas avoir. Déjà, Starbucks n'est pas forcément l'endroit que Cassidy préfère le plus au monde, il mérite mieux que ça et ça se comprend. Puis, la relation amoureuse que les deux hommes ont entretenues pendant toutes ses années les hantent forcément en voyant les personnes autour d'eux. En s'asseyant et retirant sa veste, l'enseignant tenta de se calmer en se disant de rester neutre et de faire comme si de rien était. Bien sûr, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. Posant son iPhone sur la table et enlevant ensuite le couvercle de son gobelet 'afin d'évacuer la fumée et le refroidir un peu), le jeune homme ne réalisa pas qu'il touchait la jambe du propriétaire du Burlesque. Ce fut en baissant les yeux quelques petites secondes qu'il vit son erreur. Il se rattrapa alors, éloigna son pied et lança en se confondant d'excuses  : « Merde ! Désolé ! Je n'avais pas vu ton pied ! » Il ne manquait plus que ça, des signaux pour montrer qu'il avait envie de lui (ce qui est le cas, bien sûr). Comme si les choses n'allaient pas de travers entre eux, et il y en a : que ça soit la demande en mariage de l'un et la rupture de l'autre, ils avaient des sacrés dossiers ensembles … Confortablement installés mais mal à l'aise quand même, ils se lançaient des regards en coin. Mais, ce fut surtout Dante qui fut le moins discret. Le regard baissé, Sebastian était concentré sur son plateau, lui. Il but quelques gorgées de son frappuccino avant de casser en plusieurs morceaux son cookie. Il se mit à en manger un morceau de façon tout ce qu'il y a de plus nonchalante. Sentant un regard sur lui, il leva les yeux et vit Cassidy le regarder. Sauf que son regard n'avait rien de classique, ce n'était pas un regard que doit avoir un ami pour un autre. Sauf que les deux hommes ne peuvent pas avoir une relation de la sorte. Vu le vécu, c'était impossible. « Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ? » Il est évident que Rhodes joue au naïf, il le faisait exprès bien sûr. C'était plus simple que de devoir s'expliquer et faire face à la vérité. Autant faire comme si il avait quelque chose sur la figure alors que d'admettre d'être désiré par cet homme, qui le rend fou avec ce regard de prédateur ...