DREAM OF CALIFORNICATION
Depuis qu'il est gamin, il souffre. Il souffre de sa maladie, trop « banale » pour qu'on le traite comme une poupée de porcelaine ou simplement un enfant un peu particulier, trop marquée pour qu'on l'ignore. « Il doit se calmer ». Oh, il aimerait bien pouvoir tenir le cul vissé sur une chaise le temps qu'il faut, son attention concentrée sur ce que disent les professeurs. Il aimerait bien ne pas oublier ses affaires chez lui, ses rendez-vous. Mais il n'y peut rien, et même les médicaments, même le psychologue qu'il voit depuis qu'il est tout jeune enfant n'y font pas grand-chose. Ça aide un peu, c'est sûr, mais ça ne supprime rien. Alors il vit avec, se fait engueuler quasiment quotidiennement. Ajoutons à cela le fait que sa différence, sa petite taille et sa bisexualité assumée au lycée font de lui la cible principale des clichés sportifs un peu abrutis sur les bords dont la popularité est inversement proportionnelle à l’intellect. Autant dire que son lycée, ça n'est pas la période la plus géniale de sa vie, mais c'est à peu près là que les choses commencent, à partir de là qu'il y a des choses à raconter.

D'abord, il y a son groupe. Musicien dans l'âme, guitariste depuis son plus jeune âge, il le monte avec une bande de potes, et ensemble ils enchaînent scènes miteuses dans des bars, concerts improvisés dans les sous-sol pour les soirées des copains, jam-sessions... Ils y croient dur comme fer, sont persuadés qu'ils vont y arriver. Et ce qui est clair, c'est que même s'ils ne sont pas vraiment très connus, on commence à parler d'eux, on se rend à leurs shows en chantant leurs paroles, on connait leurs mélodies. Mais les choses tournent rapidement au vinaigre, à cause d'elle.

Elle, c'est Sarah. Il l'a rencontrée après un concert, au bar. Il le sait qu'à l'origine, elle n'est pas venue pour le voir lui. Qu'un autre de ses potes l'intéresse. Mais elle lui plait, terriblement, et il n'abandonne pas. Chance, malchance, appelez ça comme vous voulez, mais il finit par la conquérir, et les choses vont tout de suite rapidement trop vite. Convaincu de leur succès imminent, il lâche ses études de littérature, se fait un énième tatouage, au cou cette fois, et emménage avec elle. Il ne le réalise pas, mais peu à peu, un peu trop « canard », il s'éloigne de ses amis, reste davantage avec la blonde qu'il trouve tous les matins dans son lit. Les répétitions du groupe sont moins nombreuses, les engueulades plus régulières. Et il y a cette annonce qu'elle lui fait un soir.

« Enceinte ». Ce gamin, il ne l'a pas demandé. Ils n'en ont jamais parlé, l'idée n'a même jamais effleuré son esprit. Mais voilà, il doit y faire face. Et rapidement, il se rend compte qu'il le veut, ce bébé. Qu'avec elle, il est prêt. Son psychologue le lui déconseille, ses parents le lui déconseillent, mais il n'écoute que lui. Folie de la jeunesse, de l'amour inconscient.
Soit dit en passant, c'est à peu près à ce moment-là qu'il rencontre Aaron après un concert -on retrouve comme un modèle, non ?-, ce jeune anglais venu aux USA avec le même rêve en tête que celui qui hante les nuits de Shawn. C'est lui qui assistera, aux premières loges, le déclin du jeune brun, étape par étape.

Tout d'abord, la séparation de son groupe. Ils n'en peuvent plus, de ne plus le voir. Elle l’accapare. Ils n'arrivent plus à jouer, et ne supportent plus de se prétendre unis alors qu'ils ont même du mal à prendre des nouvelles de lui.
Puis la naissance d'Ethan. Là, c'est un point positif pour lui, même si son entourage est contre. Il n'a pas de travail, les portes se ferment sous son nez, mais il est sur son nuage, avec Sarah et leur enfant, ce bébé aux yeux tellement verts...
Pour finir, son départ à elle. Sans un mot, un matin. Elle s'en va, laisse tout derrière, la majorité de ses affaires, leur bébé, lui. Il n'aura jamais d'explication, et il sombre. La seule chose qui lui garde la tête hors de l'eau, c'est Ethan, et c'est bien grâce à lui qu'il va finir par se relever, après de nombreuses difficultés et son retour chez ses parents.

Quand Aaron quitte le Winsconsin, Shawn préfère rester à Madison, malgré l'amitié forte qui les lie. Ils ne perdent pas contact, bien au contraire, et ça rassure le jeune homme, d'avoir toujours une ancre quelque part. Pour l'instant, il préfère retrouver ses marques, faire ses habitudes avec Ethan. Et puis, trois ans après, alors qu'il est âgé de 27 ans, il déménage pour San Diego, où se trouve Aaron. Il n'a toujours pas de métier, toujours pas de diplôme, toujours pas d'argent et des frais médicaux hallucinants, mais il reste convaincu qu'il s'en sortira, qu'il offrira le meilleur des mondes à son fils, même s'il doit se tuer à la tâche pour ça, même s'il doit lécher des bottes de patrons n'attendant que ça pour l'embaucher, lui, l'ancien punk à crête, presque -je dis bien presque- assagi par le temps et les expériences.

Depuis, il enchaîne les petits boulots qui ne durent pas. Peu à peu, il fait sa vie là, trouve ses repères, finit par trouver un semblant de routine, à chercher du boulot, en trouver, le perdre, sortir, s'occuper de son fils. Il sait que rien n'est fait, et qu'il doit se battre en permanence, notamment avec son Trouble du Déficit de l'Attention. Mais il est prêt à ça.

HORS JEU
Pseudo BPurified Âge 20 ans. Prénom AHA ! Où as-tu connu le forum? Par Aaron. Ton personnage est un personage inventé. C'est qui ton pokémon préféré? Grahyena, j'y peux rien, il tue tout ;_; Une suggestion ou un commentaire à nous communiquer ? Euh, nop. Le mot de la fin? Bat-Fucking-Man, dude ! /o/