Clyde secoue la tête. C'est pas mettre de la distance entre eux qui rendra les choses plus faciles, moins chaotiques. Il le sait pertinemment. Clyde ne comprend pas les réactions d'Alma. C'est comme s'ils avaient inversé les rôles. Maintenant que Clyde est décidé, Alma prend peur. Il finit son petit déjeuner, jette le pot de son yaourt vide à la poubelle. Il reste debout, droit comme un piquet. Il n'en montre rien mais il est en colère. Encore une fois. Rien ne marche jamais comme il l'avait espéré. Clyde regarde Alma, impassible. Elle lui fait face finalement, elle lui annonce son départ. Il peste. Intérieurement. Pas question qu'il envenime la situation. Ils se sont tous les deux déjà assez torturé. Elle prend ses chaussures, les mets. Clyde attend, reste silencieux. Il trouve rien à dire, il cherche mais ne parvient pas à dire quoi que ce soit pour faire rester Alma. Elle sait exactement ce qu'elle est en train de faire. Et pour cause, c'est quelque chose que lui-même fait d'habitude. Ça lui pourrit toujours la vie. Littéralement. Clyde a toujours souffert des situations dans lesquelles il se met, il s'en est toujours mordu les doigts. Une bise sur la joue, des remerciements, Clyde finit par sourire. Elle est mignonne Alma, même quand elle lui fait du mal. Clyde vient lui prendre la main, fait glisser ses doigts dans les siens. S'il ne sait pas quoi dire pour la faire rester alors peut-être qu'il savait quoi faire. « C'est rien. » dit-il avant de déposer à son tour un baiser sur la joue d'Alma. Puis un autre. Il cherche un contact avec ses yeux, le trouve. Ça y est. Ça recommence. Comme le fameux soir où ils ont couché ensemble. Il arrive juste pas à la lâcher. Clyde sent qu'il perd le contrôle de la situation et, finalement, il cède. Il attrape le visage d'Alma, plaque ses lèvres contre les siennes. Il l'attire à lui en passant ses bras dans son dos. Problème.

La paume de la main de Clyde vient se plaquer contre la sienne, ses doigts s'entremêlent dans les siens. Alma a un moment de flottement. Pourquoi fait-il cela ? Elle va partir, elle est plus que décidé. C'est la meilleure des décisions. Il ne doit pas la retenir, non. Il devrait comprendre ce choix, lui qui passe sa vie à fuir toute les personnes qui l'entourent. Tel un courant d'air, il entre et sort de leur vie. Pourtant, là ça a l'air de poser problème. Elle n'a pas dit qu'elle voulait qu'il sorte de sa vie, elle veut juste prendre un peu de distance. Rester chacun chez soi est sans doute bien plus raisonnable. Elle sert sa menotte, comme pour le rassurer et lui dire que c'est loin d'être un adieu. « C'est rien. » répond-il. A son tour, il pose ses lèvres sur sa joue. Une fois, puis deux. Il y a comme un affreux goût de déjà vu. Et c'est pas bon. Pas bon du tout. La scène des balançoires lui revient en tête, et, sans savoir pourquoi, son rythme cardiaque augmente. Ses prunelles croisent les siennes, leur visage sont de plus en plus proche. Ses yeux vacillent entre ses prunelles et ses lèvres. Non, il ne faut pas, c'est une mauvaise idée. Non. Non, non, non. Pourtant, c'est bien Clyde qui faute, qui attrape son petit visage. Ses lèvres se fondent sur les siennes, son corps se rapproche du sien. Et le pire dans tout cela, c'est qu'Alma n'oppose aucune résistance. Elle devrait, pourtant, mais elle ne le fait pas. Le baiser est rompu, elle baisse les yeux et se mord la lèvre. Ca ne doit pas se passer comme cela. Elle pose sa main sur la joue de Clyde, plante ses yeux dans les siens. « t'es complètement malade... il ne faut pas, il ne faut pas... » murmure-t-elle. Pourtant, elle n'a pas le courage de prendre du recul. La proximité est toujours là. Et s'il ne fait ça que par pur manipulation ? Tant pis, elle se serait fait avoir en beauté. Elle n'a pas envie d'y penser. Finalement, elle se laisse aller, et faute aussi. Ses lèvres reprennent les siennes, elle s'accroche à son cou comme on jette une bouteille à mer.

C'est débile, pas très raisonnable. C'est rajouter de la difficulté là où il n'y en avait pas. Ou presque. Ils s'étaient déjà embrassé la dernière fois. Mais là, c'était différent. Plus intime. Clyde se laisse porter par ses envies, colle Alma à lui et fait taire la petite voix dans sa tête qui lui dit que c'est mal. Tant pis. Des choses répréhensibles, Clyde en avait déjà fait. Embrasser Alma ne lui semblait pas être plus grave qu'autre chose. C'était même plus sain que la moitié de ces trucs qu'il fait d'habitude. Ils s'écartent l'un de l'autre, se regardent un instant sans trop savoir quoi se dire. Alma pose sa main sur la joue de Clyde qui semble se figer. Non, il ne faut pas. Ça, il le sait bien. Mais il en avait eu envie. Alma aussi faut croire. Peut-être même plus que ce qu'il s'était imaginé. Elle revient vers lui, scelle à nouveau ses lèvres à celles de Clyde. Il sent ses mains derrière son cou, insistantes. Sans trop réfléchir, il la soulève doucement du sol, la pose sur un des plans de travail de la cuisine. Autant qu'elle soit à l'aise, il pourrait faire ça toute la journée. Il dévie ses baisers vers le cou de la jeune fille, le dévore de ses lèvres. « Désolé » glisse-t-il à son oreille avant de reprendre ses baisers, avant de reprendre ses lèvres. Désolé de quoi? De tout, de rien. Désolé de ne pas lui résister. Désolé de ne pas se résoudre à la laisser partir quand il l'avait déjà fait un millions de fois auparavant. C'est comme ça. C'est Alma et Clyde. C'est beau. Des fois. C'est désespérant aussi. A n'y rien comprendre. Clyde pose ses mains sur les cuisses d'Alma, se donne entièrement au moment. Il a mis son petit cerveau en veille, il lui sera d'aucune utilité. Comme souvent en fait. Faut dire que Clyde fait pas souvent appel à sa raison, encore moins à sa logique. Alors, non, il n'agit que sur des impulsions. Ça ne veut pas dire qu'il joue. Pas avec Alma, il se le permettrait plus.

Son cœur est au bord de l'implosion. Trop de changements de comportement en peu de temps, sûrement, à la limite du supportable. Pourtant, elle n'a plus envie de partir, pas maintenant. Clyde lui a donné une bonne raison de rester. Une raison plus qu'acceptable à vrai dire. Ses lèvres sont douces, incroyablement douces. Attirantes. Elle n'arrive pas à s'en séparer, comme si cela devenait vital. Clyde n'a pas l'air de vouloir la rejeter. Et pourtant, il n'est même plus sous les effets de la drogue. C'est la première fois qu'ils sont pleinement conscients de leur acte. Les deux premières étaient complètement différentes : soit elle était désespérée soit en pleine crise de panique. Hors ce matin elle est parfaitement calme. Elle en a juste envie. Terriblement envie. Sans qu'elle s'y attende, Clyde la soulève pour la déposer sur le plan de travail. Alma lâche un sourire amusé, même un léger rire. Instinctivement, ses jambes s'enroulent autour de bassin, réduisant à néant la proximité entre eux. Les lèvres du jeune homme quittent finalement ses jumelles pour venir s'enfouir au creux de son cou. Les yeux de la brune se ferme, elle lâche un soupir. Indéniablement, il y a une attraction entre eux, une alchimie qui menaçait d'éclater à un moment ou à un autre. Et celle-ci vient d'exploser à l'instant-même. « Désolé. » lance-t-il, avant d'attraper une énième fois ses lèvres. « Ne le soit pas. Tu m'as donné une bonne raison de rester. » répond-elle entre deux baisers. Ses sens sont en éveil. Ses mains effleurent son dos, ses fesses, ses épaules, se nichent dans sa chevelure. Elle semble perdre complètement le contrôle de la situation. Elle sent la main de Clyde caresser sa cuisse, un sourire étire ses lèvres. Elle rompt leur baiser, le souffle lourd. Ses prunelles sont vissées dans le siennes. Elle retire son t-shirt, pose ses mains sur ses épaules. « allons dans la chambre. » lui fit-elle, collant son front contre le sien.

Quand Alma rétorque qu'il n'a pas besoin d'être désolé, Clyde prend ça comme des encouragements. Il sourit, embrasse Alma de plus belle encore. Oubliées les mauvaises disputes. Ça n'a plus d'importance. Pas maintenant en tout cas. Une main de Clyde se perd dans les cheveux d'Alma, l'autre caresse sa cuisse. Ça parait assez évident maintenant. Ça devait forcément se reproduire un jour. C'était inévitable. Clyde ne saurait pas dire pourquoi mais c'est différent de ce qu'il fait avec les autres filles. Peut-être parce qu'il a un passé avec Alma, un futur aussi. Y'a quelque chose de déroutant dans ce duo. Les mains d'Alma parcourent le corps de Clyde, le désir devient insoutenable. C'est Alma qui met fin au supplice en donnant son feu vert. Front contre front, Clyde reste un moment dans cette position. Il échange un regard complice avec elle, finit par hocher doucement la tête. Il passe alors ses mains sous les cuisses d'Alma et l'emmène jusque dans la chambre. Il l'allonge délicatement sur le lit, enlève son jeans avant de s'allonger à son tour auprès d'Alma. Il se serait bien mis au-dessus mais ça semblait beaucoup trop délicat pour le moment. Et pour les prochains mois à venir en fait. Alors il est allongé sur le flanc, ses mains s'accaparant le corps d'Alma tandis que sa bouche déposait de légers baisers sur ses omoplates. Ses caresses se font plus osées, plus précises. Clyde veut voir Alma frémir, soupirer de plaisir. Impatient, il retire les derniers bouts de tissus qui les séparaient de la nudité totale. Il hésite d'abord, ne sait pas vraiment comment s'y prendre. Au final, ça se fait plus naturellement que ce qu'il avait imaginé. Le premier coup de rein est une libération. Toute la tension accumulée entre eux semblait définitivement disparaitre. Il n'y avait plus que ça, le bonheur d'être ensemble, d'être deux. Clyde en avait eu trop envie.

Leurs baisers sont de plus en plus enflammés. L'envie monte d'un cran. Elle le veut, là, maintenant. Pas un autre. Seulement lui. Clyde. Son grand mystère à elle. Pourtant, elle ne pensait pas que ça arriverait aussi soudainement. Mais cela fait partie de la suite logique des choses, non ? Ils se rejettent, se cherchent, s'apprivoisent, pour finalement se trouver. Et bien trouver apparemment. C'est indéniable, il l'attire. Lui, ses yeux, sa bouche, son corps tout entier. Il y a cette osmose entre eux qui paraît si différente de ce qu'elle avait pu entreprendre avec d'autres hommes. Serait-ce le fait qu'ils sont à présent liés à vie ? Tête contre tête, le sourire d'Alma s'agrandit. Elle peut rester comme cela pendant des heures. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Elle le sait pourtant, Clyde n'est pas quelqu'un pour elle. Elle n'est sûrement qu'une conquête parmi tant d'autre. Peut-être que ce soir, une autre femme qu'elle dans son lit. Pourtant, il y a ce petit truc dans son regard qui lui fait penser le contraire. Un je-ne-sais-quoi qui lui fait penser qu'elle est unique. Alma est peut-être idiote. Tant pis. A vivre sans risques, on risque de ne pas vivre. Il la soulève, l'emmène jusque dans la chambre. Son coeur bat à rompre. Elle a besoin de sa peau contre la sienne. Il s'occupe de son jean, puis du reste de leur vêtement. Un coup de rein, et ils ne font plus qu'un. Alma ferme les yeux, soupire, gémit. Elle souffle son nom, parfois. La chaleur envahit la totalité de son corps pour ce moment si unique. Elle caresse les courbes de son amant. Leur corps entament une danse frénétique et endiablée, se retrouve à l'unisson. Le temps semble se suspendre. Cela dure une demi-heure, peut-être une heure. Ils se tordent jusqu'à épuisement. La tension est totalement redescendu. Alma remonte le drap jusqu'à sa poitrine, se tourne vers le jeune homme, dépose un dernier baiser sur ses lèvres. Le dernier avant longtemps, peut-être. Elle ne sait pas sur quel pied danser avec lui. Alors doucement, Elle pose sa tête et sa main contre son torse, profite de ce moment de répit. C'est peut-être le calme avant la tempête.

Le souffle irrégulier, le coeur tambourinant contre sa poitrine, Clyde vit ce moment privilégié à fond. Il redécouvre Alma. Ce n'est plus la même qu'il y a quatre mois. Elle a changé. Mais le désir est le même, Clyde voulait et veut toujours Alma de la même façon. C'est fort, sûrement trop pour qu'il arrive à le gérer. S'ils sont en train de se retrouver comme de vieux amants, Clyde n'a aucune certitude quant à ce qui adviendra de leur relation dans le futur. Comment pourrait-il de toute façon? A-t-il seulement la conviction qu'il la désirera toujours autant? Il n'en a aucune idée, peut-être pas. En attendant, Alma sera toujours unique. Pas seulement parce qu'elle est la future mère de l'enfant de Clyde, non. C'est bien plus profond, ça remonte aux premières fois qu'ils se sont vus et au surnom débile que donnait Clyde à Alma. Sans savoir pourquoi, ni comment, Clyde l'a toujours vu autrement. C'est peut-être pour ça qu'il s'est permis de compromettre son amitié avec Jay, pas seulement parce qu'il est irrécupérable. Ça en valait la peine. Tout simplement. Attentionné, Clyde dépose de furtifs baisers ici et là. Il se sent emporté, ailleurs. Avec Alma. Y'a plus qu'eux deux, y'a plus que ce lit. Le reste n'a plus aucune foutue importance. Dernier coup de rein, sensation de plénitude. Clyde sourit. Comme ça, comme sourirait un mec qui est heureux. Sûrement qu'il l'est. Alma vient s'installer sur Clyde, ce dernier referme les bras sur elle. Il ferme les yeux, profitant de ce moment de silence. Il n'y a rien à dire. Clyde n'a rien à dire. Rien qu'il n'ait pas exprimé à travers ses gestes en tout cas. Du bout des doigts, il caresse le bras de la jeune femme. Ça dure un moment. Clyde reprend ses esprits, il redescend de son petit nuage. Qu'est-ce qu'ils font maintenant? Il rouvre les yeux, inspecte du regard le plafond blanc de sa chambre. Enfin, pas si blanc que ça. La fumée est passée par-là, elle a assombri les murs jusqu'au plafond. Il devrait peut-être repeindre. Ou du moins arrêter de se perdre dans des réflexions futiles quand le moment ne l'est pas. « Reste » Presque un cri du coeur, un appel à l'aide. Il tourne la tête vers elle, touche son front du bout du nez. Le sourire qu'il avait quelques minutes avant sur le visage n'est plus là, Clyde est soucieux. « Je sais pas ce qu'il y a de mieux à faire... Je sais juste que fuir, c'est toujours la pire des alternatives. » Il chuchote, un peu comme si c'était une confidence. Clyde parle d'expérience, évidement.

Le silence règne dans la pièce. Seuls les bruits extérieurs viennent perturber la douce quiétude qui s'est installée. Alma, calée contre Clyde, le regard dans le vide, songe, encore et toujours. Ils ont fauté, encore. Ils fautent à chaque fois qu'ils sont ensemble. Comme si c'était dans l'ordre des choses. Mais où cela va-t-il les mener ? Elle a beau y penser, elle n'arrive pas à se projeter dans le futur. Sera-t-il toujours là ou alors la tension entre eux aura pris le dessus ? Elle ne sait pas. Peut-être que le fait d'avoir couché ensemble une nouvelle fois va les rapprocher. Ou alors instaurer une distance encore plus grande. Difficile de savoir à vrai dire. « Reste. » lance-t-il, brisant ce silence. Elle a l'impression qu'on venait de lui décocher une flèche en plein coeur. Tiraillée entre la passion et la raison. Il reste Clyde, ce petit connard. Mais justement. Il est Clyde. Elle est attachée à lui et qui plus est il est le père de son fils. Il y a un lien indéfinissable qui les unit. Peut-être trop fort qu'elle en perd pied. Trop fort à s'en tuer à petit. Elle resserre son étreinte, comme pour lui montrer qu'elle ne veut pas le lâcher. Elle fait des cercles sur son torse, reste silencieuse. « Je sais pas ce qu'il y a de mieux à faire... Je sais juste que fuir, c'est toujours la pire des alternatives.
» ajoute-t-il. Il n'a pas tord. Mais elle a peur. Peur qu'il ne la délaisse, peur qu'il se mette à la haïr. Peur de se retrouver seule, sans lui à ses côtés. Elle relève la tête, cherche son regard. « promis, je reste avec toi. » dit-elle, pour le rassurer. Elle n'a nullement l'intention de le quitter. « je... j'ai peur de m'attacher à toi. de me laisser doucement couler dans cette histoire et d'éprouver des sentiments qui n'ont pas lieu d'être. » avoue-t-elle. Puisque c'est l'heure des confidences, allons-y. « et je sens que je chavire petit à petit. » finit-elle par dire. Ca passe ou ça casse. Au meilleur des cas, il ne répond pas. Au pire, il la rembarre.

Clyde sait pas trop quoi penser de tout ça. C'est la première fois qu'il se sent comme ça. Ça lui fait un peu peur mais il sait très bien ce qu'il risque si jamais il rejette encore une fois Alma. Surtout qu'il en a même pas envie. Il ferait ça seulement par soucis de protection. Sauf que là, il voit plus de raisons de se protéger. Il fait confiance à cette fille. Seulement Clyde finit toujours par foirer quelque chose, ça se passe beaucoup trop bien pour que ça dure. Elle promet de rester. Clyde esquisse un sourire en coin, satisfait de sa réponse. D'ailleurs, il aurait préféré qu'elle ne rajoute rien. Grosse bouffée de chaleur. Il sait même pas où regarder. Evidement. Bien sûr qu'ils allaient en arriver là. Il déglutit, préfère garder le silence. Au moins le temps de savoir quoi dire. C'est pas comme si ça lui était déjà arrivé. Pas de manière réciproque en tout cas. Il perde pied, se frotte le front. Merde. Il s'attendait pas à ça, pas maintenant en tout cas. Clyde a encore tellement de choses à régler... C'était pas le moment d'entamer quelque chose comme ça, quelque chose d'aussi flippant et incertain. « Je... Ouais. Je vois ce que tu veux dire. T'en fais pas, t'es trop maligne. Tu voudras jamais d'un mec comme toi. » C'est un peu triste mais c'est la vérité. Clyde est toujours accompagné d'une montagne de problèmes. Quiconque le connait sait bien qu'il vaut mieux l'éviter. Pourtant, pour Alma, pour son fils, il veut changer. Il a changé et continue de s'améliorer de jour en jour. « C'est moi qui devrais avoir peur... Enfin, j'ai peur. » C'est pas souvent que Clyde exprime ce qu'il ressent. Ça fait bizarre. Ça fait du bien. C'est pas si mal finalement. Il soupire, presque soulagé de s'être confié. Il se redresse doucement, cale à nouveau la tête d'Alma contre son torse. Certes, ses propos ne sont pas très engageants mais ça veut pas dire qu'il veut changer quoi que ce soit à la situation actuelle. Il est juste trop bien pour faire cette erreur. Il profite tant qu'il le peut encore. Il rêvasse, pense à cet enfant qu'Alma mettra au monde dans quelques mois. Il se surprend à avoir hâte, à s'imaginer à quoi ressemblera la chambre du bébé. « Je vais changer de boulot. Faut que je me sorte du Macdo, mon fils mérite un peu mieux qu'un père qui prépare des big macs. Et puis, j'en ai ma claque. » Clyde attrape une des mains d'Alma, entrelace ses doigts aux siens. Ça lui fait tout drôle de parler d'avenir avec elle mais maintenant, quand il pense à l'avenir, elle en fait toujours partie.

Elle se sent complètement idiote d'avoir dit ça. C'est vrai, elle est sacrément pathétique sur le coup, la petite Alma. Après tout, elle sort tout juste de l'adolescence, elle est un vrai coeur d'artichaut. Il y a encore quelques mois, elle était complètement béate face à un jeune homme qui la traitait comme une princesse. Ou pas. Juste un jeune homme avec des yeux magnifiques et un sourire à tomber. Mais là, c'est juste différent. C'est la façon dont il la regarde, de la taquiner, de lui dire que tout ira bien. C'est sa façon d'être tout entier. C'est Clyde. Une relation aussi forte que destructrice qui s'est construite en peu de temps. « Je... Ouais. Je vois ce que tu veux dire. T'en fais pas, t'es trop maligne. Tu voudras jamais d'un mec comme moi. » dit-il. Alma roule des yeux. Elle ne serait sûrement pas là à l'heure actuelle si elle ne s'intéressait pas à lui un minimum. Elle tourne la tête afin de l'avoir dans son champ de vision. « je ne voudrais pas de l'ancien Clyde. celui d'aujourd'hui est plutôt pas mal. » répond-elle, un léger sourire sur les lèvres. Alma se relève légèrement pour se retrouver à la hauteur de son visage. Son nez se frotte contre sa joue, colle son front sur sa tempe. Elle ferme un instant les yeux et inspire légèrement. « arrête de douter quand au fait que tu peux changer. moi je ne doute pas une seconde. » souffle-t-elle. Ces gestes de tendresse, c'est tellement nouveau. Mais tellement naturel aussi que ça en devient presque déconcertant. C'est vrai, elle ne doute pas. Même s'il ne s'en rend pas compte, Clyde a énormément changé en peu de temps. Celui qui pestait contre elle et qui la traitait de traînée sur la plage est aujourd'hui, à ses côtés, refaisant le monde en attendant que mini-lui pointe le bout de son nez. Alors oui, il a changé, il n'est plus le même. Et c'est déjà une victoire en soi. Elle reprend sa position initiale, doucement. Clyde a peur. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres. Elle aussi. Qui n'aurait pas peur ? Ils vont accueillir un tout petit bébé d'ici peu de temps. Une charge lourde pour leur épaule de jeunes adultes. Quand à leur relation... Autant se laisser porter par le vent, voir ce que l'avenir leur réservera. Après tout, on est à l'abri de rien. « Je vais changer de boulot. Faut que je me sorte du Macdo, mon fils mérite un peu mieux qu'un père qui prépare des big macs. Et puis, j'en ai ma claque. » déclare-t-il. Elle fronce les sourcils. Peut-être se précipite-t-il, laisse parler son impulsivité. Ou alors il a un plan bien précis en tête. « tu as une idée de ce que tu vas faire après ? » demande-t-elle, histoire de voir s'il ne va pas un peu trop vite. Il passe ses doigts entre les siens, elle joue avec. « quand à moi, il faut peut-être que je songe à trouver un job. je suis bien partie pour me retrouver sans diplôme. » se résout-elle à dire. Avec tout ces événements passés, disons que le lycée est devenue secondaire.

Clyde a toujours pensé qu'il n'avait rien à attendre de la vie. Elle avait perdu tout son sens à ses yeux depuis bien longtemps. Il attendait juste que ça passe. Ça s'arrêterait bien un jour tout ça. C'est sûr qu'il donnait un petit coup de pouce à la grande faucheuse en prenant tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la drogue. Evidemment il était maintenant accro, incapable de se passer de sa dose quotidienne. Il le fallait pourtant. Et alors que Clyde ne commence pas la journée sans un pétard, il s'était abstenu ce matin. Ça semblait même plus le travailler maintenant qu'il avait Alma dans les bras. Mignon. Inquiétant aussi. Drôle de sensation dans le creux de son ventre. Agréable aussi. Clyde sourit. Encore plus en entendant le compliment d'Alma. Il rigole même. Alma se rapproche, Clyde a envie de l'embrasser mais il la réprime ne sachant pas s'il allait être capable de s'arrêter. C'est bien ce qui les a poussé dans ce lit. « Mais je vais le faire » réplique-t-il. En revanche, il n'effacera jamais le passé. Tout ce qu'il a fait restera là et s'il arrive un jour à faire changer d'avis Alma sur lui, Clyde doute qu'il puisse convaincre tout le monde. Pas avant un moment en tout cas. Il réfléchit, se projette dans le futur avec de nouvelles attitudes, un comportement décent. Ça le fait presque rire. Et pourtant. Pas de drogues. Pas de filles. A part Alma. Et un petit garçon. Ça suffirait sans aucun doute à faire son bonheur. « Tu vas te foutre de ma gueule. » Il y avait réfléchi. Sans diplôme, aucun bagage, il n'avait pas vraiment de choix. Ses opportunités de travail sont minces et, au final, il n'avait rien trouvé de plus digne que le mannequinat. C'était même plutôt sympa dans le genre. Faut dire que Clyde a une bonne gueule, ça sera peut-être pas facile mais il devrait y arriver. « Pour le moment, je te demande juste d'être enceinte.» Clyde dépose un baiser sur le sommet de son crâne. Il veut pas qu'elle se complique la vie. Il tenait pas non plus à ce qu'il répète le même schéma que lui. Pourtant, c'est pas comme si elle avait le choix. « Et d'être là aussi. »

Alma est envahi par un sentiment de plénitude. Elle ne veut pas quitter ses bras, pas maintenant. C'est niais, ouais, complètement insensé. Mais elle n'y arrive pas. Elle voudrait rester là des heures, à parler de tout et de rien. A rire. A parler de leur future vie à trois. A se taquiner. A être juste tout les deux. Car elle sait que lorsqu'ils auront de nouveau passé le pas de la porte, la vie reprendra son cours. Clyde recommencera à brancher tout ce qui porte une paire de seins, les ramènera chez lui, leur fera l'amour comme il vient de le faire avec Alma. Les touchera de la même façon. Les fera frémir exactement pareil. Elle ne se voile pas la face, oh non, elle le sent. Elle ne remet pas en cause sa volonté de changer de comportement, encore moins les efforts qu'il a pu faire. Mais elle prend conscience qu'il ne changera pas du jour au lendemain, même si cela lui fait mal au cœur de l'imaginer en train de regarder une femme comme il peut la regarder elle. Il va le faire. Cela sonne comme une belle promesse. Elle espère, pour leur fils. Un furtif sourire illumine son visage quand elle imagine ce que peut être leur vie future. Leur petit garçon, courant partout dans l'appartement et Clyde, l'attrapant au vol afin de le faire virevolter en l'appelant petit fou. Elle serait là, non loin d'eux, un sourire attendri vissé sur son visage. Des rires rendraient des couleurs à la vie. Qui sait, s'ils arrivent à s'apprivoiser l'un l'autre, Clyde et Alma seront sûrement réunis. « Tu vas te foutre de ma gueule. » dit-il. Elle se retourne vers lui, remonte légèrement le haut du drap puis allonge son tronc contre le torse du jeune Wright. Elle le toise, l'air amusée. « promis j'me moque pas. sauf si tu m'dis que tu te lances dans le strip-tease. » le taquine-t-elle, arquant un sourcil. Au delà de la plaisanterie, elle veut vraiment savoir ses intentions, ses motivations. Elle ne le connait pas très bien, alors c'est l'occasion ou jamais d'en savoir un peu plus sur lui. « Pour le moment, je te demande juste d'être enceinte. Et d'être là aussi. » déclare-t-il. Il plaque ses lèvres sur son front. Elle aurait voulu ses lèvres sur les siennes. Alma se mord l'intérieur des joues pour se retenir. Elle hausse les épaules puis secoue la tête. « on arrivera jamais à subvenir aux besoins du bébé si tu es le seul à travailler. et puis c'est sans compter sur tout l’attirail qu'il va falloir acheter avant son arrivée. » répond-elle. Ni lui ni elle ne peut compter sur leur famille respective. A ce moment précis, elle n'a aucune idée de la façon dont ils vont pouvoir s'en sortir.

Bien sûr que Clyde ira voir ailleurs. Juste pour essayer. Il va chercher à se prouver qu'il n'a pas besoin d'Alma autant qu'il le pense à ce moment précis. Corps contre corps, collés l'un à l'autre. Il se dira peut-être que c'est qu'une passade. Ou qu'il s'est laissé emporter. Un truc comme ça. Tout ce qui l'éloignera de la vérité en fait. La réalité lui fait peur. Il sait qu'il est vulnérable. Si pour le moment il a l'impression d'avoir des ailes, il ne tardera pas à se les arracher de peur qu'Alma le fasse avant lui. Les autres, les femmes surtout, c'est trop dangereux pour Clyde. Il préfère se faire souffrir plutôt que quelqu'un d'autre ne le fasse. Ouais, étrange. N'empêche qu'il prend pas le risque. Quitte à passer à côté de quelque chose de bien. Comme d'Alma. Elle est spéciale pourtant, il a confiance en elle. C'est bien pour ça qu'il baisse la garde. Mais faut pas rêver. Ça va pas durer. Clyde finit toujours par se perdre. A moins que... Peut-être qu'il est là, le changement tant attendu. « Strip-teaser? Nan, j'avais pensé à acteur porno. Je me défends mieux au lit qu'en danse! » Il rigole, loin d'être sérieux. Il avait même pas envisagé de telles options. Niveau convenance, c'était pire que son job au macdo. Il veut donner à son fils la chance qu'il n'a jamais eu : avoir un père qu'on peut regarder avec un minimum de fierté. Un minimum hein. Clyde sait bien qu'il est loin d'être un modèle. Il s'arrange comme il peut. M'enfin. « Je dis pas que ça va être facile hein... Mais je peux y arriver. Un certain temps en tout cas. Je suis sûr qu'être un toxico coute plus cher qu'un bébé! Ce sera pas la grande vie... Mais ce sera bien aussi. Promis. » Il a sûrement pas tort. C'est à se demander avec quel sous Clyde se procurait toute sa merde... Faut dire qu'il faisait l'impasse sur pas mal de choses qu'il jugeait alors "secondaires". Il se racle la gorge, finit par cracher le morceau : « Je pensais faire de la photo. Genre trouver une agence et tout. » Il regarde ailleurs, un peu gêné. C'est un peu débile dit comme ça. Mais ça pourrait marcher. Ce sera toujours mieux que de zoner dans un fast-food tout pourri.

« Strip-teaser? Nan, j'avais pensé à acteur porno. Je me défends mieux au lit qu'en danse! » plaisante-t-il. Alma lâche un rire. En même temps, avec lui, elle ne sait jamais à quoi s'attendre. Alors elle se prépare au pire, comme cela elle n'est que peu surprise si une idée sensée germe dans son esprit. Acteur porno. Remarque, ce job serait parfait pour Clyde, lui qui aime tellement les filles et le sexe. « j'avoue que c'est pas mal, en dessous de la ceinture. » répond-elle, soulevant le drap et faisant mine de regarder, avant de rire de nouveau. C'est même plutôt très bien. Sinon, elle n'y serait pas retournée, pardi. La conversation devint plus sérieuse. Bien sûr, qu'elle doit trouver un job. Même si lorsqu'on est enceinte, c'est plutôt difficile. Mais elle ne veut pas que son bébé arrive dans la misère. Elle veut lui offrir la vie qu'il mérite, et avec un seul salaire, cela est mission impossible. Alors, diplôme ou pas diplôme, elle se doit de faire quelque chose. Et puis elle ne se voit pas se tourner les pouces pendant que Clyde va bosser. Quel tableau misogyne. Manque plus que le tablier et madame qui fait les poussières. « Je dis pas que ça va être facile hein... Mais je peux y arriver. Un certain temps en tout cas. Je suis sûr qu'être un toxico coute plus cher qu'un bébé! Ce sera pas la grande vie... Mais ce sera bien aussi. Promis. » lance-t-il. Alma secoue doucement la tête. Encore une promesse. Une promesse dont elle ne sait pas s'il arrivera à la tenir, ou non. Elle n'arrive pas à lui faire confiance. Du moins, pas pour l'instant. Elle essaye, de tout son être, mais c'est vraiment difficile. « Je pensais faire de la photo. Genre trouver une agence et tout. » avoue-t-il. Alma le scrute un moment, semble réfléchir. A quoi ? Elle ne le sait même pas elle-même. « ouais, pourquoi pas. et puis, tu si tu y arrives, tu auras toute les filles de san diego à tes pieds, c'est un avantage. » rétorque-t-elle, un léger sourire sur les lèvres. Clyde mannequin. C'est vrai qu'avec un visage aussi beau, ça peut être tout à fait concevable. Ses yeux sont posés sur lui, comme si elle gravait dans sa mémoire toute les parties de lui. « j'me fais pas d'illusions, tu sais. » murmure-t-elle. Alma sait pertinemment que les filles vont lui tourner autour et continuer de défiler dans ce lit, ou ailleurs. Cet instant ne reste qu'une parenthèse. Un sublime parenthèse, mais une parenthèse quand même. « embrasse-moi comme si c'était la dernière fois. » lui demande-t-elle, le visage sérieux. Car si ça se trouve, c'est vraiment le cas.

Clyde rit comme un gosse. Encore plus quand Alma vient soulever les draps pour inspecter son anatomie. Ils s'amusent bien ensemble. Quand ils se déchirent pas. Ça fait longtemps d'ailleurs. Les futures débâcles ne seront que plus brutales, plus douloureuses. Ça peut pas être aussi facile. Pas quand on s'appelle Clyde Wright. Il y a toujours mille et une façons pour le jeune homme de se compliquer la vie et il ne manque jamais de le faire. Masochiste. Encore une blague. Cette fois-ci, il hésite à rire. Mais pourquoi le cacher? Il est ce qu'il est, pas vrai? Un coureur de jupons, un mec qui a jamais été foutu une fois dans sa vie de se poser. Pas qu'en amour, non. Y'a sa famille aussi qu'il n'a pas su garder auprès de lui. La stabilité, ça le connait pas. Alma vient confirmer qu'il a bien raison de penser comme ça. Même elle le sait. Alors, finalement, il rigole. « Ouais, j'aurais même plus besoin de les chercher! Les plus jolies seront toutes au boulot. » Il rit encore un peu, finis par soupirer. Qu'est-ce qu'il venait encore de dire là? C'était franchement pas élégant, ni même très respectueux. Il regrette. Trop tard. Il espère que ça passe sans heurt, Clyde n'a vraiment pas envie de se prendre la tête. Plus tard peut-être. Comme si c'était la dernière fois. Et s'il avait pas envie de simuler un au revoir? Ou pire, s'il avait pas envie de lui dire au revoir? Mais il est incapable de lui dire non alors, à contre-coeur, il s'exécute. Ça fait mal, c'est langoureux et passionné mais ça fait mal quand même. Il songe un instant à s'arrêter mais continue malgré tout. Si c'était vraiment la dernière fois, il ne veut pas avoir à regretter quoi que ce soit. Elle sera toujours là Alma, quelque part avec son enfant. C'était pas certain qu'elle soit toujours là de cette manière. Affectueuse. Une des mains de Clyde se glisse sur sa joue et quelques minutes après, à bout de souffle, il rompt le baiser. Le temps semble s'être suspendu, il est là, à quelques centimètres du visage d'Alma à la regarder sans aucune idée de ce qu'il devait faire. Il plonge son regard dans le sien, attends une quelconque réaction qui pourrait peut-être l'aider à savoir. Ou au moins deviner. Est-il seulement encore désiré dans ce lit?

« Ouais, j'aurais même plus besoin de les chercher! Les plus jolies seront toutes au boulot. » s'exclame-t-il. Bizarrement, cela lui fait de mal que prévue. C'est vrai, ça ne devrait pas. Mais Alma a la fâcheuse habitude de s'attacher aux mauvaises personnes. Il y a eu Ulysse, qui a passé son temps à la tromper. Et puis il y Clyde maintenant. Bien sûr, le fait d'avoir couché ne scelle pas un pacte entre eux. Mais pourtant, le fait qu'il puisse avoir une autre femme dans sa vie, même furtivement, ne lui fait pas spécialement plaisir. Cependant, il reste Clyde Wright, homme à femmes. Et non l'homme d'une seule femme. Alors il va falloir s'habituer et ne plus y prêter attention. Elle se contente donc de sourire, tournant la tête. Sur ce coup-là, Alma ne veut pas lui faire face, ne veut pas lui montrer que cela l'affecte. Dans le fond, à quoi cela servirait ? Soit il n'y l'ignorerait, soit il se fouterait bien de sa gueule. Il exécute sa demande, ses lèvres reprennent les siennes, une nouvelles fois. Explosif, passionné mais aussi doux, pleins de bons sentiments. Mais ça lui fait mal, un putain de mal au coeur. Pour elle, le chemin est déjà tout tracé : ils vont finir par quitter ce lit, vivre leur vie. Alma va voir son fils et son corps évoluer de jour en jour. Clyde va continuer de sortir, d'accoster des nanas avec son sourire charmeur. Alors un jour, elle va rentrer et le trouver à moitié nu avec une femme. Alma se sentira idiote d'avoir pu penser qu'il oserait changer pour elle. Elle claquera la porte et s'éloignera de lui. Un brin dramatique direz-vous. Tout comme leur relation finalement. Elle est belle a proportion qu'elle est féroce. Nocive. Ses paupières s'ouvrent, le visage de Clyde est près du sien. Elle frotte son nez contre celui qui jeune homme. « tu vas m'rendre complètement chèvre clyde wright. » lance-t-elle, ne bougeant pas d'un pouce. Elle veut garder cette proximité juste un petit peu. « mais toi comme moi savons que ce jeu va nous tuer à petit feu. » finit-elle par dire, déposant un baiser sur son nez. Finalement, elle se relève, attrape une chemise appartenant à Clyde par terre, l'enfile. Alma se poste face à la fenêtre, posant ses mains sur ses bras, observant le paysage, songeant à ce que l'avenir lui réserve.

Complètement chèvre? Clyde se mordille la lèvre. Oui. Sûrement. Clyde provoque souvent cet effet chez les autres. Volontairement ou pas. Là, il voulait pas. Il tient à Alma. Autant qu'il est capable de l'admettre. Il aimerait que tout se passe bien pourtant il sait bien que le fait qu'il soit quelque part dans le tableau va tout compliquer. Un pincement au coeur. Il essaye de se rappeler les mots d'Alma, ceux qui disaient qu'il était capable de changer mais n'y parvient pas. C'est trop flou dans sa tête. Il garde Alma près de lui, se doute bien qu'elle allait finir par s'écarter. Encore des mots. Les tuer? Peut-être bien. Un baiser sur son nez et Alma se lève finalement. Elle met une des chemises de Clyde, il a l'impression que son coeur va sortir hors de sa poitrine. Il s'est jamais senti comme ça, se demande si c'est normal. Sûrement pas. Il pose la main sur son torse, essaye de calmer la cadence. Il y arrive tant bien que mal. Il souffle. C'est ça qui allait le tuer, Alma avait raison. Lui aussi, il allait devenir fou. Rien que là, s'il voyait Alma avec un autre homme, il perdrait ses moyens. Il taperait sûrement. Sans même chercher à comprendre. Il est comme ça Clyde, toujours prêt à en mettre une. Ou à s'en prendre une. Clyde a envie de rejoindre Alma mais il ne le fait pas. Pas tout de suite en tout cas. Il prend un moment pour la regarder, pour évaluer les enjeux de ses actes. C'est dangereux. Ça l'est toujours quand ça signifie quelque chose, pas vrai? Clyde le sait, Alma n'est pas une quelconque fille. Elle sera toujours importante. Il enfile un caleçon, vient poser sa tête sur l'épaule d'Alma. Joue contre joue. Il ferme les yeux, finit par se redresser en les rouvrant. Il ne touche plus Alma mais reste là, derrière elle. « Quoi qu'il se passe... Tu te souviendras à quel point je tiens à toi? A vous? Promis? » C'est dit. Clyde admet. Non, il ne s'en fout pas. Même s'il le voulait, Alma et ce bébé font maintenant partis de sa vie. Pour toujours. Pour le meilleur et pour le pire. Surtout le meilleur. Enfin, ça, c'est dans ses rêves.  

Elle entend le vent souffler, regarder les nuages blancs qui tranchent sur le ciel incroyablement bleu. Cela calme ses inquiétudes, le temps d'un instant. Ces dernières reviennent vite, bien trop vite à son goût. C'est loin d'être quelque chose de normal. Elle de doit pas se morfondre quand au fait que finalement, cet instant n'est qu'une passade et que demain, ce sera une autre fille lui tiendra la main. Après tout, ils ne sont pas ensemble, non ? Et c'est bien cela, le pire de l'histoire. Ils ne sont pas ensemble. Ils vont être parents, mais ne sont pas un couple. Réaction typique d'une adolescente, mais il y a bien plus en jeu qu'une simple amourette. La construction d'une famille, voilà l'enjeu. Elle sent la chaleur du corps de Clyde contre le sien, ferme les yeux quand celui-ci pose sa joue contre la sienne. Cette peau, elle aimerait la toucher, tout les jours. Chaque recoins, comme si c'était la sienne. Elle a envie de se gifler, tellement elle est ridicule. Ridicule de se raccrocher à ce furtif instant. « Quoi qu'il se passe... Tu te souviendras à quel point je tiens à toi? A vous? Promis? » lance-t-il, alors qu'elle sent qu'il ne la touche plus. Promettre ? Elle ne sait pas. C'est peut-être trop lui demander. Alma, elle a peur d'être prise pour une idiote et que dans cette histoire, son petit coeur se fasse piétiner pour ressembler à un vulgaire steak. Elle ressent quelque chose au niveau de son ventre. Comme des bulles, qui bougent. Elle passe sa main dessus. Bébé bouge. En même temps, avec tout ce remue-ménage, il fallait bien qu'il se manifeste un jour. Elle le caresse, ce ventre, comme pour le calmer. « promis, ce petit garçon saura à quel point son père l'aime. » dit-elle, fixant une dernière fois l'horizon. Elle réfléchit un instant, puis se retourne, lui offre son regard. « quand à moi, je... commence-t-elle à dire, s'arrêtant pour chercher ses mots. si tu savais ô combien tu es important pour moi Clyde... mais je ne suis pas sûre de pouvoir supporter les actes à venir. » finit-elle par dire, secouant la tête. Bien sûr qu'elle tient à lui. Son coeur battant la chamade lui prouve bien assez comme ça. Mais pas sûr qu'elle arrive à pouvoir rester de glace face à ses futures agissements.

Clyde regarde la nuque d'Alma, ses cheveux. L'envie de les toucher lui vient, il s'en approche et se ravise au dernier moment. Comme s'il avait peur de se bruler. Ce serait peut-être bien le cas d'ailleurs. Alma est dangereuse, leur relation l'est d'autant plus. L'un ou l'autre allait finir par en pâtir. Sûrement même les deux. Ça allait être déchirant. Pas étonnant que Clyde ait peur, qu'il cherche déjà à mettre des distances entre eux. C'est pas encore flagrant mais, avec un pincement au coeur, Clyde se rend compte que ça finirait par le devenir. Alma allait comprendre, elle finirait bien par chercher à se préserver de cette relation qui s'annonçait chaotique. Clyde grimace. Il sourit finalement quand Alma lui certifie que leur fils saura que son père l'aime. Oui, il l'aime. C'est forcément ça. Il s'était jamais posé la question, ne s'était même pas rendu compte que cet attachement était de l'amour. Rien que ça. Et pour Alma alors? Nouvelle grimace. Sauf que cette fois, Alma se retourne. Clyde reprend une expression -à peu près- naturelle pour ne pas l'alarmer. Elle se confie, exprime ses réticences, ses sentiments aussi. Surtout ses sentiments. Clyde hausse les sourcils. Il est pas vraiment surpris qu'Alma tienne à lui, il l'est plutôt qu'elle lui ait dit. Elle devait certainement lui faire confiance. Au moins un peu. Il lui adresse un sourire compatissant et passe ses bras autour d'elle. Une main dans sa nuque, l'autre dans son dos. Il la serre doucement. Il dit rien. Y'a plus rien à dire. Il pourrait promettre quelque chose mais il serait pas sûr de le tenir. Il garde Alma dans ses bras. Clyde est encore là. Peut-être pas longtemps, peut-être pas pour toujours. Il se contente d'être là pour le moment, l'instant présent, et c'est déjà bien. Dieu sait ce que l'avenir réservera à ces deux-là.