Dmitri, il est de ces gamins qui se venge de la vie en lui tapant dessus. Une vie à la con. Son père s'est fait butté. Il était p'tit le gosse, alors il s'en souvient pas. Pourtant, il était là. Il a vu le mec arriver, pointer le revolver sur la tempe de son père et tirer. Et il l'a vu s'effondrer surtout. Mais le p'tit, il a pas pleuré. Peut être qu'il avait compris qu'il valait mieux la fermer. P'tete bien. A croire qu'il est pas aussi con qu'il en a l'air.

Chez lui, ça a toujours été chaotique. Sa mère se shootait aux médocs et ramenait un mec différent chaque soir. Parfois même deux. Il a jamais vraiment su si elle les faisait payer ou si c'était juste une nympho. Et il sait pas vraiment lequel de ces deux choix est préférable. Du coup, il a toujours préféré être ailleurs. Et ailleurs, c'était chez Ulysse. Ulysse, il l'a rencontré en maternelle. Ils se sont battus. Dans un coin, pour qu'on les chope pas. Sauf que personne n'a gagné. Alors ils sont devenus pote. Genre, vraiment pote. Celui pour qui tu donnerais ta vie.

Dim, c'est pas un mec fréquentable. C'est un con. Un p'tit con. Il aime sa liberté. Il aime faire ce qu'il veut. Tout ce qu'il veut. C'est un mec impulsif Dim. Trop probablement. Et ça, ça lui a couté. Il a fait un truc. Genre, un truc vraiment pas bien. C'est clair qu'il irait en taule si quelqu'un le savait. Mais y'a que 'Lys qui le sait. C'est leur secret. Un peu comme un pacte qui sellerait leur amitié. Parce que Lys et lui, c'est une de ces amitiés indestructibles. Ils feraient tout l'un pour l'autre. Ils se complètent. Et ils se ressemblent aussi. Les deux mêmes p'tits cons. Pourtant, Dim reste un poil plus tempéré. Un poil plus réaliste peut être aussi. Un des seuls à pouvoir stopper Ulysse dans sa connerie intersidérale.

Dim, il a jamais bien su définir ses sentiments pour Victor. Il l'énervait parfois quand il trainait avec Ulysse. Ils les sentaient proches. Et ça le gavait un peu. Des fois, il avait l'impression que le gamin lui piquait sa relation spéciale avec Lys. Pourtant, y'a jamais eu de ça. C'était différent. Juste différent.
Puis il un jour, un truc a déconné. Il a jamais vraiment su exactement quoi. N'empêche que, d'un jour à l'autre, Ulysse s'est mis à le haïr. A lui cracher des saloperies à la gueule. Il a fini par comprendre qu'il aimait les mecs le gamin. Et les tapettes, ça a toujours été un truc que Lys détestait. Dim, il a fait pareil. Les saloperies, il les a aussi craché à la gueule de Vic. Peut être que ça lui faisait du bien d'humilier le pédé. Un peu comme s'il se persuadait que c'était le truc le plus dégueulasse du monde. Ca a commencé à l'obséder. Un peu. C'était souvent question du cul de Vic. Les critiques là. C'était toujours des phrases à la con sur ce qu'il pouvait se prendre dans les fesses. Ca faisait rire Lys.

Il sait pas vraiment comment ça a commencé. Comment il a fait pour se laisser aller. Un jour, il l'a baisé. Dans les douches du lycée. C'était sauvage. C'est bestial. Et putain, c'était le coup le plus bandant qu'il n'ait jamais eu.
Et ça a continué. Encore et encore. Il se détestait Dim. De ressentir cette putain de chaleur dévorante lui cramer le ventre quand il était avec Vic. Il se voilait la face. Il se disait que c'était juste pour son cul. Parce que les filles aiment pas ça qu'on les prennent par le cul. Pourtant, ils en baisaient de moins des filles depuis Victor.
Putain de p'tit con.

Il a fallu que Lys les trouve. Ensemble. Le petit brun à califourchon sur lui en train de se déhancher en gémissant de plaisir. Et Lys, il a pété un câble. Il l'a chopé le gamin, et il l'a démoli. Dim, il est resté là. Planté comme un con. Il a rien dit quand Vic l'a appelé à l'aide en gémissant son prénom. Il a rien fait. Il l'a vu perdre connaissance. Il a vu le sang couler. Mais il a rien fait.
Il a juste fini par lâcher un "...arrête tu vas l'buter" d'un ton totalement détaché. Comme si ça lui faisait rien. Et quand Lys est parti, il l'a regardé quelques secondes. Son gamin. Il a appelé les secours avant de courir rejoindre son pote pour clamer haut et fort que Victor avait profiter de lui comme une vraie petite pute en chaleur.