Elle referme péniblement son bouquin, s'extirpe de sa chaise et passe le pas de la porte d'un pas lourd. La sonnerie vient de retentir, elle déambule dans le couloir, baillant aux corneilles sans même prendre la peine de poser sa main devant ses lèvres. Les cernes dessinés sous ses yeux donnent l'état de la soirée de la veille. Rien que d'y penser, elle pousse un soupir. Instinctivement, elle frôle le creux de son ventre du ventre. Un véritable cadeau empoisonné. Clyde est un putain de connard. Ses yeux, ses lèvres, son allume, le ton de sa voix, tout indique que ce mec est un chieur né. Bah ouais, ce n'est pas parce qu'elle porte son gosse qu'elle va dire que c'est l'homme idéal, loin de là. La casquette du parfait abruti lui va à merveille.  Mais la personne qui lui a fait plus de mal, c'est bien son frère. Elle ne l'a jamais vu dans un état pareil, elle en a presque eu peur. Et elle s'en veux. Elle s'en veux de l'avoir déçu à ce point. Alma sait qu'il ne lui dira pas, mais qu'au fond, il le pensera, vraiment. Après ses frasques, elle s'était donc résigné à traîner sa carcasse imbibée d'alcool jusqu'à la maison familiale, ne voulant certainement pas le laisser seul dans un état pareil. Alors elle l'a traîné, tant bien que mal, jusqu'à son ancienne chambre. Elle l'avait bordé, puis était enfin parti se coucher. Elle exulte lorsqu'elle regarde l'heure affiché sur son portable. Ses cours sont enfin terminés, elle va enfin pouvoir souffler. Après tout, elle en a besoin, là, maintenant. Elle marche à la hâte, se dépêchant. Une fois devant la porte, elle hésite un instant avant de l'ouvrir. Elle va droit à la confrontation avec Jay et cela ne va pas être une partie de plaisir. Elle souffle, et pousse la porte. A l'intérieur, pas un bruit ne vient perturber la question de l'habitation. Immédiatement, elle monte les marches quatre à quatre puis ouvre la porte de la chambre de son frère. Elle s'appuie sur le chambranle et roule des yeux : il dort toujours, telle une épave. Bon, on va utiliser les grands moyens. Elle passe le pas de la porte, avance à pas de loup, et saute sur son dos. Il peste, grogne, râle, comme à son habitude. Cela lui décoche un sourire. Le pauvre a passé une soirée tellement 'intense' qu'il n'a même plus la notion du temps. « bonjour à toi aussi, ô grand frère adoré.» ironise-t-elle, alors qu'il la repousse sur le côté du lit. Elle se relève et s’assoit en tailleur face à lui. « jay, il est six heures du soir, tu as dormi toute la journée. si maman te voit encore dans cet état quand elle va rentrer, tu vas passer un sale quart d'heure.» lui dit-elle. Et visiblement, il ne sait pas comment il est arrivé ici. La brune fronce les sourcils. A-t-il déjà oublié ce qui s'était passé la veille. Elle marque un blanc. Doit-elle lui dire ou camoufler la vérité ? Elle baisse les yeux, honteuse. « peut-être parce que c'est toi qui m'a tiré de force jusqu'ici en me disant que je ne sortirais plus jamais d'la maison jusqu'à mes trente ans, non ?» finit-elle par dire, relevant les yeux.