DREAM OF CALIFORNICATION

(1.) Native de la terre Brésilienne, l’accouchement se fit de manière artisanale en raison de la situation financière de la famille. La mère hurlant à s’en briser la voix, rameutant la majorité du bidonville de Rocinha qui ne cessaient d'applaudir en guise d’encouragement. Le géniteur coupant pour la quatrième fois le cordon ombilical à la machette tel un professionnel sous les regards ébahis et les grimaces de ses trois fils. Ces derniers toutefois déçus de constater que le nouveau membre de la famille s’avérait être une fille qui par conséquent n’avait pas le sexe adéquat pour rejoindre dans quelques années leur équipe de football de la favela ni même pour trainer avec eux. (2.) Une enfance loin de la richesse et de la scolarisation mais entourée d’une famille aimante et soudée. Toujours derrière ses frères ainés, la jeune fille n’était pas la petite princesse tant espérée par sa mère mais plutôt un garçon manqué qui préférait frapper dans un ballon par amour pour ses frères et jouer les casse-cou avec eux. Surprotégée par ses ainés son statut de femme et son jeune âge faisaient d’elle la précieuse du bidonville, rôle qui ne lui plaisait guère. Elle se voulait forte, à la hauteur des hommes. (3.) Pourtant à première vue condamnée à mener une vie à la qualité médiocre, ceci prit un tout autre tournant lorsqu’elle se fit repérer et recruter l’année de ses treize ans par un célèbre club de football basé à Rio de Janeiro. Évoluant au poste d’attaquante ses capacités firent d’elle une des meilleures buteuses et joueuses en un temps record, surnommée ortinhosa par la presse et propulsée au rang de jeune espoir de l’année 2004 elle fit la fierté de sa famille et de sa favela dont elle avait le soutien intégral. (4.) Alors que tout semblait lui sourire, cette dernière fit le choix de refuser d’intégrer un prestigieux club géré par les narcotrafiquants brésiliens. Sa mère en sera sexuellement abusée et exécutée. Responsable de ce drame venant d’entacher son bonheur et qui fit les gros titres des journaux brésiliens, l’adolescente tomba dans une grave dépression et un deuil éternel. (5.) Elle finit par reprendre les choses en mains en faisant un retour très remarqué dans le monde du football suite à son transfert dans un club américain situé dans la ville côtière de San Diego dans l’État californien. Quittant son pays natal et abandonnant sa famille avec la promesse de les faire sortir de là, c’est du haut de ses quinze ans que la jeune brésilienne débarque dans un pays qu’elle ne connait pas tant au niveau culturel que linguistique. (6.) Le hasard lui fit rencontrer une jeune fille qui sera amenée à marquer sa vie, Alice Brainard, une magnifique blonde qui deviendra par la suite sa meilleure amie et ce malgré la barrière de la langue et l’accent brésilien quelque fois incompréhensible d’Isîs. Aujourd’hui en colocation avec la jeune étudiante en médecine qui occupe une place plus qu’importante dans sa vie, les deux femmes sont étroitement liées et connectées et ce pour le plus grand bonheur de la brunette. (7.) Âgée de vingt-deux ans la jeune footballeuse voit sa carrière et sa célébrité grimper en flèche. Assez fortunée pour faire sortir son père et ses trois frères des bidonvilles, elle aura tenu sa promesse. Ces derniers habitent désormais dans l’un des plus riches quartiers de la capitale brésilienne. Elle dédie sa réussite et sa victoire à sa défunte mère non sans une once de culpabilité. (8.) Sélectionnée pour faire partie de l’équipe nationale féminine brésilienne, modèle des enfants pauvres de son pays, elle garde pourtant les pieds sur terre. N’oubliant pas d’où elle vient, elle est ambassadrice d’une association visant à améliorer la condition de vie des habitants défavorisés du Brésil auquel elle reverse plus d’un quart de son salaire. (9.) Élevée dans la religion catholique, elle remercie Dieu de lui avoir offert la réussite. Une petite croix est d’ailleurs tatouée sur ses côtes, très discret c’est ça façon à elle de garder le lien avec le Seigneur sans pour autant porter constamment la croix autour de son cou. (10.) Très complexée par son absence de scolarisation, il lui arrive assez régulièrement de demander à sa meilleure amie de lui faire quelque cours de lecture et des petites dictées afin de pouvoir améliorer son niveau déplorable. Ses textos sont plutôt difficiles à comprendre étant donné qu'elle écrit l'anglais de manière phonétique et que son accent brésilien n'aide en rien.