DREAM OF CALIFORNICATION

L’histoire c’était celle vieille comme le monde, celle qui arrachait un air compatissant à celui qui la lisait dans le journal mais qu’on oubliait dès que la tasse de café matinale avait été avalé. Samuel c’était le gamin lâché très tôt dans le système parce que sa mère l’avait pondu trop tôt, à un âge où sa seule préoccupation aurait du être de savoir quelle robe elle allait porter pour le bal de fin du lycée. Un âge où elle aurait du tomber amoureuse du quaterback du lycée plutôt que d’un type de dix ans plus âgé qu’elle qui n’avait vu en elle qu’une distraction. Cette histoire de la gamine paumée qui perdait bêtement la vie avec de la mauvaise came, en voulant juste libérer son esprit parce qu’elle était malheureuse et qui laissait derrière elle un gamin d’un an qui comprenait pas grand chose. Ca aurait pu être l’histoire d’un autre mais c’était la sienne et il l’acceptait avec toute la bonne volonté dont il était empli. Parce qu’il n’avait pas le choix mais aussi parce qu’il en prenait tout les mauvais côtés pour en faire quelque chose de bien. Gamin du système, il voyait en ces autres gamins de la structure qui accueillait les gosses comme lui, ces pauvres enfants paumés dont les parents ne voulaient pas ou qu’ils ne pouvaient pas assumer, des frères. C’était pas l’histoire d’Oliver Twist, mais ça aurait pu y ressembler si Carrey et Liam O’Leary ne l’avaient pas approché. Lui c’était un employé d’une entreprise implantée un peu partout dans le pays et à l’étranger, qui gagnait plutôt bien sa vie et qui mettait tout ce qu’il gagnait dans les soins pour sa femme. Elle, c’était une Mary Poppins des temps moderne, une femme pleine de surprise, douce et tendre, mais fragile. Tu m’crois capable d’avaler une araignée vivante? lui avait balancé ce gamin de sept ans un jour où elle et son époux étaient venus visiter le foyer, à la recherche de leur enfant, et elle avait rit. Vexé, le gamin avait mimé le geste d’attraper une araignée et elle l’avait arrêté dans un doux oui, je te crois, tout en lui reboutonnant sa chemise un peu défaite d’une bagarre avec un des autres garçons du dortoir. Tu m’crois capable d’être ton fils? lui avait-il demandé quelques jours plus tard quand elle était revenue, certain que son bagout et que sa trogne ronde aux cheveux blonds et aux yeux bleus lui feraient autant d’impression que le reste. Elle lui avait répondu la même chose que la première fois; oui, je te crois, et en seulement quelques semaines il rentrait avec eux, s’attachant à ce couple atypique autant qu’ils s’attachaient à ce gosse à la verve parfois assez dérangeante mais qui les amusait énormément et qui faisait l’animation lors des repas de famille. Samuel mit, dès les premiers jours avec eux, de l’effort dans tout ce qu’il entreprenait; autant à l’école que dans les bêtises dont il se faisait maître. Jambe cassé pour avoir sauté d’un arbre en visant le tas de feuilles en dessous, frôler l’étouffement en avalant un insecte pour faire pleurer une cousine toujours méchante avec lui, cri de la voisine pour avoir voulu laver sa voiture avec des cailloux, friser la cécité en voulant jouer avec de la javel. Il leur fit à peu près toutes les conneries qui lui passaient par la tête, sans chercher à se contenir, en se laissant aller à un naturel qui avait séduit les O’Leary, et qui les divertissait quand la maladie de Carrey plombait le moral. Atteinte d’une maladie dégénérative, sa santé allait de pire en pire et Samuel avait bien fini par comprendre que c’était en partie ce qui l’avait poussé à adopter un enfant plutôt que d’en faire un de peur de lui transmettre le gène.

Il avait douze ans quand elle s’éteignit sans prévenir, alors que le matin elle avait déposé un baiser sur son front et que le soir même on l’emmenait dans un sac uniforme, sans couleur. Ca sera toi et moi maintenant, hein Liam, avait rétorqué le gosse à l’adulte qui le dévisageait avec toute l’affection et le courage que lui donnait cette réflexion. Cette promesse trôna dans l’air, envahi l’espace et bouffa tout ce qui trainait de dépression sous le toit, éclaircissant leur chagrin. Loin de perdre le Nord, Samuel continua à lui ramener des notes bonnes sans être parfaites, parce qu’il ne voyait aucun intérêt à frôler la perfection et qu’il aimait, dans un élan un peu égocentrique, entendre ses enseignants lui dire qu’il pouvait faire nettement mieux avec un peu de volonté. Ses notes satisfaisaient son père, et ce-dernier essayait de faire plaisir à son fils en acceptant des rendez-vous une fois que Samuel avait défini la période de deuil. Ca n’avait pas été facile de le convaincre, mais armé de statistiques, d’articles de journaux et de démonstrations scientifiques, Liam avait fini par céder et quand bien même ça ne menait à rien, ça leur occupait l’esprit de passer les soirées à pointer les défauts de ces femmes qu’il sortait. Et l’air de rien, Samuel notait les méthodes de drague de son père pour les appliquer avec Samantha, la voisine d’à côté sur laquelle il craquait mais de qui il ne récoltait que des sourires et des t’es mignon, quand il lui sortait à peu près tout ce qui lui venait dans sa citrouille blonde. Il n’aimait pas la cigarette, pourtant il se mit à fumer, simplement pour être inclus dans la bande de la jeune fille, réalisant aussi que son histoire personnelle de gamin abandonné attirait la compassion, et attiré d’une certaine façon, les filles. Un peu tordu le gamin ? Si peu, mais à quatorze ans ça rendait moins bien d’avaler une araignée pour impressionner les donzelles, alors il fallait bien trouver autre chose.

Et cet autre chose ce fut Martin, un neveu de Liam, qui le lui apporta. C’est d’la bonne tu verras, lui avait balancé le mec en venant le voir dans sa chambre universitaire, ou Samuel tournait en rond parce qu’il s’était tellement accroché à sa vie avec son père, que se retrouver seul sur ce grand campus le rendait un peu malade. Etudiant en psychologie, fasciné et dévoué à ses études, Samuel s’était dit que ça serait juste pour cette fois, que ça lui permettrait peut être de se vider un peu la tête et de se reposer, frappé d’insomnies depuis le début des partiels. Il s’était dit que ça serait juste pour le temps des exams, se détendre et toutes ces conneries. Ca dura plus que ça. T’en as encore? finissait-il toujours par demander à Martin, quand la fin de semaine approché, fumant seulement en week-end, planqué dans le jardin de Liam qu’il visitait le samedi. Puis ce qui était réservé aux fins de semaines fut autorisé les lundis, puis les mardis, et Samuel se retrouva à se rendre en cours avec les pupilles dilatées et des visions de nains sur des poneys en plein milieu de l’amphi. S’il avait réussi sa première année de justesse, il commença sérieusement à perdre pied au cours de la seconde. Nombreux cours ratés quand il ne débarquait pas à moitié défoncé, on finit par lui retirer sa bourse puis son logement et à finalement le virer de l’université. Une claque, plus pour Liam que pour Samuel qui planait à dix milles. Mais à quoi tu jours bon sang ? Sam?! SAMUEL! Je te parle ! Qu’est-ce que tu me fais là ? Tu veux crever dans ton coin c’est ça ? Et tu crois que ceux sont des amis ces mecs-là ? Ils sont bien contents de te voir prendre à leur place, c’est pas des amis, c’est pas une vie ! Bordel ! Sam ! mais ça rentrait dans une oreille et ça ressortait par l’autre sans qu’il ait le temps d’analyser le fond de vérité. Lui s’en foutait, il adorait les voir ces couillons de nains sur leurs poneys. Oh mais fous moi la paix un peu, t’es même pas mon père à la base, qu’est-ce que ça peut te foutre? Et Liam s’était figé, avant de lancer le sujet Carrey sur le tapis et en entendant dire qu’elle aurait été déçu, Samuel s’était juste redressé pour le traiter de vieux cons et claquer la porte.

L’appartement, ou plutôt le taudis, de Martin fut son seul toit sous lequel il se sentait assez à l’aise pour fumer, persuadé que si Carrey était quelque part dans le ciel, ses yeux ne pouvaient voir à travers cette charpente pourrie. J’ai un nouveau truc. On va s’faire un putain de blé avec, t’en es? et Martin avait déposé le petit sachet sur la table sous le regard fasciné d’un Samuel déchiré. Mec, avant de vendre faut tester le produit non? Et les deux idiots s’étaient entendus pour essayer, se ruinant un peu plus, planant bien mieux qu’avec un joint. Un mal le rongeant depuis l’enfance, un besoin de se sortir du lot, son éternelle envie d’être marginal, personne et pas même lui ne sut vraiment ce qui le poussait à se ruiner avec autant d’application. Il sombrait, c’était tout ce qu’il fallait retenir. Et plus il s’enfonçait et plus sont casier judiciaire commençait à prendre en épaisseur et mieux il s’habituait aux cellules et aux salles d’interrogatoires. En quelques années, Samuel devint un des dealeurs les plus demandés par les consommateurs. Mais aussi le plus recherché par la police à qui il prenait plaisir de faire des pieds des nez, autant qu’à Liam qui ne perdait pas espoir de le sortir de sa merde. D’ailleurs Sam restait persuadé que c’était son père adoptif qui prévenait toujours les flics pour le trouver, parce que c’était toujours après sa visite à lui qu’il voyait les uniformes débarquer, et que même s’il était trop défait pour voir où il marchait il avait encore des neurones pour faire le rapprochement.
Et surement que ce furent ces derniers neurones qui lui sauvèrent la mise. Martin mourut, dans un caniveau, les veines tellement pourries qu’elles en devenaient presque noires, les yeux explosés et une balle dans le crâne. Un gang rival qui avait mal accepté que deux camés viennent empiéter sur leur territoire. Le message avait été assez clair, mais peut être pas assez pour Samuel qui continuait ses conneries, jusqu’à la prochaine arrestation.

Allez gamin, tu pourrais reprendre tes études, une vie normale avec un peu d’efforts. Y a plein de gens qui sont derrière toi putain, tu sais que ton père est encore venu au poste ce matin, pour payer ta caution. et l’intéressé regardait le plafond, jouant sur sa chaise en écoutant à moitié ce que l’autre lui balançait. Tu sais qui c’est? Sam avait baissé ses yeux rouges sur la photo en grimaçant et en secouant la tête. Elle s’appelait Eliza Renner, elle avait vingt ans quand elle est morte d’une overdose. Elle a laissé un gamin derrière elle, Samuel. Et tout en cherchant à pas comprendre, il avait quand même compris; cette femme, cette histoire, c’était lui, c’était son passé, celui qu’il avait pas connu. Eliza, c’était sa mère. Quelque part il se disait que ça expliquait peut être sa chute dans la poudre, d’un autre ça lui hérissait le poil et lui donnait la nausée parce qu’il avait toujours cru, quelque part, que sa mère biologique était hors de sa vie mais vivante, qu’elle avait une bonne explication pour l’avoir abandonné. Mais c’était ça son explication. Il se sentit un peu con. Mais rien qui ne lui donne envie de mettre la clé sous la porte et d’embrasser une vie de religieux. Et? avait-il rétorqué d’un air de défi. Tu préfère ressemblais à ça, ou à celle qui t’a élevé? Et Samuel s’était relevé d’un bond, se jetant sur le flic qui l’avait plaqué contre la vitre sans trop de difficulté, collant ses lèvres à son oreille pour que cette fois ça rentre bien. Des merdeux comme toi j’en croise tout le jour, des mecs qui se disent qu’ils ont pas eu le choix et se complaisent dans leur misère à la con. Sauf que toi on te l’a laissé le choix; tu finis ta vie dans un caniveau comme un minable, sans que personne te remarque, en laissant un pauvre homme derrière toi qui t’a tout donné et en salissant la mémoire d’une femme qui a pas l’air d’avoir tellement d’importance sinon tu réfléchirais mieux.. Ou tu te sors les doigts du cul et tu te réveilles. Et la gueule écrasée contre la vitre, il avait fini par lui demander ce qu’il attendait de lui; parce que c’était la première fois qu’on levait la main sur lui, et que la poudre cessait d’avoir de l’effet. On veut faire tomber ces gars, et toi tu vas nous aider. Quand t’auras rempli ta part du marché, je t’envoie dans le meilleur centre de désintox du pays, et si tu fais un effort t’auras une chance de t’en sortir.

Il fallut quatre ans pour démanteler le réseau en question, quatre ans où Samuel frôla plusieurs fois l’overdose, où il se prit plusieurs baffe dans la gueule mais qui finit pas comprendre. Surtout quand lors de l’arrestation, il se retrouva avec le flingue d’un trafiquant sur la tempe, le canon encore chaud d’avoir tiré, lui laissant une cicatrice en demi-lune sur la peau, à la naissance du cheveu. De frôler la mort lui fila la décharge électrique nécessaire pour accepter sérieusement de se lancer dans le programme du centre où il fut envoyé, soutenu comme toujours par un Liam regorgeant d’espoir et de chagrin d’avoir perdu autant de temps à courir après ce fils qu’il avait choisi. Tu seras là … T’es toujours là.. Putain.. J’vais crever.. Liam.. Je peux pas, la fin de la première année fut absolument terrible pour lui entre le moral qui chutait, les crises de manque et cette putain de bonne volonté et de fierté qui lui gueulait de tenir. Ses seuls visiteurs étaient son père adoptif et ce flic qui, non content de lui avoir sauvé les fesses lors de l’arrestation, lui avait trouvé cette place. Putain.. Si j’m’en sors.. Tu m’crois capable de prendre l’uniforme et de choper tout les connards avec leur poudre? avait-il balancé à l’agent lors d’une de ses nombreuses visites et l’autre avait répondu par l’affirmative. Promettant de l’appuyé s’il s’en sortait, s’il tenait bon. Alors quand Samuel quitta le centre à vingt-cinq ans, l’autre l’attendait avec sa caisse, des papiers pour entrer à l’Académie de Police.

Putain O’Leary, t’as vu ta gueule ? Tu veux pas te raser un peu, et si la vanne fit éclater de rire le reste du poste, l’intéressé relevé la tête pour le dévisager d’un air presque las. Il avait bien conscience que même s’il était maintenant au poste depuis deux ans et demi, on continuait à se méfier de lui, parce que ses conneries étaient récentes dans l’esprit de certains, et que sa couverture régulière dans la rue ne plaisait pas à tout le monde. C’était un risque que prenait les supérieurs, Samuel en était conscient mais pour lui c’était le moyen de se tester aussi, et même s’il manquait de craquer il résistait. Se frottant les poignets des menottes qu’on lui avait mis quelques heures avant dans une décente, Sam les avait prévenu d’une importante livraison et pour pas le cramer devant les dealers on l’avait arrêté au même titre que les autres, même si il suspectait l’agent de s’être fait un peu plaisir en lui assénant un coup dans les jambes pour le mettre à plat ventre. Est-ce que je te dis des trucs sur tes chemises moi ? Parce que perso, si je travaille mon look pour coller au rôle qu’on m’a assigné toi, à part si tu veux faire le casting de la Croisière s’amuse, j’suis pas sûr que t’aies une raison valable pour oser porter ces horribles merdes à fleur hawaïennes. Ca faisait rire certain, le naturel avec lequel Samuel répondait toujours, ça en faisait sourire d’autre mais ça en agaçait une grande partie aussi. Qu’y pouvait-il, fallait bien se défendre non? Et s’il pensait mériter sa place, il lui fallait bien la dose nécessaire de verve pour faire son trou.

HORS JEU
Pseudo Obviously Âge 23 chameaux étoilés Prénom Pauline Où as-tu connu le forum? ... Bazzart !! Oui c'tait sur Bazzart !! Ton personnage est un personage inventé. C'est qui ton pokémon préféré? Vous êtes vache de m'forcer à choisir ! J'dirais Mewtwo ♥ Une suggestion ou un commentaire à nous communiquer ? C'est par où les orgies ? Le mot de la fin? Mot.