Le silence comme le calme avant la tempête. Lola aime bien ces quelques secondes, quand la salle est plongée dans l’obscurité et qu’elle doit faire le moins de bruit possible pour écouter le public silencieux qui n’attend qu’une chose : que ça commence. Elle aime les faire durer ces secondes là pour voir les limites de leur patience, pour les sentir s’énerver. Lola, elle sent le moment-là. C’est ainsi qu’elle sait, qu’elle devine si l’heure qui va suivre sera du pur délire ou juste un moment de musique appréciable mais pas transcendant. Les bons artistes font les bons concerts. Elle, elle dirait que c’est le public qui fait tout, mais passons. Les premiers accords du guitariste sont en train de retentir et elle arrête d’écouter pour le suivre avec sa basse. C’est encore doux. Comme un avertissement de la suite. Les quelques accords entraînant pour captiver le public, puis c’est l’explosion. Elle hurle. S’accroche à son micro et entonne les premières paroles de la chanson. C’est comme la voir qui se réveille, d’abord sage puis déchainée. Lola joue tout en même qu’elle hurle ses paroles. Oui, c’est du chant ça. C’est tout ce qu’elle aime, hurler ses paroles d’amour, qui parlent, qui dénoncent, qui charment. Tout ça, pendant plus d’une heure. Une heure de folie où le lion se déchaine, court de chaque côté de la scène pour voir partout, même si les lumières de la salle cache le public. Elle le sent, il est là. Il hurle et l’acclame, ce beau public qui n’en a pas assez ce soir de l’entendre. Qui en redemande et Lola donne, Lola est généreuse avec la musique. Lola est prise aux tripes et donne ce qu’elle a. Le public aime. Le public chante. Mais comme tout bonne chose, le spectacle a une fin et chaque membres du groupe doit retourner d’où il vient, dans les loges. Elle arrive essoufflée, le corps en sueur et la voix un peu cassé comme à chaque fois. Elle a encore la tête dans les étoiles et ses pieds peinent à la porter sur le sol. Elle doit s’asseoir, se reposer un peu. Quelques amis sont là, venus pour les soutenir parce que jouer ce soir à l’Onyx, c’est une grande opportunité pour eux et que du soutien, ça plait toujours. Elle se laisse tomber dans un canapé, à côté de l’un d’eux. Aaron, qui vient assez souvent pour voir ce que donne le groupe, pour prodiguer ses concerts de pro, peut-être aussi parce qu’il aime ce qu’ils font aussi. Elle prend la parole après deux secondes, et demande. « Alors ? T’as aimé ? » Elle est enthousiaste surtout elle a besoin d’entendre qu’elle n’a pas fait de shit pour des gens pas intéressée. Ce soir c’était une grande salle, plus les salles sont grandes, moins les spectateurs sont exigeants. L’impression est bonne pourtant, mais qu’importe il faut qu’on la conforte. « J’avais un peu peur avant d’être ici, mais en fait ça va mieux maintenant. Le trac est parti dès qu’on a commencé. »